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BOURLAMAQUE, FRANÇOIS-CHARLES DE, officier de l’armée française, gouverneur de la Guadeloupe, né à Paris en 1716, décédé à la Guadeloupe « dans la nuit du 23 au 24 juin 1764 ».

François-Charles de Bourlamaque était, selon certains, d’ascendance italienne. Son père, dont on a dit qu’il se nommait Jean-François de Bourlamaque, était officier dans les services français et fut tué à la bataille de Parme, en 1734 ; il était capitaine de grenadiers dans le régiment du Dauphin. Bourlamaque s’engagea dans le même régiment comme volontaire en 1739 et fut promu sous-lieutenant en 1740, lieutenant en 1742, aide-major en mai 1745 et capitaine en décembre de la même année. On l’a souvent désigné comme ingénieur militaire mais il semble bien évident qu’il n’appartint jamais au corps du génie ; toutefois, il est possible qu’à l’occasion on l’ait affecté à des travaux de génie. Selon les rapports, il aurait participé activement à la guerre de la Succession d’Autriche, y compris la bataille de Fontenoy en 1745 et celle de Raucoux (Rocourt, Belgique) en 1746. On lui accorda, en 1755, une gratification pour les deux années qu’il avait consacrées à la révision du manuel d’exercices de l’infanterie.

La cour de Versailles renforça la défense de la Nouvelle-France en 1756 et dépêcha de nouveaux commandants pour les troupes au pays. Le marquis de Montcalm fut promu au grade de maréchal de camp et on lui confia le commandement des troupes régulières ; le chevalier de Lévis* devint brigadier et commandant en second. Bourlamaque qui, à l’époque, était encore capitaine aide-major dans le régiment du Dauphin, reçut une commission de colonel d’infanterie au Canada, le 11 mars 1756, accédant ainsi au poste de commandant en troisième. On lui décerna en même temps la croix de Saint-Louis. Il s’embarqua à Brest, sur la Sirène, en avril 1756, et mit pied à terre à Québec le 15 mai.

Il commença presque aussitôt à s’occuper activement des préparatifs en vue de l’attaque des trois forts anglais d’Oswego. En juin, on lui confia le commandement du fort Frontenac (Kingston, Ont.), où on rassemblait les troupes en prévision de l’opération. Le 5 août, Montcalm, accompagné de Bourlamaque et de la plus grande partie des troupes, quitta le fort Frontenac pour la baie de Niaouré (Sackets Harbor, N.Y.), en route pour Oswego. Dans la nuit du 10 au 11 août, Bourlamaque partit à la tête d’un détachement d’avant-garde pour couvrir les ingénieurs qui allaient faire la reconnaissance du fort Ontario (Oswego, N.Y.). Il prit la direction des travaux de siège, et des tranchées furent creusées le soir du 12 août. Le jour suivant, rapporte le journal de Montcalm, Bourlamaque reçut « une contusion à la tête » mais ne quitta pas les tranchées. Ce soir-là, les Anglais abandonnèrent le fort Ontario et battirent en retraite de l’autre côté de la rivière vers les autres forts ; le 14 août toute l’armée se rendait.

Bourlamaque joua un rôle de premier plan dans la campagne de 1757 sur le front du lac Saint-Sacrement (lac George) ; on lui avait confié le commandement de ce secteur au printemps. Lorsque le gros de l’armée française investit le fort William Henry (aussi appelé fort George ; aujourd’hui Lake George, N.Y.) au cours de la première semaine d’août, Montcalm lui confia de nouveau la direction du siège. La place se rendit le 9, et un massacre de prisonniers par les Indiens suivit la reddition. Montcalm fut dans l’incapacité d’exploiter sa victoire et la saison s’acheva laissant Bourlamaque sur la défensive à la tête du lac Champlain avec deux bataillons de troupes régulières occupés aux travaux d’érection d’un fort à Carillon (Ticonderoga, N.Y.).

Au cours de l’été 1758, le général James Abercromby* subit un cinglant échec lorsqu’il tenta d’envahir le Canada par la route du lac Champlain. Bourlamaque avait la charge des troupes d’avant-garde à Carillon ; celles-ci se replièrent derrière les lignes défensives lorsque les Anglais s’avancèrent. Le 8 juillet, Abercromby attaqua la tranchée et les abattis que les Français avaient entassés devant le fort. Son armée connut une sanglante défaite après que des charges répétées eurent été repoussées tout au long de l’après midi. Bourlamaque commanda l’aile gauche française jusque vers quatre heures alors qu’il fut « dangereusement » blessé à l’épaule. Le fait qu’il n’ait quitté Carillon que le 11 septembre pour aller en convalescence à Québec dénote bien la gravité de sa blessure.

Au cours de la campagne décisive de 1759, la Nouvelle-France devait soutenir l’attaque sur deux fronts : le général Wolfe remontait le Saint-Laurent et le nouveau commandant en chef de l’armée britannique en Amérique, le général Jeffery Amherst*, suivait la route du lac Saint-Sacrement et du lac Champlain. Montcalm, secondé par Lévis, affronta Wolfe à Québec ; il revint à Bourlamaque (promu brigadier en vertu d’une commission en date du 10 février) de tenir tête à Amherst qui avait sous ses ordres plus de 11 000 hommes. On donna à Bourlamaque trois des huit bataillons de l’armée régulière française dépêchés dans la colonie ; les troupes de la Marine et la milice complétaient ses effectifs, soit environ 4 000 hommes dont seulement 3 000 approximativement étaient en mesure de faire partie de la force principale. Quelques Indiens s’étaient joints aux troupes mais ils ne lui furent pas d’un grand secours. Bourlamaque était posté à Carillon dès les derniers jours de mai mais Amherst n’avança pas avant le 21 juillet. À la grande surprise des Anglais, Bourlamaque ne tenta pas de défendre la ligne retranchée devant le fort où ceux-ci avaient essuyé une si cuisante défaite en 1758. Pour ne pas prendre le risque de voir sa position contournée et son armée isolée, il quitta le fort Carillon pendant la nuit du 22 au 23 juillet. Voulant ralentir l’avance ennemie, il laissa une arrière-garde de 400 hommes sous les ordres du capitaine d’Hébécourt (ce dernier était l’un des deux officiers du même nom alors en service dans le régiment de la Reine, et probablement l’aîné, Louis-Philippe Le Dossu d’Hébécourt). Amherst fit avancer l’artillerie et mit le siège devant Carillon. D’Hébécourt opposa une défense fougueuse pendant quatre jours et le soir du 26, lui aussi fila en douce avec ses hommes pour aller rejoindre Bourlamaque par eau, ayant soin de laisser une allumette enflammée dans la poudrière. L’explosion qui suivit causa de lourds dommages au fort. Le 31 juillet, le fort Saint-Frédéric (Crown Point, N.Y.) subit le même sort et Bourlamaque ramena sa petite armée à l’île aux Noix sur le Richelieu où il comptait résister jusqu’au bout.

La position de l’île aux Noix avait été considérablement renforcée au cours de l’été, et Bourlamaque continua de l’améliorer, prenant, entre autres choses, des dispositions pour pouvoir inonder la terre ferme avoisinante. Il était préoccupé à l’idée que les Anglais puissent le déborder en passant par le bois mais Amherst ne s’y aventura point. Il s’employa plutôt à construire un nouveau fort plus considérable à Crown Point et à réunir une escadre sur le lac Champlain. Le 11 septembre, un parti d’Anglais tenta, mais sans succès, de brûler une goélette que les Français avaient construite à l’île aux Noix. Enfin, le 11 octobre, la flottille anglaise commença à remonter le lac. Trois des quatre vaisseaux armés en guerre de Bourlamaque, empêchés d’entrer dans le Richelieu, furent mis hors de combat le 12 ; deux d’entre eux furent coulés par leurs équipages et le troisième s’échoua. Mais le 18, Amherst, informé de la chute de Québec, mit fin à sa campagne sur-le-champ.

On peut compter les opérations menées par Bourlamaque en 1759 comme des exemples réussis de guerre de temporisation ; toutefois le succès n’en eût peut-être pas été aussi grand contre un adversaire moins prudent qu’Amherst. Bourlamaque lui-même déclara à Lévis que la campagne menée par le général anglais avait été « stupide ». Celui qui critiqua le plus sévèrement la conduite de Bourlamaque n’est autre que Pierre de Rigaud*, marquis de Vaudreuil, qui se plaignit que d’Hébécourt aurait fort bien pu défendre Carillon deux semaines de plus. Il en fut pour sa peine avec Bourlamaque qui répliqua que c’était lui, Vaudreuil, qui le 20 mai lui avait fait tenir l’ordre qu’était venu renforcer une seconde directive, le 1er juin, d’évacuer Carillon aussitôt que l’ennemi aurait dressé ses batteries contre le fort car il était plus important d’épargner une garnison que de gagner du temps. Bourlamaque fit observer au gouverneur que les instructions qu’il avait données à d’Hébécourt reprenaient mot pour mot les directives émises par lui, Vaudreuil. Lévis, qui avait pris la succession de Montcalm après sa mort, se montra fort satisfait de la conduite de Bourlamaque ; il fit savoir en France que celui-ci avait accompli sa mission de défendre la frontière « avec la plus grande distinction ».

Bourlamaque, au moment où la campagne de 1759 tirait à sa fin, commença à se plaindre de sa santé, y compris « d’un retour d’asthme ». Il informa Lévis qu’il lui serait impossible de se rendre au désir de Vaudreuil et de rester à la frontière pendant l’hiver. De fait, il passa probablement la plus grande partie de l’hiver à Montréal ; mais en février il était dans la région de Québec pour y étudier les chances de réussite d’une expédition contre les avant-postes de la garnison du général James Murray*. Considérant l’entreprise impraticable, il rentra à Montréal. Il ne retourna pas au lac Champlain pour la campagne de 1760. Lévis, manifestement, désirait que Bourlamaque l’accompagne lors du coup de force qu’il projetait contre Québec ; c’est donc Louis-Antoine de Bougainville* qui alla prendre le commandement à l’île aux Noix. Bourlamaque se trouva ainsi à occuper le poste de commandant en second de l’armée qui attaqua Québec en avril. Il prit la tête de l’avant-garde dans sa marche en direction de la ville et il fut blessé lors de la bataille de Sainte-Foy qui marqua une victoire sur l’armée de Murray, le 28 avril. Aux premières heures du combat, Lévis, qui craignait de ne pouvoir reformer les rangs avant que Murray ne se lance à l’attaque, ordonna le repli du flanc gauche. Bourlamaque qui dirigeait cette manœuvre, fut touché à la jambe droite par une décharge, et son cheval fut tué sous lui. Par la suite, le lieutenant-colonel Jean d’Alquier, maintenant commandant de l’aile gauche, contremanda l’ordre de Lévis au grand avantage des Français. La blessure de Bourlamaque était superficielle, et il s’en remit assez vite pour jouer un rôle dans le dernier acte de cette campagne. En juillet, il se rendit dans la région de Sorel préparer les défenses afin de parer à une éventuelle avance des Anglais par le Saint-Laurent depuis Québec. Il y fut de nouveau dépêché le 10 août pour faire la lutte à l’armée de Murray. Néanmoins, comme les Anglais avaient la maîtrise des eaux et que les désertions étaient nombreuses parmi ses miliciens, il fut dans l’impossibilité d’opposer une résistance efficace et se contenta de suivre la flottille de Murray par la rive. Avec ce qui restait de son détachement, il rejoignit Lévis sur l’île de Montréal le 2 septembre. Amherst avait concentré des forces très considérables contre eux : Murray arrivait de Québec, William Haviland* remontait le lac Champlain et Amherst lui-même, avec son armée, descendait le Saint-Laurent depuis le lac Ontario. La reddition était la seule issue possible ; Vaudreuil capitula les 8 et 9 septembre, cédant Montréal et le Canada tout entier.

Bourlamaque retourna en France conformément aux termes de la capitulation. Le rôle de premier plan qu’il avait joué dans la défense de la colonie ne manqua pas d’accroître sa bonne réputation. On lui décerna le titre de commandeur de l’ordre de Saint-Louis. Il dirigea une mission militaire à Malte en 1761 et, le 1er août 1762, il fit parvenir au duc de Choiseul un impressionnant « Mémoire sur le Canada » dans lequel il soutenait que le pays serait une précieuse colonie pour la France si on améliorait certains aspects de son administration. Il valait la peine de ne pas l’abandonner, disait-il, même si le bassin des Grands Lacs était perdu ; la colonie avait été victime du trop grand intérêt porté à la traite des pelleteries et à la fondation des postes éloignés et du peu d’attention dont avait été l’objet l’exploitation des ressources de la vallée du Saint-Laurent. Peut-être Bourlamaque espérait-il devenir gouverneur du Canada, advenant le retour de la colonie à la France à la conclusion de la paix. Mais cet espoir ne devait pas se réaliser. En février 1763, Bourlamaque, promu maréchal de camp, fut nommé gouverneur de la Guadeloupe, qui était alors une colonie très importante, et, plus tard la même année, il prit la succession des Anglais qui en avaient été les occupants. Il mourut en service en 1764.

Rien, dans les documents, ne permet de croire que Bourlamaque se soit jamais marié. Il avait entretenu des rapports amicaux avec Montcalm, et les lettres personnelles que le général lui avait adressées et qu’il avait conservées, malgré que Montcalm lui eut recommandé instamment de les détruire, constituent une importante source de renseignements tant au sujet de Montcalm lui-même que des événements auxquels il fut mêlé. Les lettres de Bourlamaque qui subsistent – en grande partie des lettres adressées à ses supérieurs hiérarchiques – sont en général d’un caractère strictement professionnel. Ce que nous savons de lui permet de croire qu’il était un vaillant soldat – ses blessures en témoignent – et, ce qui était plus rare dans l’armée française à l’époque, qu’il était un officier compétent. Le mémoire qu’il présenta en 1762 laisse deviner un esprit pénétrant et original. C’est à peu près tout ce qu’on peut en dire. Comme homme, la personnalité de Bourlamaque nous échappe complètement.

C. P. Stacey

On trouvera dans les Lettres de M. de Bourlamaque (Casgrain) [ « Collection des manuscrits du maréchal de Lévis », H.-R. Casgrain, édit., V] la correspondance que Bourlamaque adressa à Lévis en 1759 et en 1760. Les lettres que Montcalm écrivit à Bourlamaque, et qui sont aussi publiées dans cet ouvrage, ne font pas partie de la « Collection des manuscrits du maréchal de Lévis » mais de la collection Bourlamaque en six volumes dont les originaux, tout comme ceux des manuscrits du maréchal de Lévis sont maintenant conservés aux APC. D’une façon générale, la collection Bourlamaque comprend surtout des lettres adressées à Bourlamaque plutôt qu’écrites par lui, bien qu’il y ait un certain nombre de récits anonymes de campagnes militaires et certains autres papiers de la plume de Bourlamaque, inventoriés dans RAC, 1923, app. C. Le « Mémoire sur le Canada » de Bourlamaque a été publié dans BRH XXV (1919) 257–276, 289–305 et repris dans le vol. XXVI (1920) 193209, 225240. Plusieurs documents de la collection des manuscrits Lévis fournissent des détails touchant la carrière de Bourlamaque au Canada. Les renseignements contenus dans le dossier personnel de Bourlamaque, aux AN, Col., E, 48 (microfilm aux APC) ont trait surtout à la carrière de Bourlamaque à la Guadeloupe. Un autre dossier au SHA, Yd, 2 393 (microfilm aux APC) contient certains détails sur ses promotions, sa famille, etc., mais peu de chose sur ses campagnes. Journal of Jeffery Amherst (Webster) et Journal of William Amherst (Webster) sont d’utiles sources pour ce qui est des campagnes auxquelles Bourlamaque prit part.

Jusqu’à ce jour aucune biographie complète de Bourlamaque n’a été écrite. La meilleure biographie publiée se trouve dans Le Jeune, Dictionnaire. Il y a un court article dans DBF, VI. Les ouvrages de Parkman, Montcalm and Wolfe, de Gipson, British empire before the American revolution, VI, VII, de R. P. Waddington, La guerre de sept ans ; histoire diplomatique et militaire (5 vol., Paris [1899–1907]) et de Frégault, La guerre de la conquête, contiennent plusieurs mentions de Bourlamaque et des comptes rendus détaillés des opérations auxquelles il participa.  [c. p. s.]

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

C. P. Stacey, « BOURLAMAQUE, FRANÇOIS-CHARLES DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bourlamaque_francois_charles_de_3F.html.

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Auteur de l'article:    C. P. Stacey
Titre de l'article:    BOURLAMAQUE, FRANÇOIS-CHARLES DE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    19 mars 2024