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JENKINS, JOHN, ministre méthodiste et presbytérien et auteur, né probablement le 5 décembre 1813 à Exeter, Angleterre, fils de John Jenkins et de Mary Evans ; décédé le 12 avril 1898 à Dulwich (Londres).
John Jenkins fit ses études au Redford College d’Exeter et au King’s College de Londres. De 1835 à 1837, il fréquenta la Wesleyan Theological Institution de Richmond (Londres), où il fut l’élève de l’influent John Hannah. Après son ordination en 1837, la Wesleyan Methodist Missionary Society de Londres l’envoya à Mysore, en Inde, mais la maladie le força à séjourner en Angleterre en 1841–1842. Il exerça son ministère auprès d’une assemblée de fidèles anglais à Malte de 1842 à 1844, puis dans l’ouest du comté de Cornouailles jusqu’en 1847.
Cette année-là, Jenkins vint à Montréal occuper la prestigieuse fonction de ministre à l’église méthodiste Great St James Street. Prédicateur et conférencier éloquent, il ne tarda pas à se faire connaître. Cependant, la situation de sa congrégation n’était pas aussi bonne que la sienne. C’est dans un élan d’optimisme en 1844–1845 que l’on avait construit l’immense église. Mais en raison de la crise économique et des conflits politiques qu’engendraient les mesures réformistes du gouvernement de Louis-Hippolyte La Fontaine* et de Robert Baldwin*, les commerçants anglophones de Montréal n’éprouvaient plus que pessimisme et colère. La frustration populaire culmina en 1849 : mécontents du projet de loi pour l’indemnisation des pertes subies pendant la rébellion, des émeutiers incendièrent les édifices du Parlement, et l’on publia le Manifeste annexionniste [V. James Bruce*], que signèrent plusieurs des principaux membres de la congrégation de Jenkins. Dans l’espoir de régler les difficultés financières de sa congrégation, Jenkins se rendit en Grande-Bretagne et aux États-Unis pour lever des fonds, mais il ne réussit qu’à différer la crise. En 1852, la séparation des méthodistes wesleyens britanniques du Bas-Canada en trois circonscriptions ecclésiastiques fit perdre d’autres appuis à sa congrégation, car beaucoup de fidèles mécontents se joignirent à la petite congrégation méthodiste New Connexion. Une fois cette division consommée, la Conférence britannique proposa à la Conférence canadienne de lui transférer l’administration de son district de l’est (Bas-Canada). Jenkins amena les trois délégués du clergé britannique envoyés au Canada à négocier le transfert (réalisé en 1854), mais l’issue des pourparlers peut lui avoir déplu.
Au début de 1853, soit au plus fort du débat sur l’« agression papale », c’est-à-dire le rétablissement de la hiérarchie catholique en Angleterre en 1850, Jenkins prononça contre les doctrines catholiques une série de conférences auxquelles assistèrent des auditoires « très nombreux et profondément attentifs ». Réunies sous le titre de A Protestant’s appeal to the Douay Bible, and other Roman Catholic standards, in support of the doctrines of the Reformation, ces conférences connurent quatre éditions en 1853. En juin de la même année, à cause de celles-ci, on demanda à Jenkins de présenter le violent ex-barnabite et révolutionnaire italien, Alessandro Gavazzi, dont le discours, prononcé devant une foule immense en l’église Zion, fut suivi d’une émeute. La lutte de Jenkins contre le « romanisme » lui valut des félicitations de la part de l’assemblée du district du Canada-Est de l’Église méthodiste wesleyenne britannique en Canada. Quant aux membres de sa congrégation, ils lui offrirent 1 000 $ et un service d’argenterie.
À l’automne de 1853, Jenkins accepta l’invitation d’une congrégation presbytérienne de Philadelphie. En novembre, le consistoire de l’endroit l’admit « à ses propres conditions » – c’est-à-dire qu’il pourrait continuer d’enseigner la doctrine arminienne du libre arbitre au lieu de la doctrine calviniste de la prédestination. Outre ses fonctions de pasteur, il assuma durant dix ans celles de corédacteur en chef de la Presbyterian Quarterly Review de Philadelphie. Toutefois, étant anglais, il trouva difficile d’exercer son sacerdoce dans cette ville au moment où le déclenchement de la guerre de Sécession fit monter le ressentiment contre la Grande-Bretagne. Il rentra donc en Angleterre en 1863 et se joignit à l’Église presbytérienne de son pays. Il n’y resta que peu de temps, puis regagna Montréal avant la fin de l’année.
Le 27 juin 1865 eut lieu l’installation de Jenkins en l’église St Paul, affiliée à l’Église d’Écosse et l’une des congrégations protestantes de Montréal les plus importantes. L’église St Paul fut vendue aux enchères à titre de propriété commerciale en 1866, et l’on érigea un immense édifice rue Dorchester (boulevard René-Lévesque). Élu modérateur du synode de Montréal et d’Ottawa en 1869 et 1878, Jenkins fut aussi élu, en 1878, modérateur de l’Assemblée générale de l’Église presbytérienne au Canada. De 1876 à 1881, il fut convocateur du comité de l’Assemblée générale au sujet du Presbyterian Record, organe officiel de l’Église. En outre, de 1853 à 1885, il publia nombre de sermons, conférences et notices biographiques sur des membres du clergé.
Comme tous les presbytériens, Jenkins s’intéressait à l’éducation. Président du Bureau des commissaires des écoles protestantes de Montréal de 1866 à 1878, il fit partie du conseil du McGill College de Montréal et fut l’un des administrateurs du Queen’s College de Kingston, en Ontario. En 1859, le College of the City of New York lui avait conféré un doctorat honorifique en théologie ; pour sa contribution à l’éducation, le McGill College lui octroya en 1879 un doctorat en droit et le fit governor’s fellow. De plus, il fut pendant un temps président du Literary Club de Montréal.
Régulièrement empêché de travailler en hiver à cause de crises de bronchite, John Jenkins quitta l’église St Paul à l’automne de 1881 avec une allocation de 2 000 $ par an. Cependant, il continua de prêcher occasionnellement jusqu’en 1887, et demeura membre du consistoire de Montréal jusqu’en 1891. Selon un contemporain, « il était plutôt petit [...] mais extrêmement beau et présentable – blond et au teint coloré ». En 1837, il avait épousé Harriet Shepstone, de Mysore (décédée en 1875), avec qui il avait eu sept enfants. L’un d’eux, John Edward, devint un auteur et un homme politique en vue en Angleterre. En 1877, Jenkins épousa Louisa Mary MacLennan, fille d’un ministre presbytérien écossais. Il passa ses dernières années en Angleterre, où il mourut en avril 1898 ; il repose au Norwood Cemetery de Londres.
John Jenkins est l’auteur de : A Protestant’s appeal to the Douay Bible, and other Roman Catholic standards, in support of the doctrines of the Reformation (Montréal, 1853) ; The faithful minister : a memorial of the late Rev. William Squire [...] comprising the funeral sermon [...] and a brief sketch of his life and labours (Montréal, 1853) ; Thoughts on the crisis (Philadelphie, 1860) ; Two fast day discourses preached in Philadelphia in relation to the Civil War (Philadelphie, 1862–1863) ; Canada’s thanksgiving for national blessings in the year of Our Lord, 1865 [...] (Montréal, 1865) ; To the kirk-sessions and congregations of the Presbyterian Church of Canada in connection with the Church of Scotland ([Montréal, 1869]) ; « [Funeral sermon] », [James Croil], Life of the Rev. Alex. Mathieson [...] and three discourses preached by Dr. Mathieson [...] (Montréal, 1870) ; Sermons delivered at the opening of St. Andrew’s Church, Ottawa, 25th January, 1874 (Ottawa, 1874) ; Address at the opening of the new high school, Montreal, on May 21st, 1878 ([Montréal, 1878]) ; An address suggested by the death of H.R.H. the Princess Alice [...] (s.l., [1878]) ; Christian giving illustrated and enforced by ancient tithing [...] (Montréal, 1881) ; An address suggested by the death of H.R.H. the Duke of Albany (s.l., [1884]) ; et « Atheism or theism ; which ? », Questions of the day : lectures delivered in David Morrice Hall, Montréal, in 1883–84 (Montréal, 1885), 71–86.
PCC Acts and proc.— Presbyterian (Montréal), 28 (1875) : 226.— Presbyterian Church of Canada in connection with the Church of Scotland, A historical and statistical report for the year 1866 (2e éd., Montréal, 1868).— Presbyterian Record (Toronto), 23 (1898) : 125.— Wesleyan Methodist Church in Canada, Minutes of twelve annual conferences, from 1846 to 1857 inclusive [...] (Toronto, 1863).— Westminster (Toronto), [2e] sér., 4 (janv.–juin 1898) : 395, 418–419.— Christian Guardian, 1er, 15 juin, 23 nov. 1853.— Montreal Daily Star, 12 avril 1898.— Canadian biog. dict.— Cornish, Cyclopædia of Methodism.— Handbook of the Presbyterian Church in Canada, 1883, A. F. Kemp et al., édit. (Ottawa, 1883).— Morgan, Bibliotheca canadensis.— Hew Scott et al., Fasti ecclesiœ scoticanœ : the succession of ministers in the Church of Scotland from the Reformation (nouv. éd., 9 vol. parus, Édimbourg, 1915– ), 7.— Campbell, Hist. of Scotch Presbyterian Church.— Carroll, Case and his cotemporaries, 5 : 42.— N. H. Mair, The people of St James, Montreal, 1803–1984 ([Montréal, 1984]).— Robert [Philippe] Sylvain, Clerc, garibaldien, prédicant des deux mondes : Alessandro Gavazzi (1809–1889) (2 vol., Québec, 1962).
John S. Moir, « JENKINS, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/jenkins_john_12F.html.
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Auteur de l'article: | John S. Moir |
Titre de l'article: | JENKINS, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |