Titre original :  Brigadier-General Alexander Walker of Bowland painted by Sir Henry Raeburn. Image courtesy of Christchurch Art Gallery Te Puna o Waiwhetu, presented by the Walker family, 1984.

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WALKER, ALEXANDER, explorateur et auteur, né le 12 mai 1764 à Collessie, Écosse, fils aîné de William Walker, ministre de l’Église d’Écosse, et de Margaret Manderston ; le 12 juillet 1812, il épousa en Écosse Barbara Montgomery ; décédé le 5 mars 1831 à Édimbourg.

Alexander Walker avait sept ans lorsque son père mourut. Même s’il fréquenta, la grammar school et l’université à St Andrews, en Écosse, il affirmera plus tard que « la pauvreté [leur avait été] donnée en partage [...] comme contrepoids à l’orgueil familial », et que « les jeunes générations se devaient d’aller chercher fortune dans les terres lointaines ». Comme beaucoup de jeunes Écossais, il se tourna vers l’Inde et, en 1780, devint cadet de l’East India Company. En 1781, il partit pour Bombay où il fut nommé enseigne l’année suivante. Durant le siège de Mangalore par le chef indien Tippoo Sahib, Walker se distingua et s’offrit en otage pour garantir les conditions de la trêve lors de l’abandon de la forteresse par les Britanniques en 1784.

Jeune homme intelligent et ambitieux, impatient de voir le monde, Walker saisit l’occasion, en 1785, d’accompagner le marchand James Charles Stuart Strange* qui se rendait sur la côte nord-ouest de l’Amérique. Le comité de Bombay de l’East India Company, qui espérait s’assurer la maîtrise de la traite des fourrures dans cette région au profit de la compagnie, donna un congé à Walker et à un petit groupe de soldats afin qu’ils accompagnent l’expédition. Walker reçut le commandement du détachement qui devait demeurer en Amérique où il serait en garnison et participerait à la traite. Le Captain Cook, brick de 350 tonneaux, et l’Experiment, senau de 140 tonneaux, quittèrent l’Inde tard la même année et firent voile vers l’Amérique du Nord en passant par Goa, Bornéo et les Philippines. À la fin de juin 1786, Strange et ses hommes atteignirent le littoral nord-ouest de l’Amérique. Jusqu’au 16 septembre, ils firent la traite et explorèrent depuis la pointe Woody (probablement le cap Cook, Colombie-Britannique) jusqu’au détroit du Prince-Guillaume (Alaska), tout en faisant des arrêts prolongés au havre Friendly (anse Friendly, Colombie-Britannique), dans la baie Nootka et dans le détroit du Prince-Guillaume. Au havre Friendly, en particulier, Walker passa quelque temps à terre pour observer le mode de vie des autochtones. Peu après leur arrivée sur la côte, Strange décida, par mesure d’économie, de ne pas laisser de garnison. Selon Walker, cette décision que rien ne justifiait était la conséquence d’un manque de sang-froid de sa part.

Comme les activités commerciales de l’expédition ne le concernaient pas et qu’il avait perdu la raison d’être de sa venue en Amérique, Walker se consola en s’adonnant à une activité qui allait l’intéresser toute sa vie : l’observation et l’étude des autochtones. Son ouvrage sur les us et coutumes des autochtones de la baie Nootka et du détroit du Prince-Guillaume constitue la première description détaillée faite à leur sujet à partir d’une recherche approfondie réalisée sur les lieux mêmes. Après son retour en Inde en 1787, Walker ajouta d’autres renseignements de première main, dont ceux qu’il recueillit au cours d’un très long entretien qu’il eut avec John Mackay*, apparemment en 1788 ; Mackay était le seul homme que Strange avait laissé sur le continent américain. Par la suite, Walker révisa son journal à plusieurs reprises à la lumière des nouvelles informations qu’il pouvait obtenir ou des ouvrages d’ethnologie qui se multipliaient.

Walker avait l’œil juste et le souci de formuler des hypothèses intelligentes sur ce qu’il observait. En outre, il demeurait prêt à modifier son point de vue devant un témoignage plus concluant. Il possédait déjà une certaine connaissance de la langue nootka pour en avoir étudié le vocabulaire dans l’ouvrage du capitaine James Cook* et, au cours de ses recherches, il eut l’occasion de l’améliorer considérablement. Il fut impressionné par la finesse des pratiques commerciales des autochtones et par leur bonne santé en général ; ces observations étaient d’autant plus importantes que les contacts culturels dataient de peu. D’abord convaincu que les Nootkas étaient des cannibales, il changea d’avis en prenant connaissance des expériences de Mackay. Malgré sa tendance à considérer les Indiens comme des sauvages à l’état naturel, Walker fit preuve d’un relativisme et d’un fonctionnalisme sains dans l’évaluation de leurs réalisations et de leurs comportements. « Le sauvage est le prototype de l’homme civilisé, écrivit-il. Ses facultés sont moins développées, son bagage d’idées est moindre et il y a moins de diversité dans les caractères. Cependant, pour plusieurs activités utiles et même indispensables à la vie ou pour les connaissances nécessaires à la protection personnelle, le sauvage est presque sur un pied d’égalité avec l’homme qui a été initié aux activités d’une vie normale. » Walker était d’avis que la lutte pour la survie expliquait « tant de traits déplaisants » du caractère de l’Indien. « Parce qu’il devient méfiant, fourbe et traître, le vrai sauvage est à peine capable de générosité. La gratitude et la bienveillance lui sont inconnues. La pratique de ces vertus ne lui serait d’ailleurs d’aucune utilité ; bien au contraire, elle compromettrait sa sécurité personnelle. » Par contre, l’instinct de conservation engendrait de belles qualités. Les Indiens étaient « sensibles aux beautés de la nature et à l’affection [... et] extrêmement loyaux les uns envers les autres [parce que] leur sécurité dépend[ait] de la solidité de leurs liens affectifs ». Walker se rendit compte que leur perception de la vie différait de celle des « hommes civilisés » ; pour eux, « l’attachement à la nature et à la liberté [était] plus fort que l’attrait du plaisir des sens ». Walker admettait également que les Européens n’étaient pas exempts de pratiques inhumaines envers les Indiens et qu’ils faisaient souvent preuve d’injustice et d’incompréhension à leur égard.

Une fois de retour en Inde, Alexander Walker continua de travailler pour l’East India Company au sein de laquelle il eut une carrière militaire et administrative remarquable. En 1788, il fut promu lieutenant et, dans les années qui suivirent, il participa à plusieurs campagnes. En 1802, il était résident politique à Baroda. Cinq ans plus tard, il dirigea une expédition au Kattywar (Kāthiāwār), qui lui valut « l’appréciation et l’entière approbation » du gouverneur général. Il réussit à mettre un terme aux pratiques d’infanticide qui avaient cours dans cette région. Il devint lieutenant-colonel en 1808. Il n’en continua pas moins ses activités intellectuelles, accumulant une importante collection de manuscrits arabes, perses et sanscrits. Il partit pour l’Angleterre en 1810 et se retira en Écosse en 1812. Dix ans plus tard, il reprit le service actif après avoir reçu le grade de général de brigade et le mandat de gouverneur de l’île Sainte-Hélène, qui était alors sous la juridiction de l’East India Company. Comme il l’avait fait en Écosse, il y poursuivit ses études ethnographiques et la révision du manuscrit de ses récits de voyage en Amérique du Nord. Il mourut en mars 1831, peu après s’être retiré une seconde fois.

J. M. Bumsted

Le journal d’Alexander Walker, dans sa version finale prête pour la publication, n’a pas paru de son vivant. Il se trouve à la NLS, Dept. of mss, sous la cote ms 13780. Découvert depuis peu, il fut édité par Robin Fisher et J. M. Bumsted sous le titre de An account of a voyage to the north west coast of America in 1785 & 1786 (Vancouver et Toronto, s.d.). Avec des brouillons (Ms 13776–13779 et 13781) ainsi que des notes autobiographiques (ms 13735), il constitue la source la plus intéressante pour une étude du voyage de Walker ; parmi la masse considérable du fonds Walker of Bowland seulement une petite fraction concerne l’Amérique du Nord.  [j. m. b.]

PABC, AA10/G79B, 6a (transcriptions).— Gentleman’s Magazine, janv.–juin 1831 : 466–468.— James Strange, James Strange’s journal and narrative of the commercial expedition from Bombay to the north-west coast of America [...] (Madras, Inde, 1928 ; réimpr., 1929).— DNB.

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J. M. Bumsted, « WALKER, ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 3 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/walker_alexander_6F.html.

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Auteur de l'article:    J. M. Bumsted
Titre de l'article:    WALKER, ALEXANDER
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
Date de consultation:    3 oct. 2024