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ADAMS, MARY ELECTA, éducatrice, administratrice scolaire et poète, née le 10 novembre 1823 à Westbury, Bas-Canada, fille de Rufus Adams et de Maria Hubbard ; décédée le 5 novembre 1898 à Toronto.
Mary Electa Adams avait deux ans lorsque sa famille, d’ascendance néo-anglaise, s’installa à Adamsville (Acton), dans le Haut-Canada. Elle grandit dans cette localité, et ses parent se chargèrent de son instruction jusqu’à ce qu’elle entre à l’école dans la ville natale de sa mère, Montpelier, au Vermont, en 1840. L’année suivante, elle poursuivit ses études au Cobourg Ladies’ Seminary, dans le Haut-Canada, où elle devint professeure après avoir obtenu un diplôme qui lui permettait d’enseigner les arts libéraux. En 1847, la jeune femme se fixa à Toronto, suivant ainsi son école qui prit à ce moment le nom d’Adelaide Academy ; un an plus tard, toutefois, elle accepta le poste de directrice de la Picton Academy. Après avoir résigné ses fonctions en 1850, pour cause de maladie, elle passa quatre ans comme professeure et administratrice à l’Albion Seminary, dans le Michigan. Elle revint en Amérique du Nord britannique au printemps de 1854 et, au mois d’août suivant, fut nommée préceptrice en chef de la nouvelle « section féminine » de la Wesleyan Academy de Mount Allison, à Sackville, au Nouveau Brunswick [V. Charles Frederick Allison*].
À titre de préceptrice en chef, Mary Electa Adams remplissait la plus haute fonction administrative accessible aux femmes dans son école. Elle agissait essentiellement à titre de directrice même si, officiellement, elle relevait du directeur Humphrey Pickard*, qui s’occupait surtout de l’école des garçons, située à côté. Elle estimait qu’il fallait offrir aux femmes un enseignement scolaire rigoureux dans un cadre chrétien, et la Wesleyan Academy lui donna l’occasion de mettre ces principes à l’épreuve. Tout en s’inclinant devant les conventions qui imposaient à la plupart des femmes instruites de servir la société en tant qu’épouses et mères, elle ne pouvait admettre que leur formation se limite aux matières « d’agrément ». Un éditorial de la Mount Allison Academic Gazette de décembre 1855, non signé mais qui portait clairement sa marque, affirmait qu’« il [était] de la plus grande utilité d’incorporer les sciences difficiles au programme scolaire des étudiantes ». Pour elle, la femme cultivée devait posséder à la fois vigueur intellectuelle, sens artistique et force morale : c’est ce principe qu’elle cherchait à faire valoir par le programme d’études du nouvel établissement (qui comprenait des cours de mathématiques, de sciences, de morale, de langue et de littérature latines, et qui offrait la possibilité d’étudier la musique et les beaux-arts) et par les conseils et l’exemple qu’elle donnait aux élèves.
À la suite du décès de son père, en mai 1856, Mary Electa Adams songea à quitter Mount Allison pour aller s’occuper de sa mère chez elle, dans le Haut-Canada. Mais son intense dévouement à « la cause de l’éducation féminine » et au méthodisme l’incita à persévérer une autre année dans son poste. « Je suis terrifiée par l’idée de vivre inutilement », écrivait-elle dans son journal, le 20 juillet 1856. Elle finit par démissionner à l’été de 1857, pour retourner chez elle, mais son retrait de la vie professionnelle ne dura que quatre ans. À l’automne de 1861, elle devint la première directrice du Wesleyan Female College de Hamilton. En sept ans à ce poste, Mlle Adams fit de cet établissement une maison d’enseignement hautement réputée, malgré des problèmes financiers et les incommodités de l’édifice, un ancien hôtel imparfaitement aménagé. Le Canadian Illustrated News de Hamilton mentionnait, en juin 1863, que son érudition et sa compétence administrative étaient « la vie de l’établissement ». Après avoir établi un programme scolaire fondé sur son expérience à la Wesleyan Academy et peut-être aussi sur les constatations qu’elle fit au cours d’une tournée d’écoles pour femmes en Grande-Bretagne, à l’été de 1862, elle laissa à son successeur Samuel Dwight Rice*, en 1868, un établissement qui devait continuer à prospérer pendant près de 30 ans.
Après le décès de sa mère, en 1868, Mary Electa Adams passa deux ans en Italie où elle voyagea avec sa sœur et collègue Augusta Minerva. À leur retour en Ontario, les deux femmes s’installèrent à Cobourg et, en 1872, elles ouvrirent près du Victoria College une école pour jeunes filles, la Brookhurst Academy. Destinée à l’origine à « recevoir uniquement des étudiantes de niveau supérieur qui aspiraient aux privilèges universitaires », comme le nota Mary Electa dans son journal huit ans plus tard, la Brookhurst Academy fonctionnait en étroite collaboration avec le Victoria College. Les étudiantes suivaient des cours au collège et, en 1877, Mary Crossen fut la première à obtenir un diplôme en littérature anglaise décerné conjointement par les deux établissements. Des difficultés financières entraînèrent la fermeture de la Brookhurst Academy au printemps de 1880, avant même que sa fondatrice ait pu réaliser son ambition de voir des femmes obtenir un diplôme universitaire terminal du Victoria College. La Wesleyan Academy de Mount Allison, de son côté, grâce à la tradition établie par Mlle Adams, avait eu en 1875 sa première diplômée, Grace Annie Lockhart. Nathanael Burwash*, qui fut plus tard président du Victoria College, allait néanmoins louer le travail d’avant-garde accompli par Mlle Adams à la Brookhurst Academy, et affirmer que son œuvre avait marqué « la première étape de l’accession des filles de la province à tous les privilèges liés aux études universitaires complètes ».
Pendant les 12 dernières années de sa carrière professionnelle, Mary Electa Adams fut directrice de l’Ontario Ladies’ College de Whitby. Malgré sa répugnance à devoir accepter un emploi dans une école qu’elle avait considérée comme une importante concurrente de la Brookhurst Academy et malgré les différends qui ne tardèrent pas à l’opposer au président John James Hare, dont elle relevait, elle s’efforça d’appliquer ses principes personnels : un enseignement méthodique et rigoureux dans un cadre chrétien. Lorsqu’elle prit sa retraite en 1892, elle avait près de 70 ans. Malgré tout, elle passa le reste de sa vie à aider sa sœur Augusta Minerva et son neveu Lucius Coleman à établir une ferme d’élevage de bétail à Morley (Alberta) et une autre sur le bord de la rivière Red Deer, non loin de là. Elle mourut en novembre 1898, au cours d’une visite chez des parents à Toronto.
Tout au long de sa vie, Mary Electa Adams s’était faite la championne de l’instruction des femmes. Peintre et poète dans ses temps libres, elle incarnait ce mélange d’intelligence cultivée et de créativité artistique qu’elle essayait, toujours dans le cadre de sa foi méthodiste, de promouvoir auprès de ses étudiantes. Ses efforts ont été fructueux à plus d’un titre : en plus d’être personnellement utile à ses étudiantes, elle servit globalement la cause de l’éducation des femmes au Nouveau-Brunswick, en Ontario et dans toute l’Amérique du Nord britannique.
Une aquarelle originale de Mary Electa Adams ainsi que des poèmes écrits dans son journal se trouvent aux Mount Allison Univ. Arch. (Sackville, N.-B.), E. M. Pomeroy papers, box 11 (M. E. Adams material). Une collection de ses poèmes, From distant shores, a été publiée à Toronto en 1898.
Victoria Univ. Library (Toronto), Helena Coleman
John G. Reid, « ADAMS, MARY ELECTA », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/adams_mary_electa_12F.html.
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Auteur de l'article: | John G. Reid |
Titre de l'article: | ADAMS, MARY ELECTA |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 17 nov. 2024 |