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BOLE, DAVID WESLEY, pharmacien, homme d’affaires et homme politique, né le 15 février 1856 à Watford, Haut-Canada, fils aîné de James Bole et d’Ann Murdock ; le 3 mars 1880, il épousa à Thedford, Ontario, Isabella Lennox, et ils eurent deux filles et au moins deux fils ; décédé le 24 juin 1933 à Winnipeg.

Vers le milieu du xixe siècle, James Bole et Ann Murdock émigrèrent d’Irlande pour s’installer dans le comté de Lambton, dans le Haut-Canada, où ils se marièrent, prospérèrent et élevèrent leur famille dans la foi méthodiste. David Wesley était leur premier fils et le deuxième de leurs six enfants. Dès son jeune âge, il manifesta la détermination qui le propulserait vers une remarquable carrière. Il commença ses études à la Watford Public School, décrocha un emploi de commis d’épicerie à l’âge de 13 ans, reçut son diplôme du Canadian Literary Institute de Woodstock [V. Robert Alexander Fyfe*] et fut rédacteur en chef d’un journal de Watford, avant d’être engagé comme apprenti chez un pharmacien. En 1880, il obtint une licence de l’Ontario College of Pharmacy [V. Robert Watt Elliot*] qui, à l’époque, délivrait des permis sans donner d’enseignement. Juste avant de recevoir son permis d’exercice, il épousa Isabella Lennox, fille de Thomas Lennox, marchand de Thedford. Quelques mois plus tard, il s’associa à une pharmacie de Brighton. Après deux ans, l’appel de l’Ouest se fit sentir, et Bole, sa femme et les autres membres de leur famille partirent vivre dans le district d’Assiniboia.

Lorsqu’il s’installa à Regina, Bole fonda ce qui, dit-on, fut la première pharmacie entre Brandon, au Manitoba, et Kamloops, en Colombie-Britannique. Son beau-frère John Dawson et un pharmacien de Regina, Robert Martin, devinrent ses associés et, peu après, l’entreprise se développa pour faire du commerce de gros en plus du commerce de détail. Les affaires de la Dawson, Bole and Company prospérèrent et la firme ouvrit des magasins partout dans les provinces des Prairies. Désormais citoyen éminent, Bole fut nommé membre du conseil scolaire provisoire et, en 1886, on l’élut président du Bureau de commerce de Regina.

Les ambitions de Bole dépassèrent vite les occasions limitées qu’offrait la communauté de pionniers ; en 1889, Dawson et lui liquidèrent leurs actifs dans le commerce de détail à Regina et transférèrent la succursale de vente en gros de la Dawson, Bole and Company à Winnipeg, à l’époque centre financier florissant de l’Ouest canadien et plaque tournante de la distribution commerciale dans cette région en plein essor. Malgré leur succès, Dawson et Bole mirent fin à leur partenariat en 1892 et Dawson retourna à Regina. Bole fonda, avec James Reynolds Wynne, une nouvelle entreprise de médicaments en gros, la Bole, Wynne and Company, qui fusionna par la suite (probablement en 1895) avec la société d’un autre grossiste de médicaments, Edward Daniel Martin, pour former la Martin, Bole and Wynne Company.

Même si les affaires allaient bien (l’entreprise resterait rentable jusqu’à sa vente en 1917), Bole était en quête d’un plus grand défi. En 1898, il quitta la Martin, Bole and Wynne Company pour créer la Bole Drug Company Limited, dont il était président et actionnaire majoritaire. La firme prit rapidement de l’expansion et, en peu de temps, devint le principal grossiste de produits pharmaceutiques des Prairies ; cinq ans après sa fondation, l’entreprise se trouvant à l’étroit dans ses locaux loués, on construisit un entrepôt moderne, le Bole Drug Building.

Au cours des années 1890, l’engagement de Bole sur la scène municipale avait suivi ses réalisations dans les affaires. À compter de 1894, il fut élu huit fois au conseil scolaire de Winnipeg, qu’il présida durant trois ans. Dans des lettres qu’il adressa au premier ministre Wilfrid Laurier*, il exprimait l’espoir que les protestants et les catholiques parviennent à un compromis en matière d’éducation dans la foulée de la question des écoles au Manitoba [V. Thomas Greenway*]. Conseiller municipal de Winnipeg en 1893–1894, il perdit en 1896 la course à la mairie au profit de Richard Willis Jameson*. La même année, il figura parmi les personnalités municipales et commerciales qui fondèrent la Western Canadian Immigration Association, pour inciter les Américains à s’établir dans l’Ouest canadien. Il présiderait l’organisme en 1905. En outre, il appartenait au Bureau de commerce de Winnipeg, dont il fut président en 1897.

Membre de longue date du Parti libéral et ancien président de la Winnipeg Liberal Association, Bole accepta, en 1904, de se porter candidat libéral dans Winnipeg aux élections générales fédérales. Élu avec une majorité considérable, il représenta cette circonscription jusqu’en 1908. À la Chambre des communes, il souleva occasionnellement des questions relatives aux affaires ou aux finances et défendit les intérêts de ses électeurs. Il ne se présenta pas aux élections suivantes, probablement parce qu’il s’était installé à Montréal pour des raisons professionnelles. Fait remarquable, ce fut pendant son mandat de député qu’il réalisa ses succès les plus notables en affaires.

À la fin du xixe siècle, le commerce de détail et de gros de tout genre était dominé en grande partie par des entrepreneurs indépendants qui desservaient des marchés locaux ; les entreprises auxquelles Bole prit part reflétaient cette tendance. Au début du xxe siècle, l’industrie pharmaceutique canadienne entra dans une période de bouleversements importants. En effet, à l’époque, la plupart des premiers grossistes de produits pharmaceutiques offraient une vaste gamme de médicaments, d’articles de toilette et de remèdes maison standards reconnus à l’échelle nationale ; cependant, en raison de la faiblesse de l’infrastructure réglementaire, ils pouvaient également produire et mettre sur le marché leurs propres marques ou variantes de beaucoup de ces produits. Comme résultat, la qualité et l’uniformité de ces produits étaient extrêmement variables, si bien qu’en 1900, on doutait encore sérieusement de l’efficacité et de la pureté de bon nombre d’entre eux. Pour Bole, il devint évident que cette situation exigeait une action énergique.

Au fil des ans, Bole avait établi des liens étroits avec un autre important grossiste, Charles Widdrington Tinling, de la Dominion Drug Company Limited à Hamilton, en Ontario, et les deux hommes finirent par concevoir un projet commun : ils souhaitaient regrouper les grossistes régionaux de produits pharmaceutiques les plus prospères et influents du pays au sein d’une société nationale. La nouvelle entreprise mettrait sur pied ses propres usines qui produiraient une gamme complète de médicaments et de produits de toilette de qualité uniforme à distribuer dans ses succursales de gros. Tandis que leur programme prenait forme, Bole et Tinling s’associèrent à Theophilus Hatton Wardleworth, de l’Evans and Sons Limited de Montréal, et les trois entreprirent une tournée dans tout le pays pour promouvoir leur idée. Leur plan fit de nombreux adeptes, si bien qu’au début de 1905, 16 grossistes indépendants bien établis avaient accepté de se fusionner.

Le 9 novembre 1905, on constitua juridiquement la National Drug and Chemical Company of Canada Limited avec un capital autorisé de 6 millions de dollars. Son siège social se trouvait à Montréal. Bole fut élu président, et Tinling et Wardleworth assumèrent des postes de direction. Les 16 entreprises fondatrices se mirent à commercer en tant que succursales de la nouvelle société en 1906 ; la deuxième étape indispensable du processus, la construction d’installations d’avant-garde, débuta presque immédiatement. L’ouverture d’une usine, appelée Chemical Works, précéda celle d’un laboratoire de produits pharmaceutiques à Montréal en 1907. La même année, une troisième usine, située à Toronto, commença à fabriquer une vaste gamme de remèdes maison et d’articles de toilette sous la marque de commerce Na-Dru-Co. D’une vingtaine au départ, le nombre de produits passa rapidement à 125 ; on offrait notamment du sirop contre la toux, de la crème pour la peau, du shampoing et du dentifrice. En 1908, une nouvelle division fut créée pour produire et commercialiser des marchandises sous licence ne faisant pas partie de la gamme Na-Dru-Co. Les produits Na-Dru-Co firent l’objet d’une intense publicité souvent innovatrice, comprenant des affiches ainsi que des annonces dans les journaux et aux points de vente. Des campagnes visaient spécialement les propriétaires de commerces de détail : l’entreprise leur envoyait des bulletins mensuels et publiait des almanachs et des calendriers (remplis de ses annonces publicitaires) qu’ils pouvaient distribuer à leurs clients. Chose plus importante, en vertu de sa politique de protection des prix, la National Drug n’offrait de vendre qu’aux détaillants ayant signé une entente par laquelle ils s’engageaient à respecter les prix qu’elle avait fixés ; ainsi, elle éliminait la sous-cotation des prix qui avait cours à l’époque dans l’industrie pharmaceutique [V. Charles Allen Gordon Tamblyn]. En août 1910, la National Drug affirmait que 94 % des propriétaires de magasins de détail au Canada l’avaient signée. L’entreprise commença également à développer un marché d’exportation, particulièrement dans les Antilles. Bien qu’on ne dispose pas des rapports financiers de ses premières années d’exploitation, on sait qu’elle connut une croissance fulgurante. On ouvrit des centres de distribution à Calgary (1911), Regina (1912) et Vancouver (1913). En 1918, 14 centres étaient disséminés dans tout le pays. Deux ans plus tard, la National Drug procéda à une réorganisation de sa structure administrative, opération rendue nécessaire par la croissance de 250 % de la société au cours des dix années précédentes. La National Drug était devenue le principal grossiste et manufacturier de produits pharmaceutiques au Canada, et l’une des plus grandes sociétés pharmaceutiques de l’Empire britannique. Au début du xxie siècle, la McKesson Canada, nom de la compagnie à partir de 2002, resterait le plus important grossiste canadien en ce domaine.

En 1922, après avoir été à la tête de la National Drug durant près de 20 ans, David Wesley Bole prit sa retraite, à l’âge de 66 ans, en invoquant des raisons familiales et des problèmes de santé. Il retourna à Winnipeg, où il demeura jusqu’à sa mort, le 24 juin 1933, des suites d’un accident vasculaire cérébral. Cet homme dynamique, visionnaire et intègre avait mis sur pied et dirigé l’une des plus grandes entités juridiques du pays, et contribué substantiellement à la refonte de l’industrie pharmaceutique canadienne.

Kenneth C. Waite

AM, GR6427, 43b Bole Drug Company ; 63m The Martin Bole and Wynne Company.— AO, RG 80-5-0-90, no 5317.— BAC, R10811-0-X.— Manitoba, Ministère du Tourisme, de la Culture, du Patrimoine, du Sport et de la Protection du consommateur, Bureau de l’état civil (Winnipeg), no 1933-023191.— Leader-Post (Regina), 24 juin 1933.— Manitoba Free Press, 9 janv. 1904.— Nor’Wester (Winnipeg), 21 janv. 1896.— Winnipeg Tribune, 24 juin 1933.— John Bachynsky et K. C. Waite, « David Wesley Bole : pharmacist, manufacturer, wholesale leader » (communication faite à la Canadian Academy of the History of Pharmacy, 3 juin 2007).— Canada, Chambre des communes, Débats, 1904–1908.— Canadian directory of parl. (Johnson).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— CPG, 1904–1908.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 3.— National Drug and Chemical Company of Canada, Centennial/Anniversary souvenir : a commemorative volume celebrating Canada’s centenary and National Drug’s 60 years of service ([Montréal, 1967]) ; National Drug and Chemical Company of Canada Limited : national merchandiser, March, 1956 ([Montréal, 1956]).— K. C. Waite, Medis : the story of Canada’s leading drug wholesaler (Kirkland, Québec, 1994).

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Kenneth C. Waite, « BOLE, DAVID WESLEY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bole_david_wesley_16F.html.

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Auteur de l'article:    Kenneth C. Waite
Titre de l'article:    BOLE, DAVID WESLEY
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2018
Année de la révision:    2018
Date de consultation:    17 déc. 2024