WHITE, JOSEPH, potier, né le 28 décembre 1799 à Bristol, Angleterre, fils de Joseph White et de Charlotte Somers ; il épousa, en Angleterre, Elizabeth Wilkey, qui donna naissance à sept enfants ; décédé le 15 janvier 1870, à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick.

Fils de potier, Joseph White fonda une poterie à Bristol en 1828 avec son frère James. Les White produisaient principalement de la poterie de grès vernie par trempage (procédé qui supplanta le vernissage au sel à Bristol dans les années 30) et de la poterie brune en terre cuite. Leur glaçure pour la poterie de grès était d’une qualité telle que les principales poteries d’Angleterre en achetaient, y compris, dit-on, Doultons. Joseph White apporta par la suite au Canada la formule de cette glaçure, supérieure pour la poterie de grès à l’ancienne glaçure au sel très répandue en Amérique du Nord.

White se retira des affaires en 1855, laissant son fils, Joseph Augustus, à la tête de l’entreprise de Bristol. Un autre de ses fils, Frederick James, avait été attiré par les mines d’or de la Nouvelle-Écosse. Après une visite à Saint-Jean, il rentra en Angleterre avec la nouvelle que la poterie de William Warwick, à Crouchville (Saint-Jean-Est) sur la baie de Courtenay, Nouveau-Brunswick, était à vendre. Joseph White se laissa alors persuader de sortir de sa retraite pour émigrer au Nouveau-Brunswick. Il y arriva avec deux de ses fils, Frederick et James Alfred, le 3 septembre 1864, prit possession de la poterie de Crouchville, puis se lança dans l’audacieuse entreprise de fabriquer en Amérique du Nord britannique les articles qui lui avaient valu la prospérité dans son pays. Joseph White vint au Nouveau-Brunswick non pas comme journalier en quête de travail, mais comme maître potier prêt à exploiter une entreprise déjà établie et à y introduire des méthodes et une technique de fabrication améliorées.

Cinq semaines après leur arrivée, les White présentèrent une impressionnante collection de poteries en terre cuite « ordinaires et décoratives », à l’exposition provinciale tenue, cette année-là, à Fredericton. Une circulaire distribuée lors de l’exposition promettait que la manufacture de Crouchville, une fois agrandie, produirait « des articles de qualité supérieure, fabriqués comme [...] en Angleterre ». Des articles en terre cuite brune reproduisant les « derniers modèles anglais », et des grès « supérieurs » enduits d’une glaçure « inattaquable par l’acide » firent l’objet d’annonces publicitaires au cours des années suivantes. Mais en Amérique du Nord britannique, la fabrication de la poterie faisait face à de graves difficultés : il fallait importer tous les matériaux de base, exception faite pour les plus grossiers articles en terre cuite ; en outre, toutes sortes d’articles de faïence fabriqués en Angleterre inondaient le pays, se vendant généralement à des prix moindres que la production locale, en particulier dans les régions situées à proximité des ports de mer. Les affaires de la poterie White étaient assez précaires au moment de la mort de Joseph White en 1870. L’entreprise subsista sous une forme ou une autre pendant presque 20 ans encore, allant chercher des clients jusqu’à Montréal pour ses pipes, sa poterie de grès et ses théières noires, mais elle dut finalement déclarer faillite et fermer ses portes.

L’influence de Joseph White se perpétua cependant. Il avait apporté d’outre-mer l’esprit d’une industrie plus avancée et, bien que la poterie de Crouchville ne connût jamais beaucoup de succès sur le plan financier, White établit, dans le domaine de la poterie, une tradition qui lui survécut au Canada. Un de ses petits-fils, James William Foley, associé à Samuel Poole, fonda sa propre poterie.

La firme présenta une belle collection d’articles à l’Exposition du dominion qui eut lieu à Saint-Jean en 1883. Les Foley fabriquèrent de la poterie à Saint-Jean jusqu’à l’incendie de leur manufacture en 1964. L’entreprise, que dirigeait à ce moment-là le fils de l’arrière-petit-fils de Joseph White, alla s’installer à Labelle, au Québec.

Elizabeth Collard

Archives privées, F. D. Foley (Saint-Jean, N.-B.), White family papers.— N.B. Museum, White pottery, account book.— St James Church (Bristol, Angl.), baptismal register, 1799–1800.— Daily Sun (Saint-Jean, N.-B.), 3 oct. 1883.— Morning News (Saint-Jean, N.-B.), 7 oct. 1864.— Morning Telegraph (Saint-Jean, N.-B.), 8 oct. 1864.— New Brunswick Courier, 8 oct. 1864.— St. John Daily Telegraph and Morning Journal (Saint-Jean, N.-B.), 18 janv. 1870.— Hutchinson’s New Brunswick directory, for 1867–68 [...], Thomas Hutchinson, compil. (Montréal, [1867]), 33.— McAlpine’s Nova Scotia directory, for 1868–69, containing directories of each place in the province [...] (Halifax, [1868]), 47.— Elizabeth Collard, Nineteenth-century pottery and porcelain in Canada (Montréal, 1967).— W. J. Pountney, Old Bristol potteries (Bristol, Angl., 1920).

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Elizabeth Collard, « WHITE, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/white_joseph_9F.html.

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Auteur de l'article:    Elizabeth Collard
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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