BRYMER, ALEXANDER, agent commercial, marchand, homme politique, juge de paix, fonctionnaire et officier de milice, né vers 1745 en Écosse ; peut-être à Dundee ; le 11 janvier 1796, il épousa à Preston, Lancashire, Angleterre, Harriet Dobson, née Parr, et ils eurent trois fils ; décédé le 27 août 1822 à Ramsgate, Angleterre.

On ne connaît pas tous les détails de la vie d’Alexander Brymer avant son arrivée à Halifax. Il immigra en Amérique du Nord probablement vers la fin de son adolescence et s’établit par la suite comme marchand à Boston. Dès 1772, et peut-être avant, il représenta, d’abord à Boston puis à Halifax, les marchands londoniens Robert Grant et William Brymer, qui détenaient le contrat de ravitaillement de la marine pour l’Amérique du Nord. Grant avait fait partie du Conseil de là Nouvelle-Écosse ; quant à William Brymer, oncle d’Alexander et homme d’affaires riche et influent, il s’était occupé de commerce avec l’Amérique du Nord peu après la chute de Québec [V. Daniel Bayne*]. Le 2 décembre 1775, Alexander fut nommé représentant de Grant et de Brymer. Dès 1771, il avait commencé à faire des affaires à Halifax, mais il ne quitta définitivement Boston que peu avant l’évacuation de la ville par les troupes britanniques en mars 1776. Il n’aurait pu retarder son départ beaucoup plus longtemps, car il avait été mentionné dans certains journaux rebelles et, de plus, il avait signé une adresse de reconnaissance au gouverneur Thomas Gage* en octobre 1775. Trois ans plus tard, il fut condamné à l’exil en vertu du Banishment Act du Massachusetts. À une certaine époque, Brymer avait été nommé coagent de la vente des navires de guerre capturés ou confisqués par la marine royale, poste qu’il semble avoir conservé après son arrivée à Halifax. Il devait jouir d’une certaine aisance lors de son installation dans cette ville car, en 1776 et 1777, sa propriété s’y classait troisième quant à sa valeur.

Étre l’agent de requérants qui réclamaient que la, Cour de vice-amirauté reconnaisse leurs prises comme valides permettait de tirer profit de l’aspect le plus lucratif des guerres. Des 39 lettres de procuration enregistrées à la cour de Halifax entre 1776 et 1781, Brymer, seul ou avec des associés, en détenait 18. Non seulement représentait-il en justice des officiers de la marine et des corsaires, mais encore il possédait au moins un bâtiment armé en course, le schooner de 40 tonneaux Halifax Bob, dont les lettres de marque avaient été délivrées le 29 janvier 1779. De février à mai de la même année, le Halifax Bob sillonna la mer des Antilles et revint « avec des prises abondamment chargées ». Ce schooner était également une prise, et c’est sans doute Brymer qui avait obtenu que la cour reconnaisse sa validité ; il l’avait acheté ensuite lors de sa mise aux enchères.

Brymer eut comme premier siège d’affaires à Halifax le bureau de ravitaillement de la marine. Mais, en 1779, il acheta la propriété du marchand Thomas Saul*. Cette propriété de grande valeur comprenait un quai, des entrepôts et une résidence si impressionnante qu’on l’avait surnommée « la folie de Saul » ; elle fut connue par la suite sous le nom de « palais de Brymer ». Cette demeure se trouvait au coin des rues Hollis et Upper Water et, après le départ de Brymer, elle abrita longtemps le Jérusalem Coffee House ou Jérusalem Tavern. Au cours des 10 ou 15 années qui suivirent, Brymer agrandit les installations de Saul en vue de mieux répondre à l’expansion de ses activités commerciales outre-mer.

La guerre d’Indépendance américaine sévissait encore quand Brymer fit réellement son entrée sur la scène politique néo-écossaise. En 1781, quelques-uns de ses amis londoniens obtinrent de lord North, chef du gouvernement britannique, qu’il recommande sa candidature comme membre du Conseil de la Nouvelle-Écosse. Brymer accéda finalement à ce poste lorsqu’il fallut remplacer Charles Morris*, qui mourut à la fin de l’année ; il fut assermenté le 26 mars 1782. Il reçut aussi neuf commissions de juge de paix dans sept comtés différents et exerça la fonction de custos rotulorum dans le comté de Hants. En 1791 et 1792, il fit partie d’un comité du conseil chargé de superviser l’embarquement de Noirs affranchis à destination de la Sierra Leone [V. David George* ; Thomas Peters*]. Vers la fin de 1791, il devint trésorier-payeur général adjoint de l’armée, puis, en 1793, il fut nommé commissaire du revenu et vérificateur des comptes publics ; enfin, il fut commissaire responsable d’un fonds destiné à la construction de routes et de ponts en 1797.

En 1787, Brymer avait loué la propriété de 2 400 acres de Winckworth Tonge* dans le canton de Windsor et, cinq ans plus tard, il lui succédait comme colonel de la milice du comté de Hants. À l’automne de 1793, lorsque le lieutenant-gouverneur John Wentworth* mobilisa à Halifax les milices de comté en prévision d’une attaque des troupes françaises, un contingent du régiment de Brymer répondit à l’appel. Dans une lettre adressée le 9 novembre au secrétaire d’État à l’Intérieur, Wentworth fit l’éloge de Brymer, qu’il considérait comme un « excellent exemple d’attachement et de dévouement au service de Sa Majesté ».

Brymer fut un pilier de la North British Society de Halifax qui constituait, à toutes fins utiles, une fraternité de marchands écossais. Il joignit les rangs de cette société en 1777, en fut élu modérateur en 1778, 1779 et 1780, puis président en 1790 ; de plus, il fut le premier à acheter une carte de membre à vie de l’association en 1783. En outre, il fit partie d’un « cercle littéraire », dont les membres se réunissaient régulièrement pour lire et commenter leurs savants exposés. Le prince Edward* Augustus fréquenta ce cénacle. Brymer fut également un pilier de la congrégation St Paul. Avec Gregory Townsend, il occupa la charge de marguillier de 1793 à 1797 ; au cours de la première année de son mandat, il fit construire une sacristie à ses frais. Lorsque Brymer et Townsend quittèrent leur poste, les membres de la congrégation décidèrent unanimement de les remercier pour leur « gestion prudente et judicieuse des fonds [... grâce à laquelle ils avaient] acquitté une lourde dette ».

Brymer se retira en Angleterre en 1801, probablement parce que son oncle William Brymer était mort en septembre 1800 et qu’il en était le principal héritier. Il assista pour la dernière fois à une séance du conseil, le 16 avril 1801, et quitta la Nouvelle-Écosse une dizaine de jours plus tard, non sans s’être vu confier les dépêches et comptes rendus de Wentworth. Dans une lettre datant à peu près de la même époque, le lieutenant-gouverneur le décrivit comme « un gentleman très distingué et diligent ». Brymer habita d’abord Londres, puis Bath. Il détenait des baux de cent ans pour sept maisons dans le square Bedford, à Londres, et il eut la jouissance du bénéfice de Charlton Mackrell dans le Somerset. Il investit des sommes importantes dans des fonds consolidés et acquit également des actions de l’East India Company. Son fils cadet fut shérif en chef du Dorset en 1865.

Brymer était déjà membre du conseil lorsque les loyalistes, dont il épousait la cause, commencèrent à affluer en Nouvelle-Ecosse en 1783. Il fut admis dans le cercle fermé du gouverneur John Parr* et épousa d’ailleurs sa fille, qui était veuve. Ses rapports avec le successeur de Parr, Wentworth le chimérique, furent empreints de respect mutuel et de loyauté, s’il ne put être question d’amitié. Comme il se devait, le successeur de Brymer au conseil fut William Forsyth*, commerçant écossais presque aussi en vue que lui.

D’après Simeon Perkins*, Alexander Brymer était « très intelligent et fort distingué ». De plus, sa philanthropie était légendaire : Beamish Murdoch* raconte dans History of Nova-Scotia la façon dont Brymer intervint auprès d’un créancier impitoyable en faveur de Winckworth Tonge, qui était alors âgé et impécunieux. Selon le juge Alexander Croke*, Andrew Belcher*, jeune fils d’un ex-juge en chef, devait sa réussite à Brymer qui l’avait pris sous son aile. Toutefois, il existe une tradition orale qui vient contredire ces éloges et qui est apparemment issue de certaines satires introuvables aujourd’hui, selon lesquelles Brymer était « en réalité un homme sévère, âpre au gain ». Le souvenir de Brymer était encore vivant dans les années 1860, au moment où Murdoch écrivit ce panégyrique : « La sagesse et le zèle, qui sont la clé de la réussite pour un homme d’affaires, ne s’allient pas toujours au sens de l’honneur, à l’humanité et à la générosité comme chez M. Brymer ; mais, lorsqu’une personne possède l’ensemble de ces qualités, elle mérite honneur et gloire à jamais. »

J. B. Cahill

Halifax County Registry of Deeds (Halifax), Deeds, 15 : fo 89 ; 16 : fo 203 et suivants (mfm aux PANS).— PANS, MG 1, 250, doc. 31–34 ; RG 1, 169 ; 171 : 33, 136 ; 172 : 51 ; 411, doc. 7 ; 499.— PRO, CO 217/37 : 290 ; 217/55 : 196 ; 217/64 : 288 ; 218/25 : 171 ; PROB 11/1662/508.— John Clarkson, Clarkson’s mission to America, 1791–1792, introd. de C. B. Fergusson, édit. (Halifax, 1971).— Naval documents of the American revolution, W. B. Clarke et W. J. Morgan, édit. (8 vol. parus, Washington, 1964–  ) 1–3.— Perkins, Diary, 1766–80 (Innis) ;1780–89 (Harvey et Fergusson) ; 1790–96 (Fergusson) ; 1797–1803 (Fergusson).— Annals, North British Society, Halifax, Nova Scotia, with portraits and biographical notes, 1768–1903, J. S. Macdonald, compil. ([3e éd.], Halifax, 1905), 24, 27. Cet ouvrage constitue le récit conventionnel de la vie et de la carrière d’Alexander Brymer. Toutefois, il s’inspire largement de la tradition orale et contient plusieurs erreurs factuelles  [j. b. c.].— Murdoch, Hist. of N.S., 3 : 204–205.

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J. B. Cahill, « BRYMER, ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/brymer_alexander_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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