O’BRIEN, LUCIUS JAMES, médecin, journaliste et fonctionnaire, né à Woolwich, Angleterre, le 26 juillet 1797, fils aîné de Lucius O’Brien, capitaine de l’artillerie royale, et de Mary Callender-Campbell, décédé à Ottawa, Ontario, le 14 août 1870.
Élevé à Cork, en Irlande, où son père était employé comme payeur général au service de l’Intendance militaire, Lucius James O’Brien entreprit des études de médecine à l’University of Edinburgh en 1812. Il obtint son diplôme de docteur en médecine en 1819 ; sa thèse, intitulée « De amaurosi », portait sur la perte de la vue sans cause apparente. Pendant ses études, il devint membre du Royal College of Surgeons de Londres en 1817 et de la Royal Medical Society d’Édimbourg en 1818. Il fit son internat à la Royal Infirmary à Édimbourg où il noua une amitié durable avec sir Robert Christison, qui devint plus tard professeur de matière médicale à Édimbourg. Christison aida un jour O’Brien à se tirer de deux duels que lui avait valus une beuverie d’étudiants.
Une fois reçu, O’Brien ouvrit un cabinet à Cork. En 1822, il épousa Rosalie Roche et partit peu après à la Jamaïque pour des raisons financières ; il fut médecin adjoint puis médecin du régiment de Kingston. Il ouvrit également un cabinet privé à Kingston. Des écrits de William Canniff* décrivent l’héroïsme dont O’Brien fit preuve au cours de la révolte des esclaves (Sharpe’s rebellion) en 1831–1832, mais on ne peut confirmer la véracité de ce récit. L’épouse d’O’Brien mourut en 1825 et, en 1830, il épousa Elizabeth Lindo (1801–1894) de Constant Spring ; ces deux mariages lui donnèrent plusieurs enfants.
En 1832, il décida d’aller rejoindre son frère Edward George* dans le Haut-Canada et s’installa à York (Toronto). En septembre, il reçut l’autorisation de pratiquer. En 1833, il s’installa à Thornhill où il « recruta bientôt une vaste clientèle, peu rémunératrice cependant ». Pendant son séjour à Thornhill, il participa, ironie du sort, à la création d’une société de tempérance et, en 1837, il fut nommé magistrat du district de Home. Il devint également membre de l’Upper Canada Medical Board ; lorsque cette commission fut remplacée par l’éphémère College of Physicians and Surgeons, de 1839 à 1841, il occupa les postes de secrétaire et de registraire.
La rébellion de 1837 obligea cependant O’Brien à regagner Toronto à titre de médecin militaire. Il tenta de nouveau de se faire une clientèle à Toronto mais n’y parvint pas et décida de s’installer plus à l’ouest, à Beachville, dans le comté d’Oxford. L’abus qu’il faisait de la boisson l’avait mis entre temps dans une pénible situation financière ; en juillet 1845 cependant, dans une lettre à Edward, il déclarait : « J’ai renoncé pour de bon à la triste cause de mes ennuis et sachant bien que les demi-mesures ne peuvent suffire je me suis abstenu totalement au cours des dix-huit derniers mois. » À partir de 1839, Lucius avait également tenté d’obtenir une chaire à l’université à Toronto ; en septembre 1845, l’année qui suivit la fondation de la faculté de médecine, sa nomination comme professeur de médecine légale régla ses difficultés financières ; il occupa ce poste jusqu’à la suppression de la faculté en 1853. Il fut membre du conseil d’administration du Toronto General Hospital (1847), vice-président de l’Upper Canada Bible Society (1840–1853), membre du comité de rédaction de l’Upper Canada Journal of Medical, Surgical, and Physical Science (1851–1854) et participa activement à la Toronto Medico-Chirurgical Society.
O’Brien fut également rédacteur au Toronto Patriot, qu’ Edward George acheta en 1848, jusqu’à ce qu’un désaccord avec ce dernier au sujet du contenu du journal mette fin à sa carrière. Samuel Thompson* qui dirigeait le journal l’a décrit comme « un rédacteur très cultivé et très doué mais peu populaire ». L’assertion de Canniff voulant que Lucius ait collaboré à d’autres journaux ne semble pas fondée.
Vers le milieu des années 50, O’Brien avait perdu son poste de journaliste et celui de professeur, ne jouissait que d’une clientèle réduite et avait englouti son argent dans des spéculations imprudentes ; il se trouva donc de nouveau en difficulté. Les faveurs de l’inspecteur général William Cayley*, qui lui obtint un poste de secrétaire dans son service en 1856, le tirèrent d’embarras. Du poste de secrétaire, il fut muté en 1857 au bureau des Douanes ; il s’installa ensuite à Ottawa en 1865 où il travailla comme fonctionnaire du gouvernement et, au moment de la ratification de la Confédération, il se vit confier la comptabilité de la division de l’accise, poste qu’il assuma jusqu’à sa mort.
Christison a résumé ainsi sa carrière: « O’Brien était doué ; ce fut un étudiant appliqué et remarqué ; à l’hôpital, il faisait preuve de grandes facultés d’observation et ses qualités de médecin ne faisaient aucun doute. Bizarre ! tristement bizarre ! que la vie de cet homme ait abouti à un tel échec. » Bien qu’il fût affable, de commerce agréable et particulièrement doué, son intempérance semble avoir contrecarré tous les efforts qu’il déploya pour réussir dans une carrière.
L. J. O’Brien est l’auteur de On syncope, asphyxia and asthenia et de On the non-contagions nature of scarlatina parus respectivement dans le Upper Canada Journal of Medical, Surgical, and Physical Science (Toronto), I (1851–1852) : 7–10, et II (1852–1853) :121–125.
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Frederick H. Armstrong, « O’BRIEN, LUCIUS JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/o_brien_lucius_james_9F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 11 oct. 2024 |