Sport et nationalisme canadien
L’organisateur et journaliste sportifs Henry John Prescott Wilshere Good a travaillé à attiser la fierté nationale en soulignant les prouesses des athlètes, qu’il considérait comme un symbole du dynamisme du pays :
Durant sa longue carrière, Henry John Prescott Wilshere Good mit l’accent sur trois valeurs qui ont fait la force du sport amateur au Canada : le divertissement de bon aloi, les belles qualités viriles et le nationalisme. Il faisait la promotion des sports parce qu’ils favorisent la santé, les vertus civiques et l’amitié […] Il exécrait la bagarre au hockey et avait une piètre opinion de la boxe. Sans doute ses textes se distinguent-ils surtout par leur teneur canadienne. Good parlait non seulement des sports ontariens, mais aussi des exploits et des perspectives d’avenir des athlètes des Maritimes, de la province de Québec et de l’Ouest, ainsi que des immigrants et des Premières Nations. Ses articles regorgeaient de suggestions pour mousser les talents issus du pays. Régulièrement, il régalait ses lecteurs en leur parlant des victoires canadiennes à l’étranger et se plaignait quand des athlètes de haut calibre – par exemple le coureur étoile du Toronto Lacrosse Club, George Washington Orton – s’en allaient aux États-Unis. (Orton fut le premier Canadien à remporter une médaille d’or olympique, à la course d’obstacles en 1900, mais il portait l’uniforme de la University of Pennsylvania.) La réussite sportive, affirmait Good, était un indice de la vitalité d’une nation, et le Canada devait viser à se classer dans le peloton de tête.
Le dentiste montréalais William George Beers a travaillé sans relâche à l’accession de la crosse au statut de sport national canadien :
La volonté de Beers de donner une impulsion à la crosse révélait un ardent nationalisme. « Si la république de Grèce fut redevable aux Jeux Olympiques, si l’Angleterre avait des motifs de louer le jeu de cricket, le Canada peut, quant à lui, s’enorgueillir de la crosse », affirmait-il. « Elle a amené des jeunes gens de tout le dominion à faire un exercice sain ; [...] et [elle] a peut-être contribué plus que n’importe quoi à instiller le sentiment de patriotisme chez les jeunes hommes du Canada. » Beers fit si bien pour promouvoir la crosse qu’il parvint à implanter et à répandre le mythe selon lequel ce jeu avait été déclaré sport national du Canada par une loi du Parlement. Ce rang de sport national reviendrait tout de même à la crosse vers la fin du siècle.
Les biographies suivantes permettent d’en savoir davantage sur le rôle du sport et des réalisations des athlètes dans la formation et le maintien d’un nationalisme canadien.