VICKERY, ANN (Robins), prédicatrice de l’Église Bible Christian, née en 1799 ou 1800, probablement à Luxulion (Luxulyan, Angleterre) ; en 1831, elle épousa Paul Robins, et ils eurent deux fils ; décédée le 18 septembre 1853 à Bowmanville, Haut-Canada.
Ann Vickery se convertit à Luxulion en 1819, au cours d’un revival qui eut lieu dans les comtés de Devon et de Cornouailles sous la direction de prédicateurs de l’Église Bible Christian, secte méthodiste qui avait été fondée en 1815. Il était d’usage, chez les membres de cette secte, de demander le concours des nouveaux convertis à titre de témoins et de participants aux travaux ; Ann se sentit appelée à prêcher et, ayant été encouragée à répondre à cet appel, elle « mit toutes les forces de sa fervente nature au service de son nouveau Maître ». À la seconde réunion de l’Église Bible Christian, tenue en 1820, elle fut nommée prédicatrice itinérante et reçut plusieurs affectations d’une année dans la région. En 1826, l’Église l’envoya à Londres où elle œuvra pendant deux ans. Elle travailla ensuite à Portsea jusqu’à son mariage en 1831 avec Paul Robins, ministre de la même confession. La secte encourageait depuis longtemps les unions entre ministres et prédicatrices itinérantes et elle affirmait que ces couples avaient « un droit prépondérant au soutien de l’Église ». Après son mariage, Ann assista fidèlement son mari dans toutes les circonscriptions ecclésiastiques où il fut appelé à prêcher.
Ann et Paul Robins, comme leurs collègues de l’Église Bible Christian, œuvrèrent principalement dans les comtés du sud-ouest de l’Angleterre où la secte avait été fondée et où demeuraient la plupart des fidèles. En 1831, à la suite de l’émigration de plusieurs habitants du sud-ouest de l’Angleterre en Amérique du Nord britannique, l’Église se mit à envoyer des ministres pour répondre aux besoins des fidèles nouvellement établis à cet endroit. Les efforts des missionnaires, tels Francis Metherall*, Philip James, John Hicks Eynon* et sa femme, Elizabeth Dart, s’avérèrent toutefois insuffisants et, en 1846, Ann et Paul Robins furent choisis pour aller desservir la circonscription ecclésiastique de Peterborough, dans le Haut-Canada. Ann s’embarqua avec sa famille le 14 avril 1846 et arriva à Cobourg au début de juin. Elle s’était toujours dévouée au service de son Église, et le Canada était le nouveau champ d’action où elle allait montrer son zèle.
Le mariage aux yeux d’Ann Robins ne fut jamais une excuse pour ne pas remplir ses obligations pastorales dans la mesure du possible, et elle répondit sans tarder aux exigences de sa nouvelle situation. À l’exception d’une courte période après la naissance de son deuxième enfant, durant laquelle elle eut de l’aide à la maison, elle accomplissait presque toutes les tâches ménagères « de son propre gré », dirigeait les études de certains de ses coreligionnaires, prêtait son concours à des réunions de prières, visitait les malades et prêchait l’Évangile. Souvent elle se rendait dans un endroit éloigné avec un enfant dans les bras, confiait « le précieux fardeau » à un des fidèles, dirigeait la cérémonie religieuse, puis s’en retournait comme elle était venue, à pied. Il va sans dire qu’elle ne montrait pas beaucoup de patience envers les prédicateurs qui négligeaient de remplir leurs devoirs à cause du mauvais temps ou d’un inconvénient de ce genre. Elle incitait son mari à s’acquitter de ses obligations quels que soient les souffrances et les dangers. « Un mari poltron, déclara Paul Robins, mènerait une bien triste vie avec une telle femme. » En outre, elle se souciait beaucoup de l’observance du dimanche, qui était pour elle « une joie, sanctifiée par Dieu, et un honneur ». Elle se faisait une règle de préparer la nourriture et les vêtements de rechange la veille, de manière que la famille puisse être prête pour accomplir les devoirs sacrés du dimanche, et elle se désolait lorsque des chrétiens montraient de l’irrespect pour le jour du Seigneur en le considérant simplement comme un moment propice aux visites. Elle organisa aussi ses travaux domestiques de façon à pouvoir, en cas d’urgence, remplacer un prédicateur itinérant qui était malade. L’un des premiers à profiter de sa disponibilité fut son mari qui, à son arrivée dans la province, fut malade à tel point que « l’on désespérait de sa vie ».
En 1849, les Robins quittèrent la circonscription ecclésiastique de Peterborough pour celle de Cobourg et, en 1852, ils allèrent s’installer à Darlington, dans la région de Bowmanville. À cet endroit, le 5 septembre 1853, Ann fut « très impressionnée » par la nouvelle de la mort d’un de ses frères. Huit jours plus tard, pendant que son mari parcourait la circonscription et que ses fils se trouvaient à Toronto, elle tomba gravement malade. Après avoir exhorté plusieurs de ses coreligionnaires à rechercher la sainteté et avoir conseillé son mari et sa famille sur des questions spirituelles, elle mourut le 18 septembre à l’âge de 53 ans.
Bien qu’elles aient été présentes dès les premières années de l’Église Bible Christian en Angleterre, les femmes prédicatrices comme Ann Robins, en dépit de leur dévouement et de leur ferveur, n’étaient pas très bien acceptées dans le pays de pionniers qu’était le Canada. Paul Robins avait noté en 1848 : « il existe dans l’esprit des gens, semble-t-il, un préjugé contre les prédicatrices ». En avance sur leur époque, sans doute, ces femmes contribuèrent d’une certaine façon à préparer le terrain pour la venue des travailleuses spécialisées de l’Église du xxe siècle.
Bible Christian Magazine (Shebbear, Angl.), 25 (1846) : 357–363 ; 27 (1848) : 123 ; 32 (1853) : 474–476.— Methodist Church (Canada, Newfoundland, Bermuda), Toronto Conference, Minutes (Toronto), 1890 : 75–76.— Cornish, Cyclopædia of Methodism, 2 : 255.— United Methodist ministers and their circuits [...] 1797–1932, O. A. Beckerlegge, compil. (Londres, 1968), 199, 245.— Albert Burnside, « The Bible Christians in Canada, 1832–1884 [...] » (thèse de th.d., Emmanuel College, Victoria Univ., Toronto, 1969), 375.— Thomas Shaw, The Bible Christians. 1815–1907 (Londres, 1965), 33.
Albert Burnside, « VICKERY, ANN (Robins) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/vickery_ann_8F.html.
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Auteur de l'article: | Albert Burnside |
Titre de l'article: | VICKERY, ANN (Robins) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 17 nov. 2024 |