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REID, ALEXANDER PETER, médecin, professeur et surintendant d’asile, né le 22 octobre 1836 à London, Haut-Canada, fils de James Reid et de Margaret Ross ; le 20 septembre 1875, il épousa à Halifax Eleanor M. Robinson, puis après 1911, une prénommée Harriet ; décédé le 3 mars 1919 à L’Ardoise, Nouvelle-Écosse.
Alexander Peter Reid, dont la carrière couvrit le demi-siècle entre la Confédération et la Première Guerre mondiale, exposa abondamment et avec cohérence quels bénéfices la science pouvait apporter à la société. Il alla à l’école privée et à l’école publique à London, mais son père, artisan écossais arrivé dans le Haut-Canada dans les années 1820, l’en retira dès qu’il eut 12 ans, car il estimait qu’il y acquérait trop peu de connaissances pratiques. Alexander Peter continua de s’instruire chez lui tout en travaillant avec son père comme aide-tonnelier. En 1854, il entra à la faculté de médecine du McGill College. Trois ans plus tard, il remporta le prix de matière médicale pour une dissertation sur la nature et les utilisations potentielles de la strychnine. Il avait noté en laboratoire la relation entre la dose de strychnine administrée à des chats, à des chiens et à des pigeons et leur taux de mortalité, et avait conclu que, en quantités soigneusement dosées, la strychnine était efficace dans le traitement de la fièvre et la prévention de la constipation.
Même dans les débuts de sa carrière, Reid manifesta une foi exubérante et parfois naïve à l’égard de la science. En 1857, il se rendit au Royaume-Uni afin d’étudier à Londres, à Dublin et à Édimbourg. Il s’y familiarisa avec les dernières controverses médicales, dont le débat opposant John Hughes Bennett et Thomas Laycock à Édimbourg sur la valeur des saignées et des purgations. Ses observations parurent en 1857–1858 dans une série de lettres au Medical Chronicle de Montréal. En 1858, après avoir présenté comme thèse de doctorat en médecine une version allongée de sa dissertation primée, il obtint son diplôme de McGill. La même année, il reçut son autorisation de pratique du Royal College of Surgeons of Edinburgh.
Après avoir pratiqué la médecine pendant un courte période près de sa ville natale, Reid se rendit dans la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba), où sa passion pour l’observation scientifique l’amena à étudier non seulement les habitudes de migration des oiseaux et le comportement des mouffettes, mais aussi des sujets humains. Anthropologue amateur, il était convaincu que les principes scientifiques de classification pouvaient s’appliquer à la société humaine. Il s’intéressa à la population « métissée » des Territoires du Nord-Ouest, identifia neuf catégories d’individus, et commenta leurs caractéristiques physiques et sociales. Il exposerait ses conclusions dans une communication publiée en 1875 par le Journal de l’Anthropological Institute of Great Britain and Ireland.
En 1864, Reid s’installa à Halifax, où il devint bientôt une figure marquante d’un mouvement voué au relèvement du statut professionnel et scientifique des médecins néo-écossais. Membre fondateur de la section scientifique de la Halifax Medical Society en 1867 et président fondateur de la Clinical Society of Halifax, établie en 1869, il se fit connaître en étant le premier à défendre, dans la région, la théorie des germes. En 1868, il devint le premier doyen de la nouvelle faculté de médecine de la Dalhousie University. Par la suite, il dirigea le Halifax Medical College, où il occupa selon les années les chaires de physiologie, de pratique médicale, d’hygiène et de médecine légale.
En tant que surintendant du Nova Scotia Hospital for the Insane, fonction qu’il exerça durant 14 ans à compter de 1878, Reid tenta aussi d’appliquer des principes quasi scientifiques de classification à la société humaine. Bien qu’il ait été pessimiste quant au pouvoir curatif de l’asile, ses observations sur les malades l’amenèrent à promouvoir la manipulation des structures sociales et à flirter avec l’eugénisme. Dans une communication intitulée « Stirpiculture, or, the ascent of man », lue en 1890 devant le Nova Scotian Institute of Natural Science, il présenta un programme d’amélioration raciale fondé sur la reproduction sélective et sur la stérilisation des « inaptes », programme qui, selon lui, contribuerait au progrès social. En outre, comme beaucoup d’eugénistes de gauche, Reid réclamait un système capitaliste réformé dans lequel l’État régirait la relation entre le capital et la main-d’œuvre, protégerait les faibles et atténuerait l’antagonisme destructeur entre les classes. Dans « Poverty superseded : a new political economy [...] », il laissait entendre que la pauvreté ne serait pas vaincue tant que « la société, représentée par le gouvernement, ne prendra[it] pas – plutôt ne sera[it] pas forcée de prendre – l’iniative de régir l’industrie ».
Au cours des années 1890, Alexander Peter Reid fut un moment surintendant du Victoria General Hospital, mais sa principale préoccupation, à l’époque, était l’établissement d’un système efficace de santé publique en Nouvelle-Écosse. Il fut secrétaire du Bureau de santé provincial à compter de 1893, puis officier de santé provincial de 1904 jusqu’à sa retraite en 1913. Vers la fin du siècle, il avait quitté Halifax pour s’installer à Middleton. En outre, il exploitait dans une localité voisine, Nictaux, une ferme qui avait la réputation d’appliquer les méthodes scientifiques les plus modernes et où il faisait des expériences, sur la culture de plantes spéciales, dont le tabac. Par la suite, Reid et sa deuxième femme, Harriet, s’installèrent à L’Ardoise, dans le comté de Richmond. C’est là qu’il mourut en 1919. Il constitua par testament un certain nombre de « fonds perpétuels d’aide à l’initiative personnelle » qui devaient servir à prêter de l’argent à des nécessiteux ou à des candidats méritants affligés de handicaps physiques. D’autres fonds furent créés au Victoria General Hospital, dans diverses universités – St Mary’s, St Francis Xavier, Acadia, King’s College et Dalhousie –, à la Halifax School for the Blind et au Halifax Institution for the Deaf and Dumb. De confession catholique, Reid avait appartenu un moment au conseil du St Mary’s College.
La thèse d’Alexander Peter Reid a été publiée sous le titre An inaugural dissertation on strychnia [...] (Montréal, 1858) ; des extraits d’un texte sur le même sujet qui lui a valu un prix figurent dans le Medical Chronicle (Montréal), 5 (1857–1858) : 61–67, 111–120, 156–165. La série de Reid intitulée « A student’s letters » a aussi été publiée dans le volume 5 : 90–94, 140–142, 379–382, 427–429, 471–473, 512–514. Ses exposés intitulés Stirpiculture et Poverty superseded ont paru à Halifax, probablement en 1890 et 1891 respectivement.
Reid a aussi publié de nombreux articles dans des périodiques scientifiques et médicaux. Les plus importants sont notamment « The mixed or « halfbreed » races of northwestern Canada », Anthropological Institute of Great Britain and Ireland, Journal (Londres), 4 (1875) : 45–52 ; « Sanitary progress » et « The Public Health Act in Nova Scotia », dans Maritime Medical News (Halifax), 11 (1899) : 301–308 et 16 (1904) : 311–315 ; et « Hygienic storage and distribution of water – and fire protection », Public Health Journal (Toronto), 2 (1911) : 553–556. Ses rapports annuels à titre de surintendant médical du Nova Scotia Hospital for the Insane figurent dans le Journal and proc. de la House of Assembly, app. 3a, 1879–1893.
Annapolis County Court of Probate (Bridgetown, N.-É.), Wills, 4 : 18–21 (mfm aux PANS).— PANS, Joint Committee on [Medical] Arch. ms Coll., Medical Soc. of Nova Scotia (Halifax), file 885 (Clinical Soc. of Halifax, minute-book, 1869–1884), 6 oct. 1869, 30 mars 1870 ; MG 20, 181, scientific branch, minutes, 3 déc. 1867 ; RG 25, NS, 16, Reid à P. C. Hill, 29 déc. 1877 ; RG 32, WB, 65, 20 sept. 1875.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— C. D. Howell, A century of care : a history of the Victoria General Hospital in Halifax, 1887–1987 (Halifax, 1988) ; « Medical science and social criticism Alexander Peter Reid and the ideological origins of the welfare state in Canada », dans Canadian health care and the state : a century of evolution, C. D. Naylor, édit. (Montréal et Kingston, Ontario, 1992), 16–37.— McGill College, Faculty of medicine, Annual announcement (Montréal), 1857–1858.— Angus McLaren, Our own master race : eugenics in Canada, 1885–1945 (Toronto, 1990).— Nova Scotian Institute of Natural Science, Proc. and Trans. (Halifax), 2 (1867–1870), part. 2 : 3.
Colin D. Howell, « REID, ALEXANDER PETER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 23 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/reid_alexander_peter_14F.html.
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Auteur de l'article: | Colin D. Howell |
Titre de l'article: | REID, ALEXANDER PETER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 23 nov. 2024 |