BOWMAN, JAMES, médecin, chirurgien-major, né probablement en Irlande, fils de Whitney Bowman, décédé à Québec en 1787.
James Bowman serait arrivé à Québec, apparemment peu après la Conquête, à titre de chirurgien-major de l’armée anglaise. Lors de son licenciement, il décida d’installer son bureau de consultation dans cette ville. Au printemps de 1784, Bowman devint médecin de l’Hôtel-Dieu de Québec. Son admission à cet hôpital, ainsi que celle du docteur Joseph Détailleur, également de Québec, fut le résultat de leur travail désintéressé et constant auprès des citoyens de la capitale atteints de la variole qui sévissait durant l’hiver de 1783–1784 à l’état d’épidémie. Le nombre considérable de malades déborda les capacités hospitalières, au point que les autorités gouvernementales décidèrent, au début de 1784, de remettre aux religieuses de l’Hôtel-Dieu les salles de malades qui, depuis la Conquête, étaient réservées aux patients de l’armée [V. Marie-Louise Curot, dite de Saint-Martin]. Bowman et Détailleur avaient soigné sans relâche tous les varioleux de Québec et ils offrirent aux religieuses de traiter sans rémunération les contagieux qui devaient être recueillis à leur hôpital.
Devant l’ampleur d’une autre contagion, celle de la maladie de la baie Saint-Paul, le lieutenant-gouverneur Henry Hamilton nomma Bowman enquêteur officiel, le 18 avril 1785. Dès 1773, l’attention de Guy Carleton*, gouverneur de la province, avait été attirée par une maladie étrange qui faisait beaucoup de ravages dans les villages bordant le Saint-Laurent. Les autorités avaient commencé une enquête qu’ils avaient dû interrompre en 1775, à cause de l’invasion américaine. Au mois de septembre 1782, un certain nombre de médecins les mieux cotés de Québec et de Montréal, parmi lesquels les docteurs Philippe-Louis-François Badelard*, James Davidson, Charles Blake*, Robert Sym, George Selby* et Jean-Baptiste Jobert, avaient alerté les autorités au moyen d’une pétition adressée au grand jury de Montréal. Pendant les années 1785 et 1786, Bowman eut donc pour mission de visiter tous les foyers d’infection à la grandeur de la province. Il examina 5 801 malades en 1785 et 4 606 l’année suivante.
On discuta longuement à l’époque dans les milieux médicaux sur l’origine de cette maladie ; ses symptômes, son cycle d’évolution et les résultats heureux obtenus par la thérapeutique médicamenteuse à base de mercure emportèrent le consensus des docteurs Charles Blake, James Davidson, Robert Sym, George Selby et James Bowman qui conclurent à une contagion syphilitique. Les docteurs Robert Jones* et Jean-Baptiste Jobert, tous deux de Montréal, étaient d’avis contraire ; il ne s’agissait pas, selon eux, de syphilis. Tous ces médecins toutefois traitaient leurs malades avec les produits mercuriels et se disaient satisfaits des résultats.
Le docteur Bowman présenta un rapport documenté au gouvernement et réclama, pour deux ans d’études et de déplacements, la somme de £2 500 qui lui fut refusée. En compensation, on lui offrit 100 guinées pour ses dépenses et 200 guinées pour ses honoraires. Lors de son décès, survenu en 1787, le gouvernement avait décidé de lui octroyer la somme de £825 ; Bowman ayant déjà touché £500, le reste de la somme fut versé à sa succession.
APC, RG 4, B43.— [P.-L.-F. Badelard], Direction pour la guérison du mal de la baie St-Paul (Québec, 1785) ; Observations sur la maladie de la Baye [...] données au public par ordre de son excellence le gouverneur, La Gazette de Québec, 29 juill. 1784.— Robert Jones, Remarks on the distemper generally known by the name of Molbay disease, including a description of its symptoms and method of cure chiefly intended for the use of the clerical and other gentlemen residing in the country (Montréal, 1786).— Une correspondance médicale : Blake à Davidson, P.-A. Fiset, édit., Laval médical (Québec), 23 (1957) : 419–448.— Abbott, History of medicine.— M.-J. et G. Amern, Notes pour l’hist. de la médecine, 73–83.— Heagerty, Four centuries of medical history in Canada, I : 131–160.— A. W. Cochrane, Notes on the measures adopted by government, between 1775 and 1786, to check the St. Paul’s Bay disease, Literary and Hist. Soc. of Quebec, Trans., IV (1854) : 139–152.— Émile Gaumond, La syphilis au Canada français, hier et aujourd’hui, Laval médical, 7 (1942) : 25–65.— J.-E. Roy, Maladie de la baie, BRH, I (1895) : 138–141.— Benjamin Sulte, Le mal de la baie Saint-Paul, BRH, XXII (1916) : 36–39.
Édouard Desjardins, « BOWMAN, JAMES (mort en 1787) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bowman_james_1787_4F.html.
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Auteur de l'article: | Édouard Desjardins |
Titre de l'article: | BOWMAN, JAMES (mort en 1787) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 22 déc. 2024 |