BLACK, EDWARD, ministre de l’Église d’Écosse et instituteur, né le 10 décembre 1793 dans la paroisse de Penninghame, Écosse, troisième fils du révérend James Black ; avant 1822, il épousa Elizabeth McCullough Craw, et ils eurent une fille, puis vers 1837 Wilhemina MacMillan, et de ce mariage naquit un fils ; décédé le 7 ou le 8 mai 1845 à Montréal.
Après avoir fréquenté des écoles de sa région, Edward Black étudia à l’University of Edinburgh de 1808 à 1815. Autorisé à prêcher par le consistoire de Wigtown en juin 1815, il fut nommé assistant de son père mais, comme il n’avait pas été choisi pour le remplacer après la mort de celui-ci en 1822, il immigra à Montréal avec sa femme.
Ce fut probablement un vieil ami, l’homme d’affaires Peter McGill*, qui présenta Black au révérend Henry Esson*, ministre de la plus prestigieuse congrégation presbytérienne de Montréal, la Scotch Presbyterian, connue plus tard sous le nom de St Gabriel Street. Les deux ecclésiastiques ne se ressemblaient ni par leur physique ni par leur manière d’exercer leurs fonctions. Esson était un homme fluet et un intellectuel qui prononçait des sermons probablement peu accessibles à tous ses fidèles ; Black, pour sa part, avait une forte carrure, des traits qui rappelaient ceux de Luther et, en chaire, il manifestait d’intenses émotions, à la manière des évangéliques. Sur l’invitation d’Esson, il prêcha devant la congrégation et obtint un tel succès qu’on le nomma le 26 février 1823 assistant d’Esson et de James Somerville qui, bien qu’à la retraite, était toujours ministre principal. À la mort de l’un, Black deviendrait le collègue de l’autre.
Un consistoire officieux de ministres presbytériens qui avait été formé au Canada, probablement en 1820, ordonna Black le 4 mars 1823. Ce consistoire s’était réuni périodiquement et avait espéré recueillir des statistiques pour étayer une requête présentée en vue de faire de l’Église d’Écosse une Église établie tant dans le Haut que le Bas-Canada, ce qui accroîtrait ses chances d’obtenir une assistance financière du gouvernement. En outre, le consistoire était prêt, semble-t-il, à ordonner des ministres, du moins jusqu’à l’institution d’une structure administrative plus officielle au sein de l’Église presbytérienne du Canada. Des difficultés survinrent cependant. John Burns, ministre presbytérien de tendance évangélique qui débarqua à Montréal en 1824 pour prendre la succession de Robert Easton* à l’église St Peter Street, contesta la légalité de l’ordination de Black. Selon lui, le consistoire, du fait qu’il n’était pas affilié directement à l’Église mère, n’avait pas le pouvoir d’ordonner un ministre. De plus il craignait, en aidant Black dans ses fonctions religieuses, de mettre en danger sa propre position au sein de l’Église d’Écosse. Furieux, des membres du consistoire résolurent de faire parvenir en Écosse les documents pertinents et de cesser toute relation avec Burns. L’affaire n’eut plus d’écho, et Burns rentra en Écosse à l’échéance de son mandat de deux ans.
La situation de Black dans la congrégation Scotch Presbyterian n’en demeura pas moins incertaine. Son salaire n’avait été garanti que pour deux ans. Ce salaire, comme celui d’Esson et la pension de Somerville, provenait des quêtes et de la location des bancs, qui ne suffisaient pas à combler les besoins de trois ministres. On fit en vain plusieurs tentatives de solution ; bien des rumeurs circulèrent et des factions émergèrent, l’une favorable à Esson, l’autre à Black. Au printemps de 1831, les partisans de Black en arrivèrent à occuper l’église tandis que ceux d’Esson tentaient d’en forcer l’entrée. À la suite de l’avis émis par l’assemblée générale de l’Église d’Écosse, selon lequel des ministres de la colonie devaient régler la question, 15 ministres presbytériens et plusieurs conseillers presbytéraux du Bas et du Haut-Canada se réunirent à Kingston au début de juin 1831 et formèrent le synode de l’Élise presbytérienne du Canada affiliée à l’Église d’Écosse. Le 23 mai 1832, les arbitres qu’avait nommés le synode conclurent qu’Esson et Black devaient former des congrégations distinctes, et le premier demeurer à l’église St Gabriel Street. Au début, Black et ses fidèles durent se réunir dans une église baptiste mais, le 24 août 1834, ils purent célébrer leur office à l’église St Paul, construite peu de temps auparavant rue Sainte-Hélène. Au cours des années qui suivirent immédiatement la séparation, pendant que s’établissait sa nouvelle congrégation, Black avait subvenu à ses besoins et à ceux de sa famille en ouvrant une école. James Moir Ferres* l’y assistait à titre d’instituteur.
Père d’une fille, Black était devenu veuf en 1828. L’University of Edinburgh lui décerna un doctorat en théologie en 1837 et c’est probablement au cours d’un voyage fait en Écosse pour aller chercher son diplôme que Black épousa Wilhemina MacMillan, du Wigtownshire. Le couple allait avoir un fils.
Décédé à l’âge de 52 ans, Edward Black fut vivement regretté. La notice nécrologique de la Montreal Gazette le décrivait comme « un homme doué par la nature de talents remarquables, qui aimait et pratiquait la littérature, montrait une sincérité, une gentillesse sans mélange en plus d’être animé d’une piété calme et profonde ». Ministre hors du commun et personnage à l’esprit ouvert, il avait exprimé le désir de participer à l’avancement du christianisme avec d’autres confessions religieuses. En outre, sa connaissance de la procédure s’était révélée extrêmement utile dans les différents corps de la structure administrative de l’Église presbytérienne.
ANQ-M, CE1-125, 12 mai 1845.— QUA, 2263, Presbyterian Church of Canada in connection with the Church of Scotland, Synod papers.— UCC, Montreal–Ottawa Conference Arch. (Montréal), St Gabriel Street Church, parish records, box II.— Montreal Gazette, 13 mai 1845.— Borthwick, Hist. and biog. gazetteer.— Scott et al., Fasti ecclesioe scoticanæ, 7.— Campbell, Hist. of Scotch Presbyterian Church.— Gregg, Hist. of Presbyterian Church (1885).— E. A. [Kerr] McDougall, « The Presbyterian Church in western Lower Canada, 1815–1842 » (thèse de ph.d., McGill Univ., Montréal, 1969).
Elizabeth Ann Kerr McDougall, « BLACK, EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/black_edward_7F.html.
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Auteur de l'article: | Elizabeth Ann Kerr McDougall |
Titre de l'article: | BLACK, EDWARD |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |