HARDING, HARRIS, éducateur et ministre baptiste, né le 10 octobre 1761 à Horton, Nouvelle-Écosse, fils d’Israel Harding et de Sarah Harris ; décédé le 7 mars 1854 à Yarmouth, Nouvelle-Écosse.

Les parents de Harris Harding étaient venus s’établir en Nouvelle-Écosse avant la guerre d’Indépendance, dans les premiers temps d’un mouvement de migration de colons d’origine américaine vers cette province. Toutefois, la famille Harding retourna au Connecticut dans les années 1770, en même temps que de nombreuses personnes pour qui la « Nova Scarcity » n’était pas aussi attrayante qu’elles avaient été amenées à le croire. Selon John Davis*, qui allait devenir son associé et son biographe, Harding prit part à la guerre d’Indépendance américaine sur un navire rebelle qui transportait des marchandises de New York à Boston, et il lui arriva d’être détenu pendant un court laps de temps par les Britanniques qui le soupçonnaient d’être un espion. Quelle que soit la part de vérité de cette histoire, il est certain que Harding retourna à Horton en 1783 avec son père, qui obtint une concession de terrain du gouvernement britannique. En raison de son séjour au Connecticut, Harris avait reçu une meilleure instruction que la plupart de ses futurs collègues baptistes et, après son retour, il tint une école à Cornwallis durant plusieurs années.

Comme ses parents étaient anglicans, il n’est pas étonnant que Harding ait été attiré par les méthodistes (qui prétendaient réformer l’Église d’Angleterre) ; il nota plus tard que ceux-ci lui avaient enseigné à « travailler dur pour le salut au lieu de [seulement] y croire de tout son cœur pour l’obtenir ». Converti vers 1786 par le prédicateur New Light John Payzant* à la suite d’une expérience remplie d’émotions, Harding se mit bientôt à prononcer des sermons dans les comtés de Kings et de Hants. À partir de 1790, il prit Liverpool comme point de départ des tournées de prédication qui le conduisirent dans des localités telles que Yarmouth et Shelburne (où il prêcha dans le temple de David George*). Le 16 septembre 1794, à Onslow, Joseph Dimock* l’ordonna ministre d’une congrégation (réunissant des partisans du pédobaptisme et de l’anabaptisme) qui donnait le sacrement de l’eucharistie à tous. Joseph Crandall se convertit à la suite d’une expérience pleine d’émotions qui se déroula pendant le mois de juillet suivant, dans une maison privée de Chester où Harding et Dimock prêchaient. Au milieu des années 1790, Harding se mit à passer de plus en plus de temps à Yarmouth où il avait aidé à fonder une congrégation en 1790. En mai 1797, sa congrégation d’Onslow lui fit parvenir une lettre qui le priait de revenir chez lui, mais il décida de rester à Yarmouth pour œuvrer comme pasteur d’un petit temple situé près du hameau de The Mills (Milton). L’année précédente, sa vie avait été marquée par un scandale quand, après avoir publiquement avoué qu’il avait mis en état de grossesse Mehitable Harrington, de Liverpool, il l’avait épousée le 28 septembre, six semaines avant la naissance de leur enfant. Lorsque Harding prononça un sermon à Liverpool en 1797, Simeon Perkins* fit la remarque suivante : « Je crois que ce n’est pas tellement honorable pour la ville que de permettre à un homme ayant sa réputation et ses principes de prêcher dans un temple. »

À la première assemblée générale des New Lights et des baptistes, tenue à Cornwallis en juin 1798, Harding fut accusé d’être partisan de la doctrine de la « nouvelle loi » qui rejetait la nécessité de congrégations organisées et de règles explicites, et insistait sur la relation directe entre Dieu et l’humanité [V. Edward Manning]. Il reconnut alors ses fautes et confessa ses erreurs, et il fut admis dans leur association. Il fut lui-même baptisé par James Manning le 28 août 1799. Comme la plupart des autres ministres évangéliques des Maritimes, Harding avait adopté le baptême des croyants par immersion dès la fin des années 1790 ; sa congrégation fit de même en 1806, mais elle continua de permettre la communion occasionnelle aux partisans du pédobaptisme. Peu à peu, les baptistes prirent la direction de l’association, qui devint en 1800 la Nova Scotia Baptist Association, et ils prirent des dispositions afin d’exclure les anciennes congrégations qui donnaient le sacrement de l’eucharistie à tous. La séparation se produisit à l’assemblée de 1809 lorsque, presque tout de suite après le sermon inaugural de Harding, l’assemblée décida par un vote de retirer le titre de membre à toutes les congrégations admettant des personnes non baptisées à recevoir à l’occasion le sacrement de l’eucharistie, et de se considérer comme une association baptiste régulière, c’est-à-dire qui ne donnait le sacrement de l’eucharistie qu’aux membres baptisés par immersion. La congrégation de Yarmouth se retira aussitôt de l’association et n’en réintégra pas les rangs avant une vingtaine d’années.

Même s’il devenait de plus en plus sédentaire et délaissait les tournées revivalistes, Harding eut la satisfaction de susciter plusieurs revivals importants dans son propre milieu. Le premier et le plus impressionnant survint en 1806, lorsque le pasteur fit 150 nouveaux convertis et baptisa par immersion la plupart des membres de sa congrégation. Il y eut un revival moins intense en 1812–1813 et d’autres se produisirent sporadiquement au cours de son pastorat qui dura près de 60 ans.

Harding et sa congrégation traversèrent également quelques périodes difficiles. Vers 1816, il perdit du terrain aux mains des méthodistes dirigés par le révérend Robert Alder* et, pendant les dernières années de sa vie, il eut beaucoup d’ennuis avec les pasteurs associés, comme Davis, dont la tâche consistait à aider le ministre devenu vieux. Comme la plupart des premiers pasteurs évangéliques des Maritimes, Harding ne voulait pas de traitement fixe et il déclarait : « Je ne désire pas être un mercenaire. » Il en résulta que sa famille et lui-même souffrirent fréquemment d’une extrême pauvreté.

Sans être très éloquent, Harris Harding était un prédicateur efficace qui prononçait des sermons improvisés et généreusement émaillés de citations bibliques. « Monsieur Harding, nota Davis, ne tenait pas de journal. Il écrivait peu de lettres. Son travail, d’année en année et d’une saison de revivals à une autre, ne variait pas beaucoup. Les souvenirs de ceux qui lui ont survécu sont vagues et confus. » Contrairement à un grand nombre de ses collègues, toutefois, Harding s’acquittait correctement de ses fonctions et visites pastorales ; c’était dans de telles occasions qu’il accomplissait souvent son travail le plus efficace. Avec l’âge, il devint très corpulent, « sa hauteur et sa largeur semblaient être équivalentes à tel point que l’on songeait à un carré ou à un cube ». Au lieu de le rendre ridicule, cependant, sa taille et sa gravité faisaient de lui un homme fort impressionnant, et il fut l’un des ministres baptistes bien aimés.

J. M. Bumsted

Simeon Perkins, The diary of Simeon Perkins, 1790–1796 ; 1797–1803, C. B. Fergusson, édit. (Toronto, 1961 ; 1967).— Bill, Fifty years with Baptist ministers.— John Davis, The patriarch of western Nova Scotia : life and times of the late Rev. Harris Harding, Yarmouth, N. S., introd. de J. W. Nutting (Charlottetown, 1866).— Levy, Baptists of Maritime prov., 70–71.— G. A. Rawlyk, « From Newlight to Baptist : Harris Harding and the second great awakening in Nova Scotia », Repent and believe : the Baptist experience in Maritime Canada, B. M. Moody, édit. (Hantsport, N.-É., 1980), 1–26.

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J. M. Bumsted, « HARDING, HARRIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/harding_harris_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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