BEARE, JAMES, marin anglais qui prit part aux expéditions de Frobisher en 1577 et en 1578 ; circa 1577–1585.
James Beare, à qui on attribue « les premières cartes qui indiquaient avec une précision acceptable les voies d’accès orientales de l’Arctique canadien », servit comme officier de navigation à bord d’un vaisseau de 30 tonnes, le Michaell (capitaine : Gilbert Yorke), lors du deuxième voyage de Frobisher (1577), puis à bord de l’Anne Francis (capitaine : George Best), lors du troisième voyage de Frobisher en 1578.
Au cours de juillet 1577, une forte tempête brisa la timonerie du Michaell et emporta ses mâts de hune. Cependant, le 28 juillet, le Michaell entrait dans une anse appelée « Beares Sound », située près de la pointe la plus à l’Ouest qu’on atteignit cette année-là dans la baie de Frobisher (qu’on prit par erreur pour le passage du Nord-Ouest).
Beare fit également partie de l’expédition de 1578 en qualité d’officier de navigation à bord de l’Anne Francis. La flotte de Frobisher quitta Harwich le 31 mai 1578, aborda au Groenland, en prit possession au nom de l’Angleterre et poussa jusqu’à « Meta Incognita ». Un brouillard épais enveloppait la côte et de violentes marées emportèrent les navires vers le Sud, à travers l’entrée des « Faux détroits » (détroit d’Hudson). Frobisher consulta son équipage et dépêcha « sa pinasse vers l’autre vaisseau afin de connaître l’avis de chacun de ses hommes, notamment de James Beare, officier de navigation sur l’Anne Francis, qui avait la réputation d’être un marin très expérimenté et qui était déjà passé par là l’année précédente, avait soigneusement observé l’endroit et avait dressé des cartes du littoral. »
L’Anne Francis donna sur un rocher submergé le 10 août en essayant de rallier la côte et y resta jusqu’à ce que la marée montante vint la libérer. Il fallut deux mille coups de pompe pour enlever l’eau ; l’équipage construisit une chaloupe en prévision d’un naufrage possible. Il y avait à bord un forgeron, mais pas d’outils pour fabriquer des clous et des équerres. On utilisa la culasse d’un canon en guise d’enclume et une pioche comme marteau. On échoua le vaisseau le 30 août. On boucha huit voies d’eau béantes, causées par les rochers et la glace. Le même jour, l’équipage assista à une cérémonie de célébration de la communion dirigée par Robert Wolfall, aumônier de la flotte.
Beare accompagnait Best le 11 août lorsqu’on érigea une croix à Hatton’s Headland « en signe de prise de possession » de l’endroit. Ils y trouvèrent « un abondant minerai noir et une variété de jolies pierres ». Best avait déjà découvert, dans l’île appelée Bestes Blessing, le 9 août, des amas de minerai noir à propos duquel il écrit : « Si sa qualité correspond à sa quantité, on pourrait croire qu’il y en aurait suffisamment pour contenter tous les assoiffés d’or du monde. » La flotte rapporta plus de 1 000 tonnes de ce minerai ; mais il se trouva que ce n’était que de la pyrite.
James Beare (probablement le même) fut plus tard officier de navigation à bord de la Judith, navire de Londres qui fut pris par des pirates barbaresques. Dans une lettre en date du 30 mars 1585, qu’il écrivait à John Tipton, consul d’Angleterre à Alger, William Harborne, ambassadeur à Constantinople, mentionne que Beare est prisonnier à Alger (Hakluyt, Principal Navigations, V : 281).
Dans son ouvrage A true discourse, George Best attribue deux cartes à Beare : une carte universelle gravée et de forme ovale et une carte de « Meta Incognita ». Il est raisonnablement certain que Beare a dessiné cette dernière si l’on en croit l’allusion qu’on trouve dans A true discourse à ses « cartes de littoral » et si l’on tient compte du fait que Best et Beare ont fait voile ensemble en 1578. Il se peut que Beare ait également dressé la carte universelle. Aucun de ces dessins plutôt frustes n’indique qu’il fut un cartographe de talent ; cependant ces cartes associent les découvertes de Frobisher aux théories antérieures d’un passage ; elles sont bien proportionnées et bien orientées ; ce sont, de fait, les premières cartes d’une nouvelle phase dans la cartographie anglaise de l’Amérique.
Il n’est pas sûr que Beare ait été le principal géographe des expéditions de Frobisher, comme on l’indique dans Sixteenth-century maps relating to Canada, vu qu’il n’a pas participé au voyage de 1576 et qu’il n’était pas à bord du vaisseau amiral lors des traversées subséquentes. Toutefois, il semble avoir été considéré comme le cartographe en chef de ces expéditions après son retour en 1578.
Best, A true discourse (reproduit dans Three Voyages of Frobisher (Stefansson), I, et aussi dans Hakluyt, Principal navigations (1903–05), VII).— Sixteenth-century maps relating to Canada : a check-list and bibliography, ed. T. E. Layng (« Pub. des APC », 1956), 167s.
Thomas Dunbabin, « BEARE, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 26 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/beare_james_1F.html.
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Auteur de l'article: | Thomas Dunbabin |
Titre de l'article: | BEARE, JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 26 déc. 2024 |