BERRY, sir JOHN, contre-amiral et commandant du convoi de Terre-Neuve, né à North-Devon en 1635, mort le 14 février 1689/1690 à Portsmouth, inhumé à l’église de Stepney.

John Berry était le second fils du pasteur de Knoweston, près d’Ilfracombe, issu d’une famille influente et établie depuis longtemps dans la région. Toutefois, la guerre civile vit le sort de la famille associé à la cause royaliste, et, à la mort de leur père en 1652, John et son frère aîné se firent marins. En 1663, Berry s’enrôla dans la Marine royale comme maître d’équipage, mais son intrépidité au combat lui mérita son premier commandement le 17 septembre 1665. Après d’autres commandements, en Méditerranée et aux Antilles en particulier, il se signala à l’attention du duc d’York lors d’un engagement avec le navire Resolution durant la bataille de la baie de Southwold en 1672. Il fut créé chevalier immédiatement après, et la faveur dont il jouit auprès du duc d’York le servit beaucoup dans le reste de sa carrière. En 1682, Berry commandait le Gloucester, à bord duquel le duc se rendit en Écosse ; le navire s’échoua dans l’Humber ; une cour martiale fut instituée, mais Berry se tira d’affaire. En 1683, il devint contre-amiral et était officier en second de Lord Dartmouth lors du raid sur Tanger. À compter de 1684, il siégea en qualité de commissaire de la Marine et en 1688, après la défection de Lord Dartmouth, il commanda les forces navales déployées contre Guillaume d’Orange, lorsque celui-ci se déclara contre Jacques II.

En 1675, l’éminent marin commandait le convoi annuel de Terre-Neuve. À ce moment, il semblait manifeste que le conflit qui opposait depuis longtemps les intérêts de la Bristol Society of Merchant Venturers et ceux des négociants de Londres et des colons de Terre-Neuve avait été finalement résolu en faveur des gens de Bristol. La décision du Committee for Trade and Plantations non seulement réaffirmait celle de mars 1670, mais elle acceptait les prétentions les plus extrêmes des marchands du littoral ouest et ordonnait que les colons permanents se dispersent eux-mêmes dans d’autres colonies d’Amérique ou soient rapatriés de force en Angleterre. À titre de commandant du convoi annuel, Berry était le représentant de l’autorité royale dans l’île et il devait informer les colons de la décision du conseil.

Berry acquit bientôt la conviction que les accusations portées contre les colons étaient injustes. Dans ses rapports de juillet et de septembre 1675 (PRO, CSP, Col., 1675–76, 275–277), il fut le premier à entreprendre une enquête méthodique, et, par la suite, les rapports annuels s’inspirèrent de sa ligne de conduite. Il s’efforça de présenter la cause des colons sous le jour le plus favorable, et ses vues trouvèrent une confirmation immédiate dans le rapport qu’un M. Page présenta séparément. Au début de 1676, John Downing se rendit en Angleterre pour protester contre les agissements des pêcheurs cette année-là, et un autre rapport indépendant en faveur des colons fut présenté par le commandant du convoi de 1676, le capitaine Russell. En 1677, le capitaine Poole estime après enquête que 523 colons étaient disséminés dans quelque 28 minuscules colonies, établies surtout sur le littoral est.

Les pressions conjuguées de ces rapports en faveur des colons provoquèrent la suspension provisoire des dispositions de la charte du 27 janvier 1675/1676, et une commission fut créée pour enquêter une nouvelle fois sur la situation. Aucun changement ne fut apporté dans le gouvernement – ou l’absence de gouvernement – en attendant le jugement final de cette commission, bien que le gouvernement anglais continuât d’envoyer des commandants de convoi avec des listes de sujets d’enquête sur lesquels ils devaient présenter un rapport à leur retour. Mais, après 1680, la commission ne fonctionna pour ainsi dire pas, et aucun jugement final ne fut jamais rendu. Des pétitions au poste de gouverneur continuèrent d’être présentées par des hommes comme le capitaine Robinson*, William Hinton et M. Coney, mais l’issue finale de toutes les polémiques depuis 1670 resta indécise.

Parmi les artisans du maintien d’une colonie permanente à Terre-Neuve à cette époque, Berry demeure peut-être celui qui eut le plus d’influence. Contrairement aux autres protagonistes de la cause des colons, il ne possédait aucun intérêt direct dans la colonie et n’aspirait pas au poste de gouverneur. Il entra dans la controverse à un moment crucial, et s’il est vrai qu’il ne fut pas le seul à agir, il fut pour beaucoup dans l’abolition du monopole des marchands de Bristol et le revirement ultérieur de la politique anglaise. Berry fut nommé commissaire pour la Virginie en 1677, probablement en récompense de ce qu’il avait accompli à Terre-Neuve (PRO, CSP, Col, 1677–80).

C. M. Rowe

[V. aussi Hinton et Downing]

PRO, Acts of P.C., col. ser., 1613–80, 1680–1720, Unbound papers ; CSP, Col. 1669–74, 1675–76, 1677–80, 1681–85 ; CSP, Dom., 1665–66, 1672–73, 1673, 1680, 1683, 1684–85.— DNB.— Innis, Cod fisheries.— C. B. Judah, The North American fisheries and British policy to 1713 (« University of Illinois Studies in the Social Sciences », XVIII, nos 3–4, 1933).— Lounsbury, British fishery at Nfld.— Prowse, History of Nfld.— Rogers, Newfoundland.

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C. M. Rowe, « BERRY, sir JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/berry_john_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
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