BROWNE, JOHN JAMES, architecte, homme d’affaires et juge de paix, né le 12 octobre 1837, probablement à Québec, fils de George Browne*, architecte, et d’Anna Maria Jameson ; le 19 décembre 1867, il épousa Agnes Dunlop Hay, et ils eurent au moins trois fils et trois filles ; décédé le 3 août 1893 à Montréal.
John James Browne fit ses premières études à la High School of Québec. Il reçut ensuite une formation en architecture au bureau de son père, et commença à exercer à Montréal, à l’âge de 19 ans. Même s’il continua ses études par la suite, probablement en Angleterre, il allait plus tard attribuer son succès à ses grands voyages en Europe, au cours desquels il examina des édifices anciens et modernes, particulièrement en Grande-Bretagne, en France et en Allemagne.
À l’instar de son contemporain montréalais John Ostell, dont la carrière d’architecte s’achevait à peu près au moment où Browne commençait la sienne, il fit preuve de beaucoup de polyvalence dans la conception des immeubles qu’il dessina. Il conçut les plans d’édifices publics, dont des bureaux de poste, des postes de police et de pompiers, des marchés, des collèges et des églises ; il dessina aussi des résidences, y compris des villas et des maisons en rangée, des édifices commerciaux, tels des banques, des magasins, des moulins, des manufactures et des entrepôts. Il dressa aussi les plans de monuments et de tombeaux. Ses principales réalisations se retrouvèrent surtout à Montréal, qui était en train de se donner une allure de métropole [V. William Notman], mais il travailla aussi ailleurs, notamment à Ottawa, à Toronto et à Cornwall.
Browne participa aux recherches éclectiques qui fascinèrent l’ensemble des architectes de la dernière moitié du xixe siècle. En 1870, dans une critique parue dans l’American Architect and Builders’ Monthly sur un entrepôt de Montréal que Browne avait conçu pour Andrew Frederick Gault*, on signalait que le plan témoignait « d’une conception très soignée, d’une invention fertile [...] et d’un esprit de liberté [qui n’étaient] pas étrangers aux autres réalisations de l’architecte ». Trois résidences de Montréal illustrent l’étendue des recherches de Browne. Il s’agit de la résidence Dilcoosha, construite pour Jesse Joseph aux alentours de 1864, maintenant démolie, qui exhibait une façade composée d’éléments d’inspiration néo-égyptienne et néo-grecque. Rokeby, résidence avoisinante construite pour Gault vers 1875, représente une étude d’interprétation de l’architecture des châteaux seigneuriaux écossais et sa transposition à la villa urbaine canadienne. Cette construction est un exemple éloquent de la capacité de Browne de concilier les formes crénelées et les lourds éléments de maçonnerie de ce style avec les grandes surfaces vitrées alors en demande. Enfin, pour la résidence de l’entrepreneur Peter Lyall, Browne se servit de formes géométriques qui lui permirent d’élaborer un plan de style Renaissance française. Cette villa fut la dernière dont il traça les plans, et pour sa construction il dut mettre à profit le meilleur de son talent, celui du sculpteur de pierre Henry Beaumont, dont le travail témoigne du souci du détail de Browne, et celui de Lyall, qui ne ménagea ni efforts ni argent pour obtenir le plus bel effet. Contrairement à de nombreuses réalisations de Browne, on sauva cette dernière de la démolition afin de rendre hommage au bon goût et au raffinement qu’il démontra dans l’exercice de sa profession.
Malgré l’aptitude de Browne à s’exprimer dans des formes diverses, la plupart de ses ouvrages rappellent le style néo-gothique ; on construisit des églises, des écoles et même des résidences selon les règles propres à ce style. Les exemples les plus typiques des constructions de ce genre conçues par Browne comportent des éléments de maçonnerie lourde, inspirés des réalisations de l’Américain Henry Hobson Richardson, et des ornementations gothiques stylisées, qui rappellent les travaux de Frank Furness, compatriote de Richardson. On retrouve ces éléments réunis dans l’immeuble Racine, entrepôt construit à Montréal en 1887. La façade du rez-de-chaussée est divisée en deux travées aux contours formés par des arcs massifs en pierre grise supportés par de lourdes colonnes de granit. Les sculptures des chapiteaux gothiques ont une forme à la fois plastique et géométrique ; à l’arrière des arches, on retrouve de larges fenêtres. Dans les constructions qu’il conçut plus tard, Browne combina l’utilisation d’éléments de maçonnerie de forme traditionnelle à celle d’innovations techniques, telles de grandes fenêtres en oriel, dessinées pour laisser pénétrer davantage la lumière. Les réalisations les plus remarquables de ce style sont l’édifice Nordheimer construit à Montréal en 1888, et l’édifice Central Chambers construit à Ottawa en 1890.
Avec le temps, son travail d’architecte amena John James Browne à mettre sur pied une agence immobilière lucrative, et il fut membre de la Chambre de commerce de Montréal. Browne remplit aussi les fonctions de juge de paix. Sur le plan social, c’était un homme dont on recherchait la compagnie, car il était fin causeur et plein d’entrain. Parvenu au faîte de sa carrière, il fut frappé par un cheval qui tirait un traîneau dans une rue de Montréal, accident dont il ne se remit que partiellement. Atteint par la suite du mal de Bright, il mourut de cette maladie en août 1893, à l’âge de 55 ans. Il avait été un fidèle de l’église anglicane St George, et on l’inhuma au cimetière du Mont-Royal. L’un de ses fils, T. H. Browne, qui avait reçu une formation d’ingénieur civil, poursuivit pendant un certain temps les activités du bureau d’architecte de son père, en société avec James Smith, artiste amateur et dessinateur, mais ils concentrèrent plutôt leurs efforts sur l’expansion de l’agence immobilière.
Des photographies de John James Browne se trouvent au Musée McCord, Notman Photographic Arch., 85651-B1 et 85652-B1. Un portrait a été publié dans J. D. Borthwick, Montreal : its history, to which is added biographical sketches with photographs of many of its principal citizens (Montréal, 1875).
ANQ-M, CE1-68, 7 août 1893.— Illustrated Montreal, the metropolis of Canada : its romantic history, its beautiful scenery, its grand institutions, its present greatness, its future splendor (5e éd., Montréal, 1890).— Gazette (Montréal), 4, 8 août 1893.— Borthwick, Hist. and biog. gazetteer.— Guy Pinard, Montréal : son histoire, son architecture (Montréal, 1986).— The storied province of Quebec ; past and present, William Wood et al., édit. (5 vol., Toronto, 1931–1932), 4 : 256–257.— Canadian Architect and Builder.(Toronto), 6 (1893) : 87 ; 22 (1908) : 23.— « Stray notes on street architecture in Montreal », American Architect and Builders’ Monthly (Philadelphie), 1 (1870–1871) : 13–16.
Julia Gersovitz, « BROWNE, JOHN JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 26 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/browne_john_james_12F.html.
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Auteur de l'article: | Julia Gersovitz |
Titre de l'article: | BROWNE, JOHN JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 26 déc. 2024 |