ALLEYN, CHARLES JOSEPH, avocat, homme politique et fonctionnaire, né dans le comté de Cork (République d’Irlande), le 19 septembre 1817, fils de Richard Israël Alleyn et de Margaret O’Donovan, décédé à Québec le 4 avril 1890.

Issu d’une famille réputée d’Irlande et d’Angleterre, Charles Joseph Alleyn fréquenta l’école à Fermoy, dans le comté de Cork, et le Clongowes Wood College, dans le comté de Kildare. Vers 1837 il émigra à Québec avec sa famille. Admis au barreau le 29 septembre 1840, il devint un éminent avocat, jouissant particulièrement de la considération des Irlandais et des Canadiens français. Le 15 mai 1849, à Québec, il épousa Zoé, fille de Philippe-Joseph Aubert* de Gaspé, auteur des Anciens Canadiens ; de leur union naquirent huit enfants.

Dès la fin d’octobre 1849, Alleyn se joignit aux annexionnistes de Québec et en janvier de l’année suivante il appuya Joseph Légaré*, qui se présentait comme candidat annexionniste lors d’une élection partielle dans le comté de la cité de Québec. Le Canadien indépendant (Québec) vanta Alleyn mais d’autres journaux le qualifièrent de discoureur peu convaincu et vide qui ne cherchait qu’à se « faire de la popularité ». Selon le Journal de Québec, Alleyn aurait affirmé, dans un de ses discours, qu’il avait été officier dans les troupes de volontaires lors des troubles de 1837–1838 et qu’il aurait alors vu « avec joie [Légaré] monter sur l’échafaud ».

Le 4 février 1851, Alleyn fut élu sans opposition conseiller du quartier Champlain après avoir été défait aux élections municipales de 1848 ; il occupa ce poste jusqu’en février 1857. S’intéressant particulièrement à l’hygiène publique, il fit partie, à intervalles réguliers, du comité de la santé et devint, le 18 juillet 1854, membre du bureau sanitaire local lors d’une importante épidémie de choléra. Sa participation au comité des chemins et à celui des élections lui procura probablement une expérience utile pour sa future carrière politique. Le 13 février 1854, les conseillers le désignèrent pour occuper le fauteuil du maire. Impartial et habile à diriger les affaires municipales, il put, grâce à cette fonction, entrer en contact avec les administrateurs du pays. Il sera cependant défait l’année suivante.

Se présentant comme « réformiste avancé », Alleyn fut élu député de la circonscription de la cité de Québec à l’Assemblée législative le 22 juillet 1854. Dans une lettre à ses électeurs, il se déclarait en faveur de l’abolition de la tenure seigneuriale et du règlement immédiat de la question des « réserves » du clergé tout en sauvegardant « les droits acquis ». Un conseil législatif électif lui semblait nécessaire à la constitution du pays, tandis qu’en matière d’éducation il était persuadé que la province avait besoin d’écoles séparées, la religion étant selon lui « la pierre fondamentale de l’éducation ». Il terminait sa lettre en rendant honneur à l’Angleterre. Ses opposants contestèrent sans succès l’élection qui, selon eux, avait été entachée d’irrégularités. Du 28 novembre 1857 au 1er août 1858, Alleyn occupa le poste de commissaire en chef des Travaux publics dans le cabinet de John Alexander Macdonald* et de George-Étienne Cartier*, et celui de secrétaire provincial pour le Bas-Canada du 7 août 1858 au 23 mai 1862 dans le nouveau ministère Cartier-Macdonald. Toutefois, en avril 1860, un comité d’enquête annula son élection de 1857 ; il fut pourtant réélu « par acclamation » le 7 mai 1860 lors de l’élection partielle dans la nouvelle circonscription de Québec-Ouest qu’il devait représenter jusqu’à la veille de la confédération. Pour avoir bien servi son pays et son parti, Alleyn obtint, en 1866, la fonction lucrative de shérif du district de Québec, poste qu’il occupa jusqu’à son décès. Il s’intéressa aussi aux chemins de fer : il fut l’un des administrateurs du chemin de fer de la rive nord et l’un des signataires lors de la reconnaissance juridique du chemin de fer et de la navigation du Saint-Maurice (1857).

Ambitieux, réaliste et opportuniste, Alleyn réunit toutes les conditions nécessaires pour gravir les échelons socio-politiques de sa ville et de son pays. D’origine irlandaise et catholique, anglophone et parlant français, avocat, il épousa la descendante d’une grande famille canadienne-française. Cherchant sans aucun doute à entretenir son image auprès des gens, il fit partie d’associations et d’organismes publics. La vague annexionniste et son séjour en politique municipale lui ouvrirent les portes d’une carrière à l’échelle provinciale au cours de laquelle, se définissant comme un Canadien, il représenta surtout l’élément anglophone de Québec. Député ou ministre, il sut promouvoir les intérêts de sa ville adoptive.

Marcel Plouffe

Arch. privées, R. R. Alleyn (Québec), Généal. de la famille Alleyn.— AVQ, Procès-verbaux du conseil, juin 1850 mars 1858, nov. 1885.— Québec, ville de, Bureau du trésorier, Rapport annuel (Québec), 1854, 1857.— L’Ami de la religion et de la patrie (Québec), 21 janv., 31 oct. 1850.— Le Canadien, 31 oct. 1849, 2, 21 janv. 1850, 3 févr. 1851, 6 févr., 7, 12, 21, 24 juill. 1854, 11, 16, 23, 30 déc. 1857, 18 avril, 7, 9 mai 1860, 1er juill. 1861, 8, 15 juin 1863, 5 avril 1890.— Le Canadien indépendant (Québec), 19, 26 oct. 1849.— Le Courrier du Canada, 7 avril 1890.— Le Journal de Québec, 30 oct. 1849, 2, 19, 22 janv. 1850, 22 juill. 1854, 17 avril 1890.— Morning Chronicle (Québec), 21 janv. 1850, 14 juill., 4, 10, 14, 22, 28, 29 déc. 1857.— Quebec Gazette, 27 oct. 1849, 15, 18, 20, 27 juill., 2 déc. 1857, 20 août 1866.— Quebec Mercury, 30 oct. 1849, 25, 27 juill. 1854, 12, 15, 22 déc. 1857.— Quebec directory, 1844–1845, 1847–1856, 1860–1861.— P.-G. Roy, Les avocats de la région de Québec.— F.-X. Chouinard et Antoine Drolet, La ville de Québec : histoire municipale (3 vol., Québec, 1963–1967), III.— P.-A. Dubé, « La crise annexionniste à Québec (1848–1850) » (thèse de m.a., univ. Laval, 1974).— Marcel Plouffe, « Quelques particularités sociales et politiques de la charte, du système administratif et du personnel politique de la cité de Québec, 1833–1867 » (thèse de m.a., univ. Laval, 1971).— Je me souviens [  ], « Fifty years ago to-day », Quebec Daily Telegraph, 19 juin 1911 : 3.

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Marcel Plouffe, « ALLEYN, CHARLES JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/alleyn_charles_joseph_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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