ANTROBUS, JOHN, marchand et fonctionnaire, né vers 1756, probablement en Angleterre ; décédé le 8 mai 1820 à Trois-Rivières, Bas-Canada.

En 1779, John Antrobus est établi à Québec où il possède un magasin général dans la basse ville. À titre de marchand, il partage les exigences politiques de la communauté bourgeoise anglophone : ainsi, en 1784 et 1788 il signe les pétitions en faveur d’une chambre d’assemblée et il est de ceux qui, en 1785, soutiennent le lieutenant-gouverneur Henry Hamilton* dans ses efforts pour subvenir aux besoins des marchands. Antrobus participe aussi à certaines revendications d’ordre économique et social : en 1789, il signe une pétition demandant le règlement des problèmes du commerce de la farine et des biscuits [V. George Allsopp], et une autre, en 1791, pour le recouvrement des lods et ventes ; en 1790, il signe une pétition requérant l’établissement d’une université au Bas-Canada [V. Jean-François Hubert*]. Cette même année, il est membre de la Société du feu de Québec.

Le 29 mars 1787, Antrobus avait épousé, à Trois-Rivières, Catherine Betsey Isabella Cuthbert, fille de James Cuthbert* et de Catherine Cairns. L’année suivante, les nouveaux mariés, résidant alors rue de la Montagne à Québec, reçoivent de Cuthbert une terre située dans la seigneurie de Berthier et deux autres dans celle de Sorel. Quelques mois plus tard, en échange de l’une de ses terres à Sorel, Antrobus obtient du gouvernement, en fief et seigneurie, les ruines des forges du roi dans la basse ville de Québec. En septembre 1788, il acquiert moyennant 2 000# un terrain, avec maison et étable, à Près-de-Ville, au pied du cap Diamant, qu’il rembourse sous la forme d’une rente annuelle de 100#.

En 1792, Antrobus et sa femme s’établissent sur leur terre à Berthier. L’année suivante, il est nommé grand voyer du district de Trois-Rivières. À ce titre, il veille surtout à coordonner le développement du réseau routier sur toute l’étendue du district. Trois-Rivières possédant déjà une infrastructure routière adéquate, Antrobus procède, sous l’impulsion des habitants, à la mise en place d’un réseau de chemins secondaires reliant l’intérieur des terres au chemin du Roy, en adaptant le tracé aux besoins et aux circonstances. Des travaux assez importants sont entrepris dans la région de Rivière-du-Loup (Louiseville). Les revenus d’Antrobus comme grand voyer sont difficiles à évaluer car les émoluments rattachés à ce poste de fonctionnaire proviennent en partie des fonds publics, une autre part venant des honoraires versés par les habitants pour payer la rédaction des procès-verbaux d’arpentage.

En 1797, Antrobus s’établit avec sa famille à Trois-Rivières, sur une terre acquise moyennant £1 200. Cette même année, il est nommé juge de paix et grand juré à la Cour du banc du roi. Ses propriétés foncières ne cessent de s’accroître. Déjà, en 1795, il avait obtenu de lord Dorchester [Guy Carleton] une concession dans la seigneurie de Sorel. En 1798, cette fois, Joseph Boucher de Niverville lui concède 46 arpents aux limites de la commune de Trois-Rivières. En 1803, Antrobus procède au métayage d’une ferme à Berthier. Selon l’entente, le métayer, Jean-Baptiste Amiot, lui remettra la première année la moitié de tous les grains récoltés ; au cours des six années suivantes, Antrobus retirera £46 par année pour la maison, la laiterie et la boulangerie. En 1804, Antrobus achète deux terres situées dans la seigneurie de Sainte-Marie adjacente à celle de Sainte-Anne-de-la-Pérade. Afin d’augmenter sa propriété foncière, Antrobus cherche à obtenir environ 30 000 acres dans le canton de Brandon, mais il ne réussit pas, faute de ressources pécuniaires, à se procurer les lettres patentes et à procéder à l’arpentage.

À la suite du décès de sa femme, survenu en janvier 1806, Antrobus, endetté de £1 000, commence à se départir de ses biens immobiliers. Cette année-là, il vend au révérend James Sutherland Rudd, rector de la Christ Church à William Henry (Sorel), des biens qu’il possède à cet endroit en retour d’une somme de £100. En 1809, il retire £400 de la vente de trois terrains situés au pied du cap Diamant. Trois ans plus tard, il cède contre £150 au marchand Étienne Leblanc* une terre située à Trois-Rivières. En 1816, Antrobus vend par adjudication à George Pyke*, moyennant £1 020, un lot de grève, rue Champlain à Québec, que ses enfants avaient reçu du gouvernement par des lettres patentes datées du 9 août 1806. De 1810 à 1819, les créanciers d’Antrobus, Lewis Tucker, John Doty, Ezekiel Hart*, John Blackwood et Christopher Carter, réclament la vente de ses propriétés par le shérif.

En janvier 1820, John Antrobus démissionne de son poste de grand voyer et il est remplacé par son fils, Edmund William Romer*. II décède quelques mois plus tard, ne laissant dans le deuil que deux de ses six enfants, dont une fille qui meurt quelques semaines seulement après lui. Son seul héritier, Edmund William Romer, fait procéder à l’inventaire des biens de son père. Antrobus ne laissait qu’un bien modeste héritage : quelques terrains à Trois-Rivières, quelques terres à Sainte-Anne-de-la-Pérade et à Sainte-Marie ; de plus, la vente à l’encan de ses biens mobiliers et personnels ne rapporta que £51 12 shillings.

Normand Paquette

ANQ-MBF, CE1-50, 10 juin 1820 ; CN1-4, 1er déc. 1795, 15 févr. 1797, 2 mai 1798 ; CN1-6, 11 sept. 1803, 7 mai 1806, 23 sept. 1809, 30 oct. 1815, 17 oct. 1818, 21 juin 1820 ; CN1-32, 20 mars 1812 ; CN1-91, 15 sept. 1804.— ANQ-Q, CN1-16, 1er avril, 20 sept., 14 nov. 1809 ; CN1-83, 9 avril 1784, 4 juill., 24 sept. 1788 ; CN1-145, 28 déc. 1804.— La Gazette de Québec, 11 nov. 1779, 16 juin, 3 nov. 1785, 11 déc. 1788, 17 déc. 1789, 28 janv., 4 nov. 1790, 28 avril 1791, 30 mars, 27 avril 1797, 30 janv. 1806, 9 août 1810, 21 févr., 27 juin 1811, 4 mars 1813, 21 mai, 2 juill. 1818, 8 juill. 1819.— Lucie Beauvillier et Carmen Grondin, Répertoire des baptêmes-mariages-sépultures, Trois-Rivières protestant 1767–1875 (s.l., 1979).— P.-G. Roy, Inventaires des procès-verbaux des grands voyers conservés aux Archives de la province de Québec (6 vol., Beauceville, Québec, 1923–1932), 3 : 158–192.— Sulte, Mélanges hist. (Malchelosse), 21 : 47–51.— Édouard Fabre Surveyer, « James Cuthbert, père, et ses biographes », RHAF, 4 (1950–1951) : 81.— P.-G. Roy, « John Antrobus », BRH, 10 (1904) : 283s.

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Normand Paquette, « ANTROBUS, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/antrobus_john_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    17 nov. 2024