TREVANION, sir NICHOLAS, capitaine dans la marine royale, gouverneur temporaire et commodore du convoi de Terre-Neuve en 1712, né vers 1670, décédé en 1737.
Il était, croit-on, le fils ou le descendant en ligne collatérale du capitaine Richard Trevanion, lui-même issu d’une vieille famille cornouaillaise qui était restée fidèle au roi Jacques Il et l’avait suivi dans son exil. Trevanion fut nommé capitaine du Dunwich en 1696, du Lyme en 1698, puis du Dover en 1702. Cette année-là, il captura un navire français de grande valeur au large de Saint-Malo. Par la suite, il servit dans l’escadre de la Méditerranée sous les ordres de Sir Cloudesley Shovell et en 1710 il fut fait chevalier en reconnaissance de ses états de service.
Trevanion, commandant du York, fut nommé commodore du convoi de Terre-Neuve en 1712. Il atteignit l’île le 17 ou 18 septembre, on ne sait trop, car ses journaux de bord pour cette année-là ont été perdus. Dans les Heads of Enquiry demandés par le Board of Trade and Plantations et datés du 29 octobre 1712, il déclare qu’il tenait audience deux fois la semaine comme l’avait fait son prédécesseur, le commodore Josias Crowe, qui, le premier, avait institué des audiences régulières. Il déclare en outre qu’il fit poser des affiches dans les auberges et les autres endroits publics interdisant l’ivrognerie et les jurons et qu’il approuva les arrangements pris par Crowe quant au mode de rémunération du ministre Jacob Rice, mais il ajoute que les colons se montraient peu empressés à le payer. Il régla aussi un grand nombre de différends entre les colons au sujet de la propriété. Trevanion n’est demeuré à Saint-Jean qu’un court laps de temps et c’est peut-être ce qui explique le ton rassurant de son compte rendu. Il écrivit que la vie à Terre-Neuve était paisible, que personne ne portait plainte pour cause de vol, de dommage délibéré, ou d’injuste répartition de la plage et des installations portuaires. Ses rapports contiennent aussi des observations sur la vie des habitants de Terre-Neuve, les méthodes employées dans les pêcheries et les différentes marchandises importées. Il donne en plus des statistiques précises : la population comptait 1509 hommes, 185 femmes et 323 enfants ; 66 bateaux de pêche, 17 navires de transport et 20 navires de l’Amérique se trouvaient dans le port ; et, selon son estimation, il y avait à Plaisance (Placentia) 500 hommes et 200 femmes et enfants. Pour se conformer aux règlements du Board of Trade, il ordonna que le jour du Seigneur soit convenablement observé. Il donna aussi des ordres sévères pour qu’on cesse de jeter du lest dans les eaux du port, pratique néfaste qui provoquait la mort des alevins de morues. En ce qui concerne les agissements des capitaines de navire de la Nouvelle-Angleterre qui incitaient les matelots anglais et les « novices » (green men) à abandonner les pêcheries, Trevanion explique que : « Quant aux gens de la Nouvelle-Angleterre, j’ai pris soin de les accompagner hors du port afin qu’ils ne puissent pas emmener avec eux des sujets de Sa Majesté ». Une telle mesure n’eut cependant que des résultats temporaires et par la suite Fotherby et Kempthorne allaient trouver que la situation ne s’était guère améliorée. Trevanion déclare encore que la préparation du poisson salé se faisait avec soin et que l’on utilisait un sel de bonne qualité mais que cette année-là la prise avait été maigre. Il précise que le poisson se vendait entre « 30 et 36 réaux le quintal » et l’huile « £l 6 la tonne. »
Trevanion aimait Terre-Neuve et ses habitants et il fit une demande pour y revenir « afin de régler les choses ici, au printemps, si Plaisance doit être remise aux Anglais. » La sympathie semble avoir été mutuelle puisque les colons et les marchands de Terre-Neuve adressèrent une pétition au comte de Dartmouth le priant de bien vouloir maintenir Trevanion dans ses fonctions. Trevanion était aussi en bonnes relations avec les Français. Il arriva que des navires sous son commandement capturèrent des vaisseaux français après la signature de l’armistice. Il s’entendit alors, sans perdre de temps, avec Pastour de Costebelle, gouverneur de Plaisance, pour les lui retourner et celui-ci lui fit parvenir une caisse de vin avec sa réponse. Chose intéressante, tout au long de ses rapports Trevanion emploie un ton nettement sympathique quand il parle des Français tandis qu’il fait preuve d’une attitude hostile envers la Nouvelle-Angleterre.
Sa demande lui ayant été refusée, Trevanion ne revint pas à Terre-Neuve et c’est Leake qui fut nommé commodore en 1713. Après son retour en Angleterre, il ne sera plus affecté au service en mer. Nommé commissaire résident de la marine à Plymouth en 1728, il y mourut le 17 novembre 1737.
PRO, Adm. 6 (commission and warrant books) ; C.O. 194/5 ; CSP, Col., 1712–14.— Charnock, Biographia navalis, III.
Michael Godfrey, « TREVANION, sir NICHOLAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/trevanion_nicholas_2F.html.
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Auteur de l'article: | Michael Godfrey |
Titre de l'article: | TREVANION, sir NICHOLAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |