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ARMSTRONG, sir ALEXANDER, chirurgien, officier de marine, explorateur, naturaliste et auteur, né en 1818 dans le comté de Donegal (république d’Irlande), fils d’Alexander Armstrong du comté de Fermanagh (Irlande du Nord) ; en 1894, il épousa Charlotte Simpson, veuve de sir William King Hall ; décédé le 4 juillet 1899 dans son domaine, Elms, à Sutton Bonington, Angleterre.
Alexander Armstrong étudia la médecine à Dublin et à la University of Edinburg puis entra dans la marine royale à titre d’aide-chirurgien en 1842. Doué pour sa profession, il reçut des félicitations de ses supérieurs pour les améliorations qu’il apporta à l’hygiène dans la marine, et on le promut chirurgien le 19 octobre 1849. Au mois de décembre de la même année, sous les ordres de Robert John Le Mesurier McClure*, il devint chirurgien et naturaliste à bord de l’Investigator. Le bateau était l’un des deux navires envoyés dans l’ouest de l’océan Arctique, via le détroit de Béring, à la recherche des navires de sir John Franklin*, disparus depuis 1845. L’officier commandant était le capitaine Richard Collinson*, à bord de l’Entreprise.
Les deux navires quittèrent l’Angleterre en janvier 1850 ; au cours du voyage, McClure, impatient de se distinguer, se sépara de Collinson et, en juillet, pénétra seul dans les eaux arctiques. Il longea la côte vers l’est, découvrant le détroit du Prince-de-Galles, et après l’avoir traversé, se trouva devant le détroit du Vicomte-Melville, que William Edward Parry* avait exploré en venant de l’est en 1819. McClure compléta ainsi le tracé du passage du Nord-Ouest qui reliait l’océan Pacifique à l’océan Atlantique en passant par l’archipel canadien. Finalement, l’Investigator dut rebrousser chemin dans le détroit devant les glaces poussées par le vent, se renversa sur le côté et faillit faire naufrage. Imprudemment, McClure tenta à l’été de 1851 de contourner la terre de Banks (île Banks, Territoires du Nord-Ouest) le long d’une côte qu’Armstrong décrivit comme « sans parallèle nulle part au monde pour les dangers de navigation » qu’elle présentait. Après s’être presque fracassé contre des falaises rocheuses, le navire parvint à se faufiler dans un bras de mer si étroit que les extrémités de sa grand-vergue frottaient contre les murs de glace géants qui se dressaient de part et d’autre du bateau. McClure parvint finalement à atteindre la baie Mercy, sur la rive nord de la terre de Banks, où d’ailleurs l’Investigator passa les hivers de 1851–1852 et de 1852–1853, cerné par les glaces. Les membres de son équipage, qui vivaient de demi-rations depuis plusieurs mois, étaient sur le point de mourir de faim lorsque le lieutenant Bedford Clapperton Trevelyan Pim* vint les sauver en avril 1853. Sur les ordres du capitaine Henry Kellett*, Pim avait quitté le Resolute, qui se trouvait alors dans le détroit du Vicomte-Melville, en traîneau. McClure entendait bien libérer son bateau des glaces mais Kellett lui ordonna de l’abandonner. Armstrong vit sa collection de plantes et d’animaux périr avec le navire, mais il réussit à conserver son journal, même si McClure avait ordonné à ses officiers de laisser leurs dossiers à bord. Après d’autres mésaventures et un dernier hiver dans l’Arctique, les hommes retournèrent à Londres en septembre 1854 en passant par le détroit de Barrow à bord des navires d’approvisionnement d’une autre expédition partie à la recherche de Franklin, et sous le commandement de sir Edward Belcher*. Le groupe avait donc franchi le passage du Nord-Ouest en naviguant successivement à bord de trois bateaux différents et en parcourant des centaines de :milles en traîneau sur les mers gelées.
Tout au long du voyage, le jeune et brillant médecin était trop conscient de ses facultés supérieures pour être populaire auprès de ses confrères officiers. Au cours du premier hiver passé dans l’Arctique, ceux-ci firent d’Armstrong la cible de jeux si brutaux que Johann August Miertsching*, missionnaire morave qui accompagnait le groupe à titre d’interprète pour l’inuktitut, exprima son étonnement devant l’inaction du capitaine. C’est cette indifférence qui explique peut-être la vive antipathie d’Armstrong pour McClure. Pour sa part, il semble que McClure ait sous-estimé la valeur du travail médical du chirurgien, que les hommes, par contre, appréciaient grandement. Armstrong semble avoir été aussi intime avec les hommes du pont inférieur que son rang le lui permettait, et si empressé à les soigner que seulement 6 des 66 hommes souffrant de malnutrition et de scorbut périrent au cours du voyage. À leur arrivée à Londres, les sous-officiers et hommes d’équipage remercièrent Pim et Armstrong pour leurs services.
Les efforts déployés par Armstrong pour maintenir la santé et le moral des hommes tout au long de cette expédition tourmentée constituent une preuve digne d’éloges de sa compétence et de son zèle, mais sa contribution la plus importante est le récit qu’il rédigea des exploits glorieux, quoique ternis, de l’expédition de 1850–1854. Son livre, A personal narrative of the discovery of the north-west passage ; with numerous incidents of travel and adventure during nearly five years’ continuous service in the Arctic regions while in search of the expedition under Sir John Franklin, paru à Londres en 1857, fut la dernière de trois chroniques du voyage que l’on publia. Le journal de McClure lui-même, édité par le capitaine Sherard Osborn* et publié en 1856, n’était qu’une brillante mise en scène pour camoufler les aspects moins reluisants du voyage. L’année précédente était paru le journal de Miertsching, qui même s’il est empreint d’émotion et contient des erreurs, est néanmoins confirmé pour l’essentiel par le récit plus sobre d’Armstrong. Il s’agit en fait d’un compte rendu lucide et sans détour, quoique rédigé dans un style un peu lourd, de tous les phénomènes, animés et inanimés, observés par l’auteur. Il contient des descriptions saisissantes des effroyables dangers courus dans les glaces poussées par le vent, ainsi qu’une franche révélation de la condition à laquelle l’équipage était réduit. Il contredit ainsi la vantardise arrogante de McClure qui prétendait qu’il aurait pu sauver la vie de ses hommes sans aide extérieure. Le livre reçut la médaille d’or Gilbert Blane accordée au meilleur journal tenu par un chirurgien de la marine royale.
Parmi les journaux personnels publiés sur l’exploration de l’Arctique, A personal narrative d’Armstrong est à placer au premier rang pour l’intérêt et la valeur du témoignage, au même titre que l’ouvrage de Franklin, Narrative of a journey to the shores of the polar sea [...]. Ce chirurgien irlandais prosaïque et méthodique a donné une Odyssée canadienne presque aussi fantastique que l’originale, empreinte de dignité et de vérité historique. Tout en faisant preuve de réserve dans son langage, il manifeste un talent inégalé dans la description de son voyage sur des mers turbulentes, souffrant du froid et de la faim, et sur un rivage stérile et désolé.
On publia à Londres en 1858 un autre livre d’Alexander Armstrong, Observations on naval hygiene and scurvy, more particularly as the latter appeared during a polar voyage. Il passa les décennies suivantes en mission dans la mer Baltique et dans les Antilles, fut surintendant de l’hôpital naval à Malte et directeur général du service médical de la marine royale. Fait chevalier commandeur de l’ordre du Bain en 1871, il prit sa retraite en 1880 pour mener une vie paisible. En 1894, cinq ans avant sa mort, il épousa la veuve de sir William King Hall.
R. [J.] Le M. McClure, The discovery of the north-west passage by H.M.S. Investigator, Capt. R. M’Clure, 1850, 1851, 1852, 1853, 1854, Sherard Osborn, édit. (Londres, 1856).— G. F. M’Dougall, The eventful voyage of H.M. discovery ship Resolute to the Arctic regions in search of Sir John Franklin and the missing crews of H.M. discovery ships Erebus and Terror, 1852, 1853, 1854 [...] (Londres, 1857).— J. A. Miertsching, Reise-Tagebuch des Missionars Johann August Miertsching, welcher als Dolmetscher die Nordpol-Expedition zur Aufsuchung Sir John Franklins auf dem Schiffe Investigator begleitete ([Gnadau, République démocratique allemande], 1855 ; 2e éd., Gnadau et Leipzig, République démocratique allemande, 1856) ; traduit en anglais et édité par L. H. Neatby sous le titre de Frozen ships : the Arctic diary of Johann Miertsching, 1850–1854 (Toronto, 1967).— A concise dictionary of Irish biography, J. S. Crone, édit. (Londres, 1928), 4.— DNB.
Leslie Hamilton Neatby, « ARMSTRONG, sir ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 16 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/armstrong_alexander_12F.html.
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Auteur de l'article: | Leslie Hamilton Neatby |
Titre de l'article: | ARMSTRONG, sir ALEXANDER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 16 nov. 2024 |