BIGOT, VINCENT, prêtre, jésuite, missionnaire chez les Abénaquis, frère de Jacques, né à Bourges, en France, le 15 mai 1649, fils de Jacques Bigot, baron de Contremont, et de Claude Sarrazin ; mort à Paris le 7 septembre 1720.

Vincent Bigot était entré au noviciat de la Compagnie de Jésus, à Paris, le 2 septembre 1664. Arrivé au Canada en 1680, il fut attaché d’abord à la mission des Algonquins de Sillery (1681–1682) et à celle des Iroquois (Haudenosaunee) de La Prairie de la Magdeleine (1682–1683) ; puis il revint à celle de Sillery comme supérieur (1683–1690). Il remplaça ensuite à la mission Saint-François de Sales, au saut de la rivière Chaudière, son frère Jacques passé en France. En 1694, il alla fonder la mission abénaquise de Pentagouet en Acadie, qu’il dirigea pendant plus de sept ans, l’ayant transférée en 1698 à Naurakamig, sur la rivière Androscoggin, endroit plus favorable à la culture de la terre. Il baptisa la plus grande partie des membres de ce village. Tombé malade au cours de l’été (1698), il fut remplacé pendant quelques mois par son frère Jacques, auquel il succéda à la mission de la Chaudière. C’est de là qu’il écrivit, le 25 septembre 1699, pour renouveler l’union de prières des Abénaquis avec les chanoines de la cathédrale de Chartres, auxquels il transmit une ceinture longue de six pieds et formée de onze rangs de porcelaine. En reconnaissance, les chanoines envoyèrent aux Abénaquis une statuette en argent de la Vierge, réplique d’une antique statue en bois conservée dans l’église souterraine de la cathédrale de Chartres.

Une tradition veut que le père Bigot ait fondé la mission abénaquise de Bécancour en 1700 ; cette dernière ne fut fondée qu’après 1705, par le père Sébastien Rale. De retour dans sa mission d’Acadie en 1700, le père Bigot en fut retiré l’année suivante par son supérieur. On prétendait qu’il manquait de zèle pour maintenir ces Abénaquis dans les intérêts de la France. Brouillan [Monbeton], gouverneur de Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.) écrivait au ministre Pontchartrain, le 6 octobre 1701 : « Il est certain [...] qu’il n’a pu empêcher les Sauvages d’avoir des pourparlers avec les Anglais qui sont allés si avant qu’ils ont reçu les présents et promis de faire la paix avec eux. »

Après avoir assisté à l’assemblée des nations autochtones qui s’ouvrit à Montréal le 25 juillet 1701 pour la ratification de la paix de 1700, Vincent Bigot alla seconder son frère à la mission de Saint-François, s’intéressant tout particulièrement à exercer les Abénaquis au chant religieux. De 1704 à 1710, il remplit à Québec la charge de supérieur général des missions jésuites du Canada. Durant ces années, il libéra deux Anglaises prisonnières des Abénaquis : Marie-Anne Davis*, qui devint religieuse de l’Hôtel-Dieu de Québec en 1710, et Esther Wheelwright*, qui entra au monastère des Ursulines de Québec et en fut élue supérieure en 1760. Retourné en France en 1713, il remplit la fonction de procureur des missions canadiennes jusqu’à sa mort, survenue le 7 septembre 1720.

Thomas Charland

[Vincent Bigot], Relation de ce qui sest passé de plus remarquable dans la mission des Abnaquis à lAcadie, lannée 1701 (Manate [New York], 1858).— Caron, Inventaire de documents, RAPQ, 1940–41 : 437.— Coll. de manuscrits relatifs à la N.-F., II : 386.— JR (Thwaites), LXXI.— T.-M. Charland, Les Abénakis dOdanak (Montréal, 1964), 56.— A.-L. Leymarie, Exposition rétrospective des colonies françaises de lAmérique du Nord. Catalogue illustré (Paris, 1929), 278s.— J.-A. Maurault, Histoire des Abénakis depuis 1605 jusquà nos jours (Sorel, 1866).— Rochemonteix, Les Jésuites et la N.-F. au XVIIe siècle, III : 226, 229, 282, 290, 298, 302, 377, 406, 437–439, 443.

Bibliographie de la version modifiée :
Arch. départementales, Cher (Bourges, France), « Reg. paroissiaux et état civil », Bourges, paroisse Notre-Dame-du-Fourchaud, 18 nov. 1649 : archives18.fr (consulté le 16 août 2022).

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Thomas Charland, « BIGOT, VINCENT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bigot_vincent_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    2023
Date de consultation:    20 déc. 2024