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WILLIAMS, JAMES WILLIAM, ministre de l’Église d’Angleterre, évêque et professeur, baptisé le 17 septembre 1825 à Overton, comté de Hampshire, Angleterre, fils de David Williams et d’une prénommée Sarah Eliza ; en 1854, il épousa à Huish Champflower, Angleterre, Ann Maria Waldren, et ils eurent deux fils ; décédé le 20 avril 1892 à Québec.
James William Williams étudia d’abord auprès de son père, ministre de l’Église d’Angleterre, puis dans une grammar school à Crewkerne. En 1851, il obtint un diplôme d’humanités et de mathématiques au Pembroke College de la University of Oxford. Sans déprécier sa formation scolaire, il nota par la suite avoir surtout été influencé par les écrits du romancier Jonathan Swift et du philosophe Francis Bacon, qu’il dévorait alors, dans ses moments de loisir, « à l’ombre des haies et dans des allées solitaires ». Suivant les traces de son père, il fut ordonné diacre en 1852 et remplit un moment la charge de vicaire à High Wycombe et à Huish Champflower avant d’être ordonné prêtre en 1855. Attiré par l’enseignement, il était professeur adjoint au Leamington College depuis 1854.
En 1857, Williams immigra au Bas-Canada, car pendant l’été il avait été nommé directeur de la grammar school de Lennoxville, qui était affiliée au Bishop’s College de cette localité. Le directeur du collège, Jasper Hume Nicolls*, vit en lui « un gentleman de grande distinction [...] nanti de très bonnes lettres de créance ». À cause du manque d’élèves, l’école était fermée depuis trois ans. Lorsque Williams entra en fonction, l’établissement – installé dans une maison délabrée du village – ne comptait que huit pensionnaires et quelques externes. Moins de cinq ans plus tard, il dirigeait 128 élèves qui étaient logés dans un bâtiment neuf, sur les terrains du collège. Entre-temps, soit en 1860, Williams avait été nommé professeur de belles-lettres au collège. Il aimait tous les genres de littérature et, selon un contemporain, « lisait des ouvrages de fiction, car il avait ainsi une idée de ce qui se passait dans la société moderne ».
L’évêque de Québec, George Jehoshaphat Mountain*, mourut en janvier 1863 et, en mars, le synode diocésain tint pour la première fois une assemblée afin d’élire son successeur. Invité à prêcher, Williams parla en termes impressionnants de la charge d’évêque. Comme le synode ne parvenait pas à choisir entre les deux principaux candidats, on proposa Williams, qui fut élu au onzième tour. Il n’avait que 37 ans. En juin, en vertu d’une autorisation royale, il fut sacré évêque à Québec, dans la cathédrale Holy Trinity, par le métropolitain de la province anglicane du Canada, Francis Fulford*.
Le diocèse de Williams était immense : il s’étendait de Trois-Rivières et des Cantons-de-l’Est jusqu’au détroit de Belle-Isle et à la frontière du Nouveau-Brunswick. Comme il le sillonnait fréquemment, il convoquait le synode tous les six mois et non pas tous les ans, contrairement à Mountain. La situation n’était pas rose. La population anglophone déclinait, surtout dans les paroisses rurales. La Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts, à Londres, qui avait déjà subventionné très généreusement le diocèse, réduisait peu à peu son aide. Depuis la mort de Mountain, le gouvernement ne versait plus, à l’évêque, le salaire qui avait servi à payer plusieurs ministres du culte. Toutefois, à la fin de l’épiscopat de Mountain, un plan promu en bonne partie par Williams avait été adopté en prévision de cette situation. Les salaires des ministres étaient prélevés dans un fonds diocésain de dotation administré par un conseil et financé par les paroisses et les particuliers. Dans les faits, comme les paroisses et les missions y contribuaient selon leurs moyens, les paroisses prospères subventionnaient celles qui ne pouvaient pas s’acquitter de leurs dépenses. Grâce à ce plan, connu dans tout le pays sous le nom de « système de Williams » et internationalement par la suite sous le nom de « plan de Québec », le diocèse devint autosuffisant au cours de l’épiscopat de Williams, et 13 paroisses le devinrent aussi. De plus, on fonda 11 missions et on construisit 60 églises et 20 presbytères ; les salaires des ministres furent bientôt augmentés de façon substantielle et le furent périodiquement par la suite ; on institua un fonds de pension pour les veuves et enfants mineurs des ministres ; enfin, 3 500 $ furent versés annuellement aux missions étrangères. En 1888, à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de son épiscopat, Williams rapporta avoir confirmé 11 196 fidèles, ordonné 47 diacres et 43 prêtres, et consacré 43 églises. Ce sont des progrès remarquables si l’on songe que la population anglicane, qui s’élevait à 27 000 personnes en 1865, n’en comptait que 30 000 en 1892.
Williams s’intéressait toujours à l’éducation et, dans l’ensemble, il en avait une vision démocratique. « Aucune voie royale ne mène au savoir, écrivit-il peu après être devenu évêque, mais une large route s’ouvre à tous ceux [...] qui sont prêts à supporter la chaleur et la poussière, et à persévérer courageusement. » Néanmoins, c’étaient surtout ceux qui voulaient marquer leur génération ou convoitaient le pouvoir qu’il pressait de cultiver leur esprit pour en faire une arme. « L’usage, disait-il, lui donnera du tranchant. La science la renforcera et la trempera. La littérature la polira et en aiguisera la pointe. » Il notait que son époque se souciait d’éducation : « moulins et manufactures tournent à plein rendement pour produire des maîtres modèles – inspecteurs et examinateurs s’affairent à parcourir la terre, et il y a une conspiration générale contre le vieil et honorable ordre des cancres. » Pour lutter contre la concurrence, le pays comme l’individu devaient se tenir « au fait des connaissances de l’époque ». Cependant, l’éducation était moins, pour lui, un instrument de survie qu’un moyen d’acquérir la « culture de l’esprit », chose qui, disait-il, « permet à un homme de raisonner plutôt que d’argumenter » et ne s’acquiert que « par la fréquentation du génie ».
Williams encourageait l’éducation sous toutes ses formes : scolaire ou non, publique ou privée, masculine ou féminine, religieuse ou laïque. En tant qu’évêque, il était d’office directeur adjoint du Bishop’s College, où, cependant, les choses ne tournaient pas rond. En 1870, il envisagea de fermer la grammar school et déplora la « piètre efficacité » du collège : le nombre des inscriptions n’était que de 20 à 30 par an et les finances allaient mal. Peu d’étudiants s’intéressaient à la théologie, et il remarquait que les familles aisées n’encourageaient pas leurs fils à entrer dans le clergé. Il parraina la Church of England Young Men’s Mutual Improvement Association. En 1869, il entra au conseil provincial de l’Instruction publique ; parmi les membres protestants, il était l’un des plus assidus aux réunions. De 1880 à 1892, il présida le comité protestant du conseil. Vers 1875, il avait ardemment soutenu la fondation d’une école pour filles à Compton, connue plus tard sous le nom de King’s Hall, et avait insisté pour qu’elle dispense une formation « aussi bonne et aussi complète » que celle des écoles catholiques.
Williams était un homme ferme, parfois sévère. Il interrogeait lui-même les candidats à la confirmation et, comme l’écrivit par la suite un évêque, on pouvait « s’imaginer l’inquiétude du ministre » qui les avait préparés. Il n’était guère patient devant les orateurs qui, au synode, prononçaient des discours interminables. En 1879, sa conduite sous ce rapport provoqua du mécontentement ; il s’excusa publiquement, et des diocésains lui offrirent de prendre à leurs frais un an de congé en attendant que les choses se tassent. Il eut la sagesse d’accepter et alla visiter l’Italie et la Suisse en compagnie de sa femme. En 1890, il renvoya du Bishop’s College trois étudiants avancés qui avaient signé « une pétition insolente » contre la qualité de leur chambre et pension.
Pourtant, James William Williams était un homme respecté et aimé. Oxford lui remit une maîtrise ès arts et un doctorat en théologie. Le premier édifice du campus dont les anciens étudiants payèrent la construction une fois que le Bishop’s College eut accédé au rang université fut baptisé en son honneur en 1891. L’Événement de Québec notait qu’« il comptait des amis intimes parmi les plus hauts dignitaires du clergé catholique de cette ville ». Les rares fois où il intervint dans des assemblées publiques, il était bref, mais selon un contemporain il parlait toujours avec « force et [avec] un humour tranquille ». En 1888, George Maclean Rose le qualifia d’« ecclésiastique énergique et industrieux » et de « prédicateur sobre ». Bien que, selon Williams, « le plus éloquent des prônes [soit] une vie sainte », il publia plusieurs de ses conférences et sermons, qui révèlent son amour des classiques. Dans ses six derniers sermons, prononcés pendant le Carême en 1892, il pressa ses fidèles de mesurer l’ampleur de la contribution que l’Antiquité et le monde hébreu avaient apportée à la chrétienté. Il mourut peu de temps après. Andrew Hunter Dunn lui succéda, après quoi son propre fils, Lennox Williams, fut évêque de Québec.
James William Williams est l’auteur de : A sermon preached before the synod of the diocese of Quebec, March 4th, 1863 (Québec, 1863) ; A lecture on self-education (Québec, 1865) ; Sermon preached before the St. George’s Society in the cathedral, 23rd April (Québec, 1868) ; et A contemplation of certain events in our Saviour’s life (Montréal, 1892). Un portrait de Williams se trouve dans C. H. Mockridge, The bishops of the Church of England in Canada and Newfoundland [...] (Toronto, 1896).
ANQ-Q, CE1-61, 23 avril 1892.— Bishop’s College School Arch. (Lennoxville, Québec), Lennox Williams, « J. W. Quebec ».— Bishop’s Univ., Arch. and Special Coll. (Lennoxville), College Council, record of meetings, 24 nov. 1862 ; Corporation minutes, 30 juin 1857, 26 juin 1860, 1863–1892.— Hampshire Record Office (Winchester, Angl.), Overton, reg. of baptisms, 17 sept. 1825.— Church of England, Church Soc. of the Diocese of Quebec, Annual report, 1892 ; Diocese of Quebec, Journal of the Synod (Québec), 1863 ; 1865 ; 1871 ; 1875 ; 1879 ; 1881 ; 1888 ; 1892.— Daily Colonist (Victoria), 23 avril 1892.— L’Événement, 21 avril 1892.— Morning Chronicle (Québec), 30 juin 1888.— Stanstead Journal (Rock Island, Québec), 12 mai 1892.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth).— L.-P. Audet, Histoire du conseil de l’Instruction publique de la province de Québec, 1856–1964 (Montréal, 1964).— Philip Carrington, The Anglican Church in Canada ; a history (Toronto, 1963).— D. C. Masters, Bishop’s University, the first hundred years (Toronto, 1950).— W. P. Percival, Across the years : a century of education in the province of Quebec (Montréal, 1946), 151.— O. R. Rowley et al., The Anglican episcopate of Canada and Newfoundland (2 vol., Milwaukee, Wis., et Toronto, 1928–1961), 1.— R. H. Waterman, « James William Williams », Quebec Diocesan Gazette (Québec), 87 (1975) : 3–5.
Robin B. Burns, « WILLIAMS, JAMES WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/williams_james_william_12F.html.
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Auteur de l'article: | Robin B. Burns |
Titre de l'article: | WILLIAMS, JAMES WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 10 oct. 2024 |