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CALVERT, GEORGE, 1er baron BALTIMORE, colonisateur à Terre-Neuve, né à Kipling, Yorkshire, vers 1580, fils de Leonard Calvert et de sa femme Alice, fille de John Crosland, de Crosland, mort en Angleterre le 15 avril 1632.
Il reçut sa formation au collège Trinity d’Oxford et, en 1606, fut nommé secrétaire particulier de Sir Robert Cecil. Promu rapidement dans la fonction publique, il devint greffier du Privy Council en 1608 et fut élu député de Bossiney en 1609. Créé chevalier en 1617, il fut nommé deux ans plus tard secrétaire d’État et membre du Privy Council. L’un des partisans du parti monarchique, il se révéla au Parlement un interprète efficace de la politique du roi jusqu’à ce que sa conversion au catholicisme romain en 1625 entraîne sa démission comme secrétaire d’État. Lorsqu’il se retira de la politique, il fut créé baron de Baltimore du comté de Longford, en Irlande, en récompense de sa fidélité envers le roi.
Il avait désormais le loisir de se consacrer à la colonie de Terre-Neuve, qu’il avait acquise de William Vaughan. Quatre ans auparavant, en 1621, il avait dépêché le capitaine Edward Wynne avec 12 hommes pour y fonder une petite colonie à Ferryland, à environ 50 milles au sud de St. John’s. Cette colonie qui avait du mal à subsister fut renforcée l’année suivante par l’arrivée d’un second contingent de colons, au nombre de 22, sous le commandement d’un autre des agents de Calvert, le capitaine Daniel Powell. Encouragé par les rapports enthousiastes de Wynne et de Powell qui exagéraient l’essor de la colonie, Calvert, le 7 avril 1623, obtint une charte royale pour sa plantation, officiellement appelée « la province d’Avalon », nom, selon Lloyd dans son ouvrage State Worthies, adopté « en souvenir de l’antique Avalon au Somersetshire, où se trouve Glastonbury, premier foyer de la chrétienté en Grande-Bretagne, à l’instar de l’autre dans cette partie de l’Amérique. »
Deux ans plus tard, Calvert forma le projet de visiter Avalon, mais en fut empêché parce que le navire Jonathan, sur lequel il devait s’y rendre, avait été réquisitionné pour le service du roi. Dès 1627, cependant, Baltimore avait fini par constater que l’administration inefficace des deux agents qu’il avait sur place ruinait sa plantation et que seule sa présence et sa direction personnelles pourraient la sauver de l’échec. Il arriva à Avalon en juillet et, malgré son bref séjour, il y demeura apparemment assez longtemps pour se convaincre du besoin urgent de suivre de très près ses intérêts à Terre-Neuve. Il y revint en 1628, évidemment disposé à s’y établir en permanence, puisqu’il avait emmené sa femme et tous leurs enfants, sauf leur fils aîné. (C’était sa seconde femme Jane, qu’il avait épousée après la mort, survenue en 1622, de sa première femme, Anne, fille de George Mynne de Hurlingfordbury, Herts., qui lui avait donné six fils et cinq filles.) Il vécut dans l’opulence, habitant un imposant manoir de pierre, qui devait plus tard devenir la résidence d’un autre personnage distingué, Sir David Kirke.
L’Angleterre et la France étaient en guerre en 1628, année de la désastreuse expédition de Buckingham à l’île de Ré, et toute l’énergie de Baltimore, durant son séjour à Ferryland du printemps de 1628 à l’automne de 1629, fut consacrée à repousser les attaques des corsaires français qui harcelaient les bateaux de pêche anglais dans les ports d’Avalon. Peu après l’arrivée de Baltimore à Ferryland, un nommé « de La Rade, de Dieppe » (probablement Raymond de La Ralde), avec trois navires français, s’attaquait au port voisin de Cape Broyle et y capturait deux bateaux de pêche anglais. Baltimore dépêcha immédiatement deux navires de guerre sur les lieux, délivra les deux bâtiments anglais et força La Rade à fuir vers le Nord en laissant prisonniers derrière lui 67 membres de son équipage. Les navires de Baltimore se lancèrent dans une poursuite acharnée, mais, distancés par les Français, ils durent abandonner la chasse. En représailles, Baltimore fondit sur six bateaux de pêche français qui mouillaient à la baie des Trépassés, à quelque 50 milles au sud de Ferryland, les captura tous et les envoya en Angleterre comme trophées avec leur cargaison de morue et d’huile de morue. À ce propos, les trophées devinrent une cause de contestation entre lui-même et les négociants anglais dont les navires avaient participé à la capture, contestation dans laquelle Baltimore, avec sa perspicacité caractéristique, tenta de consolider sa position en faisant antidater ses lettres de marque. Profitant de son expérience des incursions françaises, Baltimore pria le roi Charles Ier d’envoyer deux navires de guerre protéger la côte d’Avalon ; toutefois, un seul navire, le St. Claude, fut chargé de cette mission, sous le commandement de Leonard Calvert (1606–1647), deuxième fils de Baltimore, qui plus tard occupa le poste de premier gouverneur du Maryland pour son frère Cecil Calvert, premier propriétaire.
Baltimore fut également en butte à l’opposition de certains colonialistes pour sa tolérance religieuse. La présence de prêtres catholiques romains qu’il avait emmenés d’Angleterre leur était odieuse. Le chef des mécontents, Erasmus Stourton, ministre puritain, fut banni par Baltimore pour avoir essayé d’empêcher la célébration illégale de la messe dans la colonie. À son retour en Angleterre, Stourton dénonça promptement Baltimore à l’autorité, mais apparemment sans succès.
Les incursions des Français, les querelles de sectes et, surtout, la rigueur des hivers décidèrent Baltimore à abandonner sa colonie embryonnaire. Le 19 août 1629, il écrit de Ferryland au roi pour se plaindre que l’hiver se prolonge d’octobre à mai, que la moitié de sa compagnie de 100 hommes était malade et que 10 d’entre eux étaient morts. Aussi sollicite-t-il de Charles la concession en Virginie d’un territoire où il pourrait établir 40 de ses colons d’Avalon. Sans attendre la réponse à sa requête, il se dirigea vers la Virginie, où sa femme l’avait précédé à l’automne de 1628. À Jamestown, il se vit dans l’obligation de prononcer les serments d’allégeance et de suprématie s’il voulait s’y établir, ce qui l’incita à retourner en Angleterre. En 1632, on lui concéda le territoire au nord de la rivière Potomac, qui devint la province du Maryland, mais il mourut avant de recevoir la charte officielle, qui fut accordée à son fils Cecil.
La famille Calvert continua à s’intéresser à Terre-Neuve pendant plusieurs années. Cecil Calvert nomma William Hill gouverneur adjoint de Ferryland en 1634 et protesta vivement contre l’octroi de Ferryland à Sir David Kirke en 1637. À la Restauration, il réussit à faire confirmer la validité de la charte d’Avalon accordée à son père en 1623.
Sincèrement intéressé à la colonisation, Baltimore n’avait pas la ténacité qui permet au pionnier de surmonter les privations. Trop facilement découragé par l’adversité, il n’exerça aucune influence durable sur l’évolution de Terre-Neuve.
Pour les terres achetées de Vaughan, V. la carte de John Mason dans William Vaughan, Cabrensium Caroleia (London, 1625 ; autre éd. en 1630).— La charte royale de 1623 se trouve dans PRO, C.O. 1/2, 23.— Le testament de Baltimore est conservé à Somerset House, P.C.C. 39 Audley.— Autres sources contemporaines : PRO, C.O. 1/4, 1/5 ; CSP, Col. 1574–1660.— William Vaughan [pseud. : Orpheus Junior], The golden fleece (London, 1626) ; The Newlanders cure (London, 1630).— Richard Whitbourne, A discourse containing a loving invitation [...](London, 1622).— Edward Winne [Wynne], A letter to Sir George Calvert ([London ?], 1621).— DAB.— DNB.— J. P. Kennedy, Discourse on the life and character of Sir G. Calvert (Baltimore, 1845).— Prowse, History of Nfld.— L. D. Scisco, Calvert’s proceedings against Kirke, CHR, VIII (1927) : 132–136.
Allan M. Fraser, « CALVERT, GEORGE, 1er baron BALTIMORE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/calvert_george_1F.html.
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Auteur de l'article: | Allan M. Fraser |
Titre de l'article: | CALVERT, GEORGE, 1er baron BALTIMORE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 2014 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |