SAUREL, PIERRE DE, capitaine du régiment de Carignan-Salières, seigneur, né en 1628, à Notre-Dame de Grenoble, de Mathieu de Saurel et de Jeanne de Giraud, décédé à Montréal en 1682.
Sa carrière pré-canadienne nous est inconnue. Mais il semble être entré jeune dans l’armée puisqu’en 1665 il est capitaine dans le régiment de Carignan-Salières. Le 14 mai de cette année-là, Talon, assistant à La Rochelle à une revue des troupes avant le départ pour le Canada, se dit très satisfait de la tenue des soldats, et spécialement de ceux de Saurel, à qui il conseille au roi de donner 15 ou 20 pistoles parce que sa compagnie « a parû la meilleure aux yeux de tous. » Après une traversée orageuse sur le navire Paix, Saurel débarque avec quatre compagnies à Québec, vers le 18 août, le lendemain de l’arrivée, sur l’Aigle d’Or, du colonel du régiment, le marquis de Salières, et de quatre autres compagnies.
Dès le 25 août, il est envoyé avec ses hommes par Prouville de Tracy construire un fort à ‘l’embouchure de la rivière des Iroquois (le Richelieu) sur les ruines de celui qu’avait établi Huault de Montmagny en 1642, à l’emplacement actuel de la ville de Sorel.
Le père François Du Peron étant mort au fort de Chambly le 10 novembre 1665, Saurel reçut le corps « au bord de l’eau avec tous ses soldats soubs les armes » qui le gardèrent « toute la nuit avec des cierges allumez. »
Saurel passa l’hiver de 1665–1666 dans son fort. Le 27 juillet 1666, il prit la tête, à Québec, d’une expédition de 200 Français et d’une centaine d’Indiens contre le village des Agniers qui avaient tué ou fait prisonniers sept Français. Près de leur bourgade, il rencontra le Bâtard Flamand qui ramenait deux prisonniers et « qui venoient offrir toute sorte de satisfaction pour le meurtre de ceux qui avaient esté tués & de nouvelles seuretés pour la paix. »
Le 20 août, accompagné du chef indien, Saurel était de retour à Québec. Le 14 septembre, il fit partie de l’expédition de Tracy contre les villages agniers ; il conduisait l’arrière-garde avec le capitaine Berthier*.
Il profita du licenciement du régiment en 1668 pour se marier, le 10 octobre, à Québec, avec Catherine, fille de Charles Legardeur de Tilly et de Geneviève Juchereau de Maur. Il s’établit alors sur la terre de Sorel, qui lui fut officiellement concédée en seigneurie en 1672.
Talon le considère bien, quoique vers 1673, il s’inquiète de son ambition : il a « de grands buts et de grands desseins qui me font appréhender en luy, Piedmontois, un trop grand Establissement en un pays si esloigné de l’autorité originaire. »
Il est l’un des habitants consultés par Buade de Frontenac en 1678 à propos de la vente de l’eau-de-vie aux sauvages. Il approuve ce commerce, car, d’après lui, les Indiens iront chez les Hollandais, à défaut d’aller chez les Français. Il est d’ailleurs activement engagé dans la traite des fourrures. En 1681, d’après Frontenac, il a « 5 canots et dix hommes en traite dans les bois. » On l’accuse aussi la même année devant le Conseil souverain d’avoir permis « beaucoup de choses dans [sa] maison [...]en dérision des ordres du Roy et au mespris de la justice. »
À l’été de 1682, il entre en association avec Aubert* de La Chesnaye, Radisson*, Chouart Des Groseilliers et plusieurs autres pour une expédition vers la baie d’Hudson. Il semble les avoir accompagnés. À son retour, il assiste à Québec, le 10 octobre, à une assemblée pour délibérer sur la question iroquoise. Ses affaires l’ayant appelé à Montréal, il y meurt le 26 novembre 1682, sans laisser de descendants. Sa femme eut des difficultés avec sa succession et dut vendre la seigneurie aux enchères en 1713. Claude de Ramezay* s’en porta acquéreur.
AJQ, Greffe de Romain Becquet, 9 oct. 1668.— APQ, Philippe Sainte-Marie, Esquisse de l’histoire de Saurel sous la domination française et sous la domination anglaise (manuscrit inédit).— Correspondance de Frontenac (1672–82), RAPQ, 1926–27 ; 123.— Correspondance de Talon, RAPQ, 1930–31 : 24, 47, 132, 174.— Découvertes et Établissements des Français (Margry), I : 405.— Édits ord., II : 103.— JJ (Laverdière et Casgrain).— JR (Thwaites).— Jug. et délib., I ; II ; IV ; VI.— Perrot, Mémoir, dans Indian tribes (Blair), I : 201.— Recensement de 1681.— P.-G. Roy, Inv. concessions, II : 167s.— BRH, I (1895) 89 ; VI (1900) : 219 ; XII (1906) : 375 ; XV (1909) 58 ; XVIII (1911) 194 ; XXVII (1921) : 28s. ; XXX (1924) : 249–252 ; XLVI (1940) : 115, 240.— Charlevoix, Histoire de la N.-F.— A. Couillard-Després, Histoire de Sorel de ses origines à nos jours (Montréal, 1926) ; Les Origines de la seigneurie de Saurel : M. Pierre de Saurel, seigneur de Saurel, et ses premiers censitaires, MSRC, XVII (1923), sect. i : 183–191.— Faillon, Histoire de la colonie française, III : 222.— Germain Lesage, L’Arrivée du régiment de Carignan, Revue de l’université d’Ottawa, XXXV (1965) : 11–34.— É.-Z. Massicotte, Le Tribunal seigneurial de Sorel et autres, BRH, L (1944) : 13s.— O. Maurault, À propos d’une visite princière, Cahiers des Dix, IV (1939) : 119s.— Nute, Caesars of the wilderness, 186.— Roy et Malchelosse, La Régiment de Carignan.— Pierre Saint Olive, Les Dauphinois au Canada. Essai de catalogue des Dauphinois qui ont pris part à l’établissement du Régime français au Canada, suivi d’une étude sur un Dauphinois canadien : Antoine Pécody de Contrecœur (Paris, 1936).— Sulte, Mélanges historiques, VIII.
Jean-Guy Pelletier, « SAUREL, PIERRE DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/saurel_pierre_de_1F.html.
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Auteur de l'article: | Jean-Guy Pelletier |
Titre de l'article: | SAUREL, PIERRE DE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 21 nov. 2024 |