BURTON, JOHN, ministre méthodiste et baptiste, né en juillet 1760 dans le comté de Durham, Angleterre ; il épousa une prénommée Mary, aussi originaire d’Angleterre, et ils eurent un fils et une fille ; décédé le 6 février 1838 à Halifax.

Parti pour les États-Unis afin d’y œuvrer comme missionnaire sous le patronage de la comtesse de Huntingdon, riche bienfaitrice de la cause méthodiste, John Burton s’arrêta à Halifax avec sa famille le 20 mai 1792. Dès son arrivée, on lui offrit la chaire de la chapelle de Philip Marchinton*. Il y prêcha jusqu’à l’automne de 1793 puis se rendit enfin aux États-Unis. Pendant qu’il se trouvait à Knowlton, dans le New Jersey, il embrassa les principes baptistes et reçut le baptême par immersion ; en janvier 1794, il était ordonné ministre baptiste. Ayant apparemment décidé de ne pas s’installer aux États-Unis, il rentra en Nouvelle-Écosse en juin.

Il semble qu’en 1794 Burton était le seul baptiste de Halifax, mais dès 1795 ses sermons avaient fait assez de convertis pour qu’une petite assemblée de fidèles se forme. En 1802, elle s’installait dans sa nouvelle chapelle construite, à l’intersection des rues Barrington et Buckingham, grâce à des fonds recueillis par Burton au cours d’une visite aux congrégations baptistes de la Nouvelle-Angleterre. Modelée sur le baptisme strict, la congrégation de Burton adhérait à la profession de foi de Philadelphie, credo calviniste rigide qui, notamment, restreignait la communion aux personnes baptisées par immersion. La petite congrégation était la seule dans toute la colonie à respecter à la lettre, la doctrine et les pratiques baptistes les plus rigoureuses. Toutes les autres congrégations de la Nova Scotia Baptist Association (fondée en 1800) admettaient en effet des personnes non baptisées par immersion. En raison de ses principes, Burton tint sa congrégation à l’écart de l’association baptiste jusqu’en 1811, soit deux ans après que cet organisme ait finalement adopté le baptisme strict. Cependant, même s’il ne fut pas membre de leur association pendant nombre d’années, les baptistes le consultèrent souvent sur des questions de doctrine et d’organisation. En fait, il était si estimé qu’un an après son entrée dans l’association, celle-ci le choisit comme président.

Comme les prédicateurs Joseph Dimock, Edward Manning*, Harris Harding* et Richard Preston*, Burton contribua à l’essor remarquable que l’Église baptiste connut en Nouvelle-Écosse au début du xixe siècle. En outre, par son travail auprès des baptistes noirs de la colonie, il combla en partie le vide créé par le départ de David George*, prédicateur noir qui s’était joint à l’exode vers la Sierra Leone en 1792. En fait, Burton assura la transition entre l’œuvre accomplie par George à la fin du xviiie siècle et celle qui allait être entreprise par Richard Preston dans les années 1820, car durant ce long intervalle il fut le seul prédicateur à prendre à cœur la santé morale des baptistes noirs de la Nouvelle-Écosse. En 1811, sa congrégation comptait 33 membres dont la plupart étaient des Noirs affranchis de Halifax ou des villages voisins de Preston et de Hammonds Plains. Carrément écartés ou simplement tolérés par les autres chrétiens de Halifax, les Noirs furent tout de suite accueillis chaleureusement par la congrégation baptiste. L’association baptiste allait souvent envoyer Burton, connu peu à peu comme « apôtre des gens de couleur », en visite missionnaire dans les communautés noires des environs de Halifax. Même s’il était d’une pauvreté extrême, comme les autres membres de sa congrégation, on le voyait fréquemment se rendre chez les Noirs avec des provisions et du pain pour les démunis.

Durant et immédiatement après la guerre de 1812, quelque 2 000 réfugiés noirs quittèrent le sud des États-Unis sous la protection des Britanniques pour s’établir en Nouvelle-Écosse [V. Thomas Nickleson Jeffery]. Comme Burton connaissait bien la communauté noire, le gouvernement néo-écossais en fit l’un des responsables des établissements de réfugiés situés à Hammonds Plains et à Preston ; il lui donna même les pouvoirs d’un magistrat pour qu’il puisse régler les questions juridiques. Non seulement les Noirs durent-ils faire face à l’épidémie de petite vérole de 1815, mais ils devaient s’adapter à leur nouveau pays, ce qui laisse entrevoir combien la charge de Burton était écrasante.

Dès 1819, grâce au travail de Burton et à la venue de ces réfugiés, dont la plupart étaient baptistes, la congrégation de Halifax comptait 300 fidèles ; celle qui la suivait en importance au sein de l’association baptiste en comprenait moins de 150. Tout au long de cette période, Burton forma des conseillers presbytéraux, tant de race noire que blanche, pour l’assister à l’église et travailler parmi les Noirs de la colonie, de plus en plus nombreux. Ces conseillers firent de longues tournées de prédication qui engendrèrent de nouvelles congrégations baptistes noires dans toute la Nouvelle-Écosse. Richard Preston était l’un de ces conseillers itinérants.

En 1824–1825, par suite d’une controverse à l’église anglicane St Paul [V. John Thomas Twining*], plusieurs fidèles quittèrent l’Église d’Angleterre et adoptèrent la foi baptiste. Ces Blancs, parmi lesquels se trouvaient James Walton Nutting*, James William Johnston* et Edmund Albern Crawley*, se joignirent à la congrégation baptiste de Halifax, mais à contrecœur, parce que ses membres appartenaient aux classes inférieures et que, selon eux, Burton manquait d’instruction. Peu de temps après, les nouveaux baptistes formèrent donc leur propre congrégation dans une chapelle de la rue Granville ; elle devint l’église First Baptist après la dissolution de la congrégation de Burton et porte encore ce nom.

La congrégation de Burton à Halifax connut d’autres dissensions ; les luttes de pouvoir et les tensions raciales en particulier y semèrent la discorde. Finalement, en 1832, Preston emmena 29 fidèles avec lui et fonda le temple African, rue Cornwallis, qui allait devenir en quelques années le foyer de l’apostolat et du ministère noirs de la colonie. La congrégation de Burton dépérit et lui-même, en raison de son âge et de sa santé chancelante, cessa d’y exercer régulièrement son ministère. Après sa mort en 1838, tous ses fidèles se joignirent aux deux congrégations baptistes plus récentes de Halifax.

John Burton marqua profondément la communauté baptiste blanche de la Nouvelle-Écosse et exerça une influence sans égale sur l’organisation et la croissance de la communauté baptiste noire de la colonie. Il contribua à donner une unité doctrinale et structurelle aux baptistes blancs en les persuadant d’adopter les principes de leurs coreligionnaires de la Nouvelle-Angleterre. Déjà, de son vivant, on le reconnaissait comme « un père de la dénomination baptiste en Nouvelle-Écosse ». Son travail à Halifax permit la naissance de congrégations baptistes noires dans toute la colonie. C’est lui qui forma les premiers conseillers presbytéraux noirs et fit en sorte que leurs congrégations adhèrent strictement aux modèles d’organisation baptistes. Par cette double contribution, il donna à la communauté baptiste noire de la Nouvelle-Écosse la direction qu’elle allait suivre dans l’avenir.

Stephen Eric Davidson

Un portrait de John Burton se trouve dans l’Atlantic Baptist Hist. Coll. à l’Acadia Univ. (Wolfville, N.-É.). Sa bible (Londres, 1708) est conservée à la St Paul’s Anglican Church à Halifax.

Atlantic Baptist Hist. Coll., Joseph Dimock, diary ; Edward Manning, corr. and journals, 2 ; 4–7 ; Menno [J. M. Cramp], « The Baptists of Nova Scotia (1760–1860) » (cahier de coupures de journaux des articles de Cramp parus dans le Christian Messenger, 18 janv. 1860–23 sept. 1863) ; « A sketch of the history of the Baptists in the city and county of Halifax » (copie dactylographiée, [1897]). PANS, MG 100, 115, n° 15 ; RG 5, P, 42. David Benedict, A general history of the Baptist denomination in America and other parts of the world (New York, 1848). N.S. and N.B. Baptist Assoc., Minutes (Halifax ; Saint-Jean), 1811 ; 1818–1819. N.S. Baptist Assoc., Minutes (Halifax), 1835.— Acadian Recorder, 10 févr. 1827.— Christian Messenger, 16 févr. 1838. Bill, Fifty years with Baptist ministers. A. P. [Borden] Oliver, A brief history of the colored Baptists of Nova Scotia, 1782–1953 ; in commemoration of centennial celebrations of the African United Baptist Association of Nova Scotia, Inc. ([Halifax, 1953]). J. M. Cramp, Baptist history : from the foundation of the Christian church to the close of the eighteenth century (Philadelphie, [1869]). S. E. Davidson, « Leaders of the black Baptists of Nova Scotia, 1782–1832 » (thèse de b.a., Acadia Univ., 1975). Levy, Baptists of Maritime prov. P. E. McKerrow, A brief history of the coloured Baptists of Nova Scotia [...] (Halifax, 1895).— Repent and believe : the Baptist experience in Maritime Canada, B. M. Moody, édit. (Hantsport, N.-É., 1980). R. W. Winks, The blacks in Canada : a history (Londres et New Haven, Conn., 1971). R. M. Hattie, « Old-time Halifax churches », N. S. Hist. Soc., Coll., 26 (1945) : 49–103.

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Stephen Eric Davidson, « BURTON, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/burton_john_7F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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