BLAIKLOCK, HENRY MUSGRAVE, architecte, ingénieur civil, juge de paix et fonctionnaire, né le 26 avril 1790 à Londres, fils de Musgrave Blaiklock et d’Elizabeth Harris ; vers 1810, il épousa dans sa ville natale une prénommée Catherine, puis avant 1823, peut-être au même endroit, Mary Morris, et de ce mariage naquirent trois fils et une fille ; décédé le 9 octobre 1843 à Québec.
Henry Musgrave Blaiklock vit le jour au sein de la petite bourgeoisie anglaise, si l’on en juge par les professions qu’ont exercées les membres de sa famille. Il avait au moins deux frères cadets : George, qui fut architecte, et John, marchand. On ne sait rien de sa formation, mais vers 1812 il commença à pratiquer l’architecture à Londres et peu après s’associa avec son frère George. Ce dernier épousa par la suite Caroline Cecilia Price qui, selon une tradition familiale, aurait été la nièce de lord Dalhousie [Ramsay]. C’est à l’invitation de celui-ci que George serait venu se fixer à Québec, en 1823 ou en 1824, avec sa femme, ses enfants ainsi que sa mère et ses deux frères accompagnés de leur famille respective.
Les contrats et les postes avantageux que décrochèrent George et Henry Musgrave Blaiklock au Bas-Canada semblent confirmer le lien de parenté du premier avec le gouverneur, par ailleurs reconnu pour sa propension au favoritisme. Dès 1824, George conçut et réalisa les plans de la chapelle Holy Trinity de Québec pour le compte de Jonathan Sewell. À l’hiver de 1826, il se vit confier à la suite d’un concours la préparation des plans de la future prison de Montréal, qui fut cependant érigée par un autre architecte, John Wells. Peu avant son décès survenu le 13 décembre 1828, George dressa un projet de construction pour l’hôpital de la Marine et des Émigrés de Québec à la demande expresse du gouverneur. Quant à Henry Musgrave, on le retrouve dans la région de Lévis en décembre 1827. Il remplissait depuis le 12 juin 1826 la fonction de juge de paix du district de Québec, et on renouvela cette commission le 15 février 1828. En fait, durant les premières années de l’installation des deux frères dans la province, seul George semble s’être adonné à l’architecture.
La carrière québécoise d’architecte et d’ingénieur civil de Blaiklock débuta lors de son entrée au bureau du génie royal, le 22 juillet 1830. Il y détint le poste de conducteur de travaux pendant 13 ans, soit jusqu’à son décès. L’administrateur sir James Kempt* recourut à ses services pour tracer les plans du nouvel édifice de la douane à Québec. Livrés à l’automne de 1830, ceux-ci prévoyaient une construction en H, haute d’un étage sur rez-de-chaussée, dont le corps central était précédé d’un portique à colonnes doriques. Seul le corps central, sans le portique, fut finalement construit, de 1831 à 1839. Au cours de l’année 1831, on eut recours de nouveau à Blaiklock pour concevoir un bâtiment important : l’hôpital de la Marine et des Émigrés. Son projet comportait un édifice en U, haut de deux étages ; les ailes se déployaient à l’arrière du corps principal précédé d’un portique à colonnes ioniques, sur le modèle d’un temple grec consacré aux muses, selon Alfred Hawkins*. Ce nouveau projet, peut-être inspiré de celui qu’avait laissé George, eut la préférence car il se révélait moins coûteux et permettait d’accueillir un plus grand nombre de malades. Réalisé partiellement de 1831 à 1843 et achevé au cours des années 1860, l’édifice a été démoli depuis.
En plus de leurs proportions imposantes et de leur fidélité à un vocabulaire classique recherché, ces deux immeubles se distinguaient par la présence de nombreux renfoncements décoratifs, tables et embrasures en arcade, autour des ouvertures. Ils constituaient ainsi d’excellents exemples du néo-classicisme anglais. L’hôpital en particulier compte parmi les premières constructions d’envergure de ce style au Québec, alors que l’édifice de la douane, inachevé, se présente comme une adaptation au contexte local. Toutefois, en multipliant les renfoncements, Henry Musgrave Blaiklock manifestait un net penchant pour la décoration et se distinguait ainsi de son frère dont les édifices révélaient une démarche plus rigoureuse.
De l’étude des deux principales réalisations de Henry Musgrave Blaiklock, on peut déduire, à l’instar de l’historien Arthur John Hampson Richardson, qu’il est l’auteur des plans d’une maison sise au 73 de la rue Sainte-Ursule à Québec. La façade de cette résidence bâtie au début des années 1830 reprend les tables décoratives de l’hôpital de la Marine et des Émigrés. Par la suite, Blaiklock assuma la direction de travaux mineurs. Il vit à la rénovation du palais de justice en 1840 et à l’exhaussement de l’École nationale, rue d’Auteuil, en 1842. On lui confia de 1840 à 1843 l’entretien des édifices gouvernementaux, laissés vacants depuis l’installation du gouvernement à Kingston, dans le Haut-Canada. Sa carrière québécoise recèle bien des énigmes que seules élucideraient des recherches sur sa formation et sur son œuvre londonienne. Néanmoins, grâce à l’importance et à la qualité de ses réalisations, Blaiklock a apporté une contribution remarquable au développement du néoclassicisme au Québec.
ANQ-Q, CE1-61, 3, 8 déc. 1824, 17 déc. 1828, 16 janv. 1833, 19 oct. 1839, 26 avril 1842, 11 oct. 1843 ; CE1-68, 3 mai 1853 ; CE1-75, 7 janv. 1828.— APC, RG 8, I (C sér.), 151 : 281 ; RG 11, A2, 93 : 188 ; A3, 136.— City of Westminster Arch. (Londres), Reg. of baptisms, 26 avril 1790.— B.-C., chambre d’Assemblée, Journaux. 1826 ; 1827, app. H ; 1828–1829, app. DD ; 1829–1830, app. MM, 1831–1832, app. H, S ; 1832–1833, app. I ; 1835–1836.— Canada, prov. du, Assemblée législative, App. des journaux, 1842, app. K ; 1844–1845, app. A.— Alfred Hawkins, Hawkins’s picture of Quebec ; with historical recollections (Québec, 1834).— A. J. H. Richardson et al., Quebec City : architects, artisans and builders (Ottawa, 1984).— Leslie Maitland, l’Architecture néo-classique au Canada ([Ottawa], 1984).— A. J. H. Richardson, « Guide to the architecturally and historically most significant buildings in the old city of Quebec with a biographical dictionary of architects and builders and illustrations », Assoc. pour l’avancement des méthodes de préservation, Bull. (Ottawa), 2 (1970), nos 3–4 : 75.
André Laberge, « BLAIKLOCK, HENRY MUSGRAVE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/blaiklock_henry_musgrave_7F.html.
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Auteur de l'article: | André Laberge |
Titre de l'article: | BLAIKLOCK, HENRY MUSGRAVE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |