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BOULLARD, ÉTIENNE, prêtre, chanoine, vicaire capitulaire, curé de Beauport et de Québec, supérieur du séminaire de Québec, né à Château-du-Loir (Maine) en 1658, mort à Québec en 1733.

Ordonné prêtre en 1682, Étienne Boullard arrive en Nouvelle-France en 1684. Il est immédiatement nommé curé de la nouvelle paroisse de Beauport, qu’il dirige jusqu’en 1719. Dès 1692, il fait partie du séminaire de Québec, puisque son nom apparaît sur la liste des agrégés. Nommé chanoine du chapitre en 1700, il occupe pendant longtemps les charges de théologal et d’official. En 1724, à la mort de l’abbé Thiboult, il devient, pour deux ans, supérieur du séminaire, et, l’année suivante, parce qu’il est « agréable pour tout le monde », Boullard est désigné comme curé de la paroisse Notre-Dame de Québec et le demeure jusqu’à sa mort.

En 1705, avec le curé Dufournel* de l’Ange-Gardien, il s’engage dans la querelle de la dîme. L’année précédente, Louis XIV avait aboli l’allocation qui permettait de payer un supplément à certains curés. Persuadés que la taxe ecclésiastique telle que prélevée est insuffisante pour faire vivre convenablement certains de leurs confrères et voulant remuer l’opinion publique, les abbés Boullard et Dufournel annoncent à leurs paroissiens qu’ils exigeront la dîme non seulement des grains, mais aussi « de tout ce que la terre produit par la Culture, ou sans Culture et des bestiaux comme foins de bas prez, fruitz, lin, chanvres, moutons et autres Choses ». Boullard parle même d’un septième commandement de l’Église qui obligerait à payer les dîmes. Même s’il n’innove pas complètement puisque le catéchisme de Mgr de Saint-Vallier [La Croix], publié en 1702, rappelle le commandement : « Hors les temps Noces ne fera : paie la dîme justement », les « habitants » en sont fort surpris et font « un grand murmure » à la sortie des messes. Ruette d’Auteuil intervient aussitôt, convoque le Conseil supérieur et y fait un long réquisitoire contre les deux curés. Boullard et son confrère sont sommés de rendre compte de leur conduite ; ils le font le 22 décembre 1705, mais ils sont déboutés et, malgré une requête de l’ensemble du clergé de la colonie en 1707, l’autorité civile décide de n’autoriser que la dîme des grains.

En 1701, l’abbé Boullard est impliqué dans un affaire de mariage à la gaumine. Louis de Montéléon, officier dans les troupes du détachement de la marine, veut unir sa destinée à celle de Marie-Anne Lestringant de Saint-Martin ; il en demande la permission au grand vicaire Glandelet qui la lui refuse tant qu’il n’aura pas fourni une preuve qu’il n’est pas déjà marié. Ne voulant pas attendre davantage, Montéléon et sa fiancée, accompagnés de témoins, se rendent le 7 janvier 1711 à l’église de Beauport et profitent de la cérémonie de mariage de Thomas Touchet et de Geneviève Gagnier pour échanger leur consentement clairement et publiquement. L’abbé Boullard qui officie se détourne immédiatement de l’autel et proteste énergiquement, demandant même que les assistants sortent de l’église ; au moment de la dernière bénédiction, il déclare qu’un mariage ainsi contracté est « un attentat contre l’autorité de l’Église et quelques autres choses pour donner de l’horreur aux assistans d’un tel crime ». Revenu au presbytère, il morigène de nouveau les coupables puis il rédige une déclaration qu’il envoie au grand vicaire Glandelet. Cependant, avant que les procédures ne soient prises, Boullard propose de rencontrer les deux jeunes gens et, « par une tentative de douceur et de suavité », de les ramener à de meilleurs sentiments. Il réussit à demi puisque le sieur de Montéléon demande publiquement pardon à la messe paroissiale et promet de se séparer de Mlle de Lestringant ; mais du côté de la jeune fille on est irréductible. Boullard laisse le Conseil supérieur entendre la cause, annuler le mariage et ordonner la séquestration de la jeune fille au couvent de l’Hôtel-Dieu jusqu’à la régularisation du mariage qui aura lieu le 16 février suivant.

L’abbé Boullard est surtout célèbre par le rôle qu’il joua dans la querelle qui entoura la mort de Mgr de Saint-Vallier survenue dans la nuit du 25 au 26 décembre 1727. Dès après le décès de l’évêque, les chanoines du chapitre de Québec élisent M. Boullard vicaire capitulaire pour administrer le diocèse et l’autorisent à présider aux obsèques dans la cathédrale. M. de Lotbinière [Chartier*], pro-doyen et archidiacre du chapitre, qui était grand vicaire de Mgr de Saint-Vallier, mais assez impopulaire, insiste pour présider lui même la cérémonie. Il est appuyé par l’exécuteur testamentaire de l’évêque, l’intendant Dupuy qui, voulant que fût respecté le désir exprime par ce dernier d’être enseveli à l’Hôpital Général, convoque les parties devant lui le 2 janvier. Les chanoines récusant la compétence de l’intendant ou même du Conseil supérieur en cette matière, la réunion n’a pas lieu. Le soir même, quand on apprend que, sur l’ordre de Dupuy, le service funèbre a eu lieu prématurément à l’Hôpital Général, Boullard est un des premiers à accourir ; « à cause de l’attentat qu’on avait commis » et devant le refus de la supérieure, Geneviève Juchereau Duchesnay de Saint-Augustin, de se présenter devant lui, il jette l’interdit sur l’Hôpital Général et en dépose la supérieure.

Une querelle s’ensuit entre le Conseil supérieur, l’intendant et M. de Lotbinière d’une part, le chapitre de Québec et M. Boullard d’autre parl Ce dernier est condamné à 1 000# d’amende et défense lui est faite de « faire aucun acte de juridiction en la qualité de vicaire général ». Mais il multiplie quand même les actes d’autorité et les menaces d’excommunication, si bien que les Ursulines et les Hospitalières se plaignent qu’il les « trouble ». Convoqué par le Conseil supérieur, il s’y rend le 8 mars pour remettre un écrit de neuf pages qui prétend prouver qu’il a été élu légitimement vicaire capitulaire et que les arrêts rendus contre lui sont nuls de plein droit. C’est à cette séance que Beauharnois* intervient pour tranquilliser les esprits. Mis au courant, le roi rétablit l’ordre : Dupuy est révoqué, les saisies et amendes sont annulées et un certain blâme est jeté sur le chapitre.

L’abbé Boullard n’est pas le seul responsable de tous ces incidents, mais son manque de tact et de modération a contribué à envenimer la querelle. Il a été celui qui a défendu avec acharnement les droits du chapitre, qui a employé avec facilité les foudres ecclésiastiques contre les communautés religieuses et qui a dirigé les dernières résistances des chanoines contre M. de Lotbinière. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ses interventions ont rarement été pacificatrices.

Mort le 28 septembre 1733, l’abbé Boullard a été inhumé le lendemain dans la crypte de Notre-Dame de Québec.

Nive Voisine

Jug. et délib., V : 184, 211, 230 ; VI : passim.— Mandements des évêques de Québec (Têtu et Gagnon), I 522s.— Les mariages à la gaumine, RAPQ, 1920–21 366–407.— Mémoire de M. Dupuy, intendant de la Nouvelle-France, sur les troubles arrivés à Québec en 1727 et 1728, après la mort de Mgr de Saint-Vallier, évêque de Québec, RAPQ, 1920–21 : 78–105.— RAC 1904 :111–113.— Caron, Inventaire de documents, RAPQ, 1940–41 et 1941–42 : passim.— Provost, Le séminaire de Québec : documents et biographies, 24.— Étienne Marchand, Les troubles de l’Église du Canada en 1728, BRH, III (1897) :117–121.— P.-G. Roy, Inv. jug. et délib., I : 340–345.— J.-B.-A. Allaire, Dictionnaire biographique du clergé canadien français (6 vol., Montréal, 1910–1934).— Gosselin, LÉglise du Canada, IV : passim ; V : passim. Auguste Gosselin, Un épisode de l’histoire de la dîme au Canada (1705–1707), MSRC, IX (1903), sect. i: 45–63.— Lanctot, Histoire du Canada, III : 40s. —Monseigneur de Saint-Vallier et l’Hôpital Général de Québec (Québec, 1882).— Auguste Gosselin, Charles de Beauharnais, BRH, VII (1901) : 293–301.— Alfred Rambaud. La vie orageuse et douloureuse de Mgr de Saint-Vallier (1653–1727), RUL, IX (1954) : 90–108. —P.-G. Roy, Un poème héroï-comique, BRH, III (1897) :— 114–116.

Bibliographie générale

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Nive Voisine, « BOULLARD, ÉTIENNE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/boullard_etienne_2F.html.

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Auteur de l'article:    Nive Voisine
Titre de l'article:    BOULLARD, ÉTIENNE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    18 mars 2024