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TOEWS, ANNA (Toews), sage-femme, née le 30 août 1868 dans le sud de la Russie, probablement à Gruenfeld, près de Nikopol’ (Ukraine), fille de Cornelius Plett Toews et d’Anna Bartel ; le 25 décembre 1886, elle épousa à Hanover, Manitoba, Peter Barkman Toews (décédé en 1945), et ils eurent 11 enfants ; décédée le 26 janvier 1933 à Ste Anne, Manitoba.
Le père d’Anna Toews, représentant du groupe mennonite Kleine Gemeinde, fut l’un des 12 délégués du sud de la Russie envoyés au Manitoba en 1873 pour y chercher des terres. L’année suivante, Anna, âgée de cinq ans, et sa famille se joignirent à la grande migration des mennonites vers l’Amérique du Nord [V. Gerhard Wiebe*] et s’établirent dans la réserve de l’Est, à Gruenfeld (Kleefeld), au Manitoba. En 1886, à l’âge de 18 ans, Anna épousa Peter Barkman Toews, son petit-cousin de neuf ans son aîné. Veuf tranquille et sociable, il était originaire de Blumenort. Elle partit vivre avec lui dans ce village, également situé dans la réserve de l’Est. Ils y exploitèrent une ferme tout en gérant la scierie du père de Peter Barkman. Ils auraient 11 enfants et élèveraient une fille de ce dernier, issue de son premier mariage. En 1890, à la recherche de meilleures perspectives d’avenir, le couple alla vivre dans le district prospère de Greenland, situé au sud-ouest de Ste Anne, et, en 1911, il rejoignit une colonie mennonite installée à Needles, en Colombie-Britannique. Après avoir constaté que la terre qu’ils y avaient achetée ne valait rien, ils retournèrent au Manitoba l’année suivante, ruinés. Ils parvinrent néanmoins à acquérir une petite ferme de subsistance au sud-est de Ste Anne. Peter Barkman fut également livreur pour une fromagerie locale. Le couple passa ses dernières années ensemble dans une petite maison construite en face de la ferme familiale, de l’autre côté de la route.
À partir des années 1890, Mme Toews avait travaillé comme sage-femme auprès des mennonites et de voisins métis. Elle n’avait pas reçu de véritable formation, mais en 1892, deux autres jeunes femmes de l’endroit et elle avaient été envoyées par leur église étudier avec une sage-femme expérimentée et respectée, Justina Neufeld, dans la communauté mennonite de Mountain Lake, au Minnesota. Armée d’un ouvrage de référence, remplie d’une énergie intarissable et animée d’un fort sentiment de vocation divine, Mme Toews devint rapidement une sage-femme digne de confiance. Une biographe, Cathy Barkman, noterait en 1997 : « peu importe que les gens aient été des fermiers ou des villageois fortunés, ou des pauvres qui habitaient dans les bois sans argent, Anna sentait que Dieu l’avait appelée à aider toute personne dans le besoin ». Son registre des naissances, écrit à la main, rapporte l’accouchement de 924 bébés entre 1893 et 1932. Les histoires qui témoignent de son engagement abondent. Il paraît qu’elle « s’assoyait pendant deux jours si nécessaire au chevet d’une femme sur le point d’accoucher ». On connaissait également très bien ses compétences d’herboriste, qui lui permettaient de soigner des affections comme des lésions et des furoncles. Les auteurs de certains comptes rendus la considèrent comme une héroïne ; un jour, elle guérit une femme qui avait une hémorragie et que les médecins avaient renoncé à traiter. Elle préparait aussi les morts pour l’enterrement et émettait des certificats de décès officiels pour la municipalité. Sa belle-fille, Katharina, s’occupait de leur grande famille pendant ses absences.
Connue affectueusement en bas-allemand sous le surnom de Groute Toewsche, qui signifie « la grosse Mme Toews », en référence à sa stature et à ses rondeurs, Mme Toews était apparemment d’une nature plus extravertie que son mari, homme affable et d’un grand soutien. Elle conduisait la voiture et Peter Barkman l’accompagnait pour remonter le moteur à la manivelle. Une photographie prise vers 1912 montre une femme corpulente, avec un air confiant et une expression de détermination dans le regard, ne portant pas de fichu sur ses cheveux blonds bien tirés en arrière et relevés en chignon. Ses amis disaient qu’elle était « amicale, joyeuse, généreuse, laborieuse, énergique et pleine d’humour », et qu’elle possédait un esprit vif. Ils se la rappelaient portant une robe noire simple, comme les autres femmes mennonites de l’époque, mais la sienne était recouverte d’un pratique tablier noir.
Le 17 janvier 1933, le journal de l’église d’Anna Toews, le Messenger of Truth, publié à Moundridge, au Kansas, informait ses lecteurs de son état de santé en ces termes : « Sœur Peter B. Toews, de Ste Anne, au Manitoba, est souffrante et est atteinte de la maladie mortelle, le cancer. Notre sœur aspire à être avec son Sauveur et est prête à se présenter devant Dieu. » Elle mourut neuf jours plus tard. On se souviendrait d’Anna Toews comme étant l’une des nombreuses sages-femmes remarquables qui œuvrèrent dans les collectivités mennonites rurales du Canada.
Manitoba, Ministère de la Vie saine, des Aînés et de la Consommation, Consommation et Corporations, Bureau de l’état civil (Winnipeg), nos 1887-001284, 1933-004378.— Cathy Barkman, « Anna Toews (1868–1933) : midwife », Preservings (Steinbach, Manitoba), 10 (juin 1997), part. 2 : 50–53.— Mennonites in Canada (3 vol., Toronto, 1974–1996), 1 (F. H. Epp, 1786–1920 : the history of a separate people, 1974).— Royden Loewen et Betty Plett, Blumenort : a Mennonite community in transition, 1874–1982 ([Blumenort, Manitoba], 1983).
Royden Loewen, « TOEWS, ANNA (Toews) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/toews_anna_16F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/toews_anna_16F.html |
Auteur de l'article: | Royden Loewen |
Titre de l'article: | TOEWS, ANNA (Toews) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2014 |
Année de la révision: | 2014 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |