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WALLIS, sir PROVO WILLIAM PARRY, officier de marine, né le 12 avril 1791 à Halifax, fils unique de Provo Featherstone Wallis, commis auprès du maître charpentier de vaisseaux du chantier naval, et d’Elizabeth Lawlor ; le 19 octobre 1817, il épousa Juliana Massey, et ils eurent deux filles, puis le 21 juillet 1849, à Bintree, Angleterre, Jemima Mary Gwynne Wilson, fille de sir Robert Thomas Wilson, général, et de ce second mariage ne naquit aucun enfant ; décédé le 13 février 1892 à Funtington, Angleterre.
On a avancé que Provo William Party Wallis était apparenté au capitaine Samuel Wallis, qui de 1766 à 1768 accomplit un tour du globe en bateau. Que ce soit vrai ou non, il fut, de toute évidence, élevé dans les traditions de la marine royale. Il était le petit-fils de Provo Wallis, charpentier de navires dans la marine, qui servit pendant la guerre de Sept Ans et la guerre d’Indépendance américaine avant de s’établir à Halifax. Comme son père, Provo Featherstone Wallis entra au chantier naval de Halifax et, grâce à ses relations dans le service, il put préparer très tôt son fils à faire carrière dans la marine. Le seul compte rendu qui subsiste de l’enfance de Wallis montre que, dès l’âge de quatre ans, son nom commença à figurer dans le rôle d’équipage de différents navires, même si, évidemment, il n’allait pas en mer. Par la suite, il allait raconter qu’on l’avait envoyé, enfant, faire ses études en Angleterre, et déclarer : « Ma vraie carrière a commencé à partir du moment où j’ai rejoint le Cleopatra, en octobre 1804. »
Nommé en novembre 1806 lieutenant intérimaire à bord du Triumph, Wallis fut promu lieutenant sur le Curieux le 11 novembre 1808. Il fut décoré pour s’être signalé dans des engagements au cours de la prise de la Guadeloupe en 1810. Son biographe a écrit : « Comme le montre son portrait à l’âge de vingt-deux ans, [c’]était un jeune homme d’une beauté frappante. En plus, il était grand et bien proportionné, courageux, aimable et de caractère égal. » En janvier 1812, Wallis devint lieutenant en second sur la frégate d’élite Shannon ; le commandant, Philip Bowes Vere Broke*, trouva qu’il « a[vait] l’air d’un jeune homme aimable ». Le Shannon naviguait à partir de Halifax et des Bermudes et, après le début de la guerre contre les États-Unis, il coula ou captura plusieurs vaisseaux américains. Broke attendait l’occasion de venger la série de défaites que la marine américaine avait infligées à la marine royale, et il imposait à son équipage des exercices constants, surtout au canon, art dans lequel il était passé maître.
Le Shannon bloquait le port de Boston lorsque, au matin du 1er juin 1813, la frégate américaine Chesapeake sortit pour l’affronter. Pendant que les deux bâtiments se rapprochaient, les lieutenants Charles Leslie Falkiner et Wallis tirèrent par les canons de tribord une telle volée de boulets que le Chesapeake faillit être désemparé. Broke lança ses hommes à l’abordage et, 11 minutes plus tard, les Britanniques prenaient possession du navire ennemi. L’un des duels les plus brefs et les plus sanglants de l’histoire de la marine venait de prendre fin. Broke avait le crâne ouvert, le capitaine du Chesapeake était mortellement blessé, et les deux frégates avaient perdu beaucoup d’hommes.
Tandis que la fumée se dissipait, Wallis dut se sentir presque écrasé par les responsabilités qui retombaient soudain sur ses épaules. Son capitaine était grièvement blessé et le lieutenant en premier était mort. Il se trouvait donc à la tête de deux navires remplis de blessés et de cadavres, tout près de la côte ennemie, avec une foule de prisonniers récalcitrants. Il ordonna de passer aux Américains les menottes dont ceux-ci s’étaient munis en prévision de la victoire qu’ils escomptaient remporter sur les Britanniques, puis il fit procéder aux réparations d’urgence. Ensuite, les deux navires mirent le cap sur Halifax. Le 6 juin, après un voyage tranquille – Broke luttait contre la mort dans sa cabine, et Wallis avait ordonné « Silence de l’avant à l’arrière » –, les frégates jetèrent l’ancre dans le port de Halifax, où les attendait une foule enthousiaste. Wallis affirma par la suite que ses responsabilités lui avaient bien pesé, qu’il avait beaucoup craint de rencontrer un navire américain et que, pendant le voyage, il n’avait pas pris le temps de changer de vêtements et avait à peine fermé l’œil.
Wallis veilla immédiatement à ce que son capitaine soit bien soigné et bien logé. Le 11 octobre, Broke était assez remis pour voyager, et ils s’embarquèrent tous deux pour l’Angleterre à bord du Shannon. Broke ne refit jamais de service en mer, mais il demeura en relation avec Wallis et suivit sa carrière avec beaucoup de fierté.
Wallis avait été promu commander le 9 juillet 1813 en raison de sa participation à la prise du Chesapeake. Après la fin des guerres napoléoniennes, de longues périodes d’inactivité entrecoupèrent ses périodes de service en mer, comme ce fut le cas d’ailleurs pour bon nombre d’officiers de la marine. Promu capitaine le 19 août 1819, il commanda, de juin 1824 à novembre 1826, le Niemen et une escadre expérimentale de sloops à la station de Halifax. Au cours de cette période, on le reçut à Boston à titre d’ancien officier du Shannon.
Wallis dut attendre le mois d’avril 1838 pour recevoir son affectation suivante, le commandement du Madagascar, qu’il exerça jusqu’en décembre 1839. De 1843 à 1847, il navigua dans la Méditerranée, où il mérita des éloges pour les talents de diplomate qu’il déploya dans des différends internationaux. Nommé le 5 août 1847 aide de camp de la marine auprès de la reine Victoria, il le demeura jusqu’au 27 août 1851, date de sa promotion au grade de contre-amiral. En avril 1857, il prit le commandement en chef du Cumberland mais, après avoir navigué quelques mois au large de la côte sud-est de l’Amérique du Sud, on le rappela pour être promu vice-amiral. Ce fut sa dernière mission en mer. Il avait presque 70 ans et avait été en service actif pendant la plus grande partie des 54 années écoulées depuis le début de sa carrière.
Honneurs et distinctions continuèrent d’échoir à Wallis. Il fut fait chevalier commandeur de l’ordre du Bain le 18 mai 1860, promu amiral le 2 mars 1863 et servit en qualité de contre-amiral du Royaume-Uni de 1869 à 1870. Il devint grand-croix de l’ordre du Bain le 24 mai 1873 et occupa la très haute fonction honoraire de vice-amiral du Royaume-Uni de 1870 à 1876. Une dernière promotion l’éleva le 11 décembre 1877 au grade d’amiral de la flotte. On dit qu’il était très fier de son titre de vice-amiral du Royaume-Uni et qu’il l’abandonna à regret au moment de sa promotion. Il reçut aussi un autre honneur qui se révéla passablement lucratif. En 1870, l’Amirauté avait institué un plan de retraite qui permettait aux officiers qui avaient commandé un navire pendant les guerres napoléoniennes de rester dans les cadres de l’active. En conséquence, Wallis toucha une solde complète jusqu’à sa mort, donc jusqu’à l’âge de 100 ans. Comme son nom était inscrit dans un rôle d’équipage dès l’âge de 4 ans et qu’il avait commencé son service actif à 14 ans, sa carrière est sans doute l’une des plus longues de l’histoire de la marine.
Sir Provo William Party Wallis passa ses dernières années à Funtington. Apparemment, il demeura « en pleine possession de ses facultés, et [put lire et écrire] avec facilité jusqu’à quelques mois avant sa mort ». À l’occasion de son centième anniversaire, il reçut de nombreuses félicitations, notamment de la part de la reine Victoria, de plusieurs de ses ministres et du maire de Halifax. Bien qu’il ait eu quelques propriétés en Nouvelle-Écosse, il ne semble pas qu’il soit resté très attaché à sa terre natale. Dès qu’il était entré à l’école en Angleterre, et surtout dès qu’il avait entrepris sa carrière dans la marine, il avait adopté les opinions, les allégeances et les préjugés d’un Anglais. C’était un processus tout à fait normal à son époque. Ce qui le distingue, c’est sa longévité et la haute distinction à laquelle il parvint – la première n’étant pas l’une des moindres causes de la seconde.
PRO, ADM 1 ; ADM 2 ; ADM 8/100 ; ADM 38/4402 ; ADM 50 ; ADM 51 ; ADM 80 ; ADM 98/291–292 ; ADM 103 ; ADM 104/6–7 ; ADM 106 ; ADM128 ; ADM 129 ; ADM 171/1 (se trouvent tous sur mfm aux AN sauf ADM 38/4402, qui existent en photocopies aux AN).— Annual reg. (Londres), 1813 (nouv. éd., 1823).— J. G. Brighton, Admiral of the fleet, Sir Provo W. P. Wallis [...] a memoir (Londres, 1892).— DNB.— Encyclopedia Canadiana.— W. R. O’Byme, A naval biographical dictionary : comprising the life and service of every living officer in Her Majesty’s navy [...] (Londres, 1849).— W. L. Clowes, The Royal Navy ; a history from the earliest times to the present (7 vol., Londres, 1897–1903), 4 ; 6.— James Grant, British battles on land and sea (4 vol., Londres, [1884–1888]).— E. S. Turner, Gallant gentlemen ; a portrait of the British officer, 1600–1956 (Londres, 1956).— N. L. Wilkinson et al., The Royal Navy (Londres, 1907).— D. C. Harvey, « Nova Scotia and the Canadian naval tradition », CHR, 23 (1942) : 247–259.— W. G. Perrin, « The vice-admiral and rear-admiral of the United Kingdom », Mariner’s Mirror (Cambridge, Angl.), 14 (1928) : 28–31.
Carl A. Christie, « WALLIS, sir PROVO WILLIAM PARRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/wallis_provo_william_parry_12F.html.
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Auteur de l'article: | Carl A. Christie |
Titre de l'article: | WALLIS, sir PROVO WILLIAM PARRY |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 21 nov. 2024 |