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MILLER, LINUS WILSON, fermier et rebelle, né le 28 décembre 1817 à Delanti (aujourd’hui Stockton), N.Y., fils de Benjamin Miller, colon et pionnier du comté de Chautauqua, N.Y., et de Laura Hamlin, décédé le 11 avril 1880 à Jamestown, N.Y.
Linus Wilson Miller était du nombre de ces Américains qui épousèrent ardemment la cause des Patriotes du Haut-Canada. Il fit des études de droit sous la direction du juge James Mullett. Puis, au début du printemps de 1838, il alla visiter le Haut-Canada afin de vérifier la justesse de ses vues sur la situation dans la colonie. Il retourna au Canada en avril, à titre d’émissaire de la Canadian Refugee Relief Association de Lockport, New York, afin de faire évader sept hommes qui avaient été condamnés à mort pour leur participation à la rébellion et qu’on détenait à la prison de Hamilton. Au dire de Miller, le complot échoua à cause des agissements du « prince des traîtres, Jacob Beemer ». Quant à Miller, il gagna les États-Unis de justesse.
Il entra de nouveau au Haut-Canada en juin 1838, seul, en qualité d’officier d’état-major du général Donald M’Leod de l’armée des Patriotes. On avait dressé les plans généraux d’une invasion fixée au 4 juillet et M’Leod vit le succès de sa stratégie compromis lorsque parvint la nouvelle qu’un petit groupe de Patriotes, et parmi eux Beemer, sous le commandement du colonel James Morreau, se trouvait à proximité de Short Hills, dans la péninsule du Niagara. Miller fut dépêché auprès d’eux, porteur des ordres de M’Leod leur enjoignant de se retirer, mais ils refusèrent d’obéir. La frontière était trop étroitement surveillée pour permettre à Miller de retourner aux États-Unis ; il se joignit donc aux maraudeurs mais on le captura presqu’aussitôt. Miller et 15 autres hommes furent jugés à Niagara et condamnés à mort, mais la sentence fut plus tard commuée en relégation dans une colonie pénitentiaire d’outre-mer. D’abord emprisonné à Fort Henry, Miller fut plus tard expédié en Angleterre et détenu pendant six mois à la prison de Newgate pendant que, en Angleterre, la Cour du banc de la reine instruisait les causes. Finalement, la condamnation à la relégation fut maintenue pour les 16 hommes, en dépit des défenses présentées par lord Brougham, John Arthur Roebuck, Joseph Hume et William Henry Seward qui fera plus tard partie du cabinet d’Abraham Lincoln. On embarqua Miller et ses compagnons sur le Canton en même temps qu’un grand nombre de criminels anglais et, le 12 janvier 1840, ils débarquèrent à Hobart dans la Terre de Van Diemen, connue aujourd’hui sous le nom de Tasmanie.
Pendant les quatre années qui suivirent, Miller et les criminels anglais furent soumis à des travaux pénibles et à de durs traitements. Pendant un temps, on l’interna à Brown’s River Road Station avec les autres prisonniers canadiens puis on le transféra à Lovely Banks d’où il tenta de s’enfuir en 1840 ; après quoi, on l’incarcéra à la prison à sécurité maximum de Port Arthur. Ce n’est que la dernière année de son emprisonnement qu’il connut un adoucissement à sa condition. Il fut gracié en 1843, à la suite du rappel du lieutenant-gouverneur de la Terre de Van Diemen, sir John Franklin* ; par la suite, il occupa la charge de précepteur des enfants de Thomas James Lempriere, commissaire adjoint de la colonie. Miller quitta la colonie en septembre 1845 et débarqua aux États-Unis le 25 janvier 1846.
Le récit de son exil est contenu dans un livre qu’il écrivit et publia en 1846, après son retour. Dans ce livre, divisé en trois parties inégales, Miller parle de son service dans les rangs des Patriotes du Haut-Canada, de son procès en Angleterre devant la Cour du banc de la reine, puis de son exil de 1840 à 1844. Miller fournit d’amples détails sur la vie pénitentiaire. Son style est amer et emphatique et ses lecteurs seraient en droit de douter de son équilibre mental. En dépit du parti pris évident de l’auteur, ce récit est, de tous les mémoires qu’ont rédigés les détenus de la Terre de Van Diemen, un de ceux qui fournissent le plus de renseignements.
Le 10 janvier 1850, Miller épousa Anne Jeanette Curtis dont il eut deux fils et trois filles. Miller se livra à l’exploitation agricole et s’intéressa à l’industrie laitière à Delanti. Il alla s’installer à Jamestown, N.Y., peu de temps avant de mourir.
L. W. Miller, Notes of an exile to Van Dieman’s Land : comprising incidents of the Canadian rebellion in 1838, trial of the author in Canada, and subsequent appearance before her majesty’s Court of Queen’s Bench, in London, imprisonment in England, and transportation to Van Dieman’s Land [...] (Fredonia, N.Y., 1846).— Fredonia Censor (Fredonia, N.Y.), 21 avril 1880, 7 avril 1897.— E. C. Guillet, The lives and times of the Patriots ; an account of the rebellion in Upper Canada, 1837–1838, and the Patriot agitation in the United States, 1837–1842 (Toronto, 1938).— Fred Landon, An exile from Canada to Van Diemen’s Land ; being the story of Elijah Woodman transported overseas for participation in the Upper Canada troubles of 1837–38 (Toronto, 1960), 178, 204–207, 212, 216, 255s.— A. W. Young, History of Chautauqua County, New York : from its first settlement to the present time (Buffalo, N.Y., 1875).
Fred Landon, « MILLER, LINUS WILSON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/miller_linus_wilson_10F.html.
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Auteur de l'article: | Fred Landon |
Titre de l'article: | MILLER, LINUS WILSON |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |