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THOMPSON, ANDREW THORBURN, avocat, officier dans la milice et dans l’armée, homme politique, rédacteur en chef d’un périodique, homme d’affaires et auteur, né le 27 mai 1870 à Ruthven Park, près de Cayuga, Ontario, cinquième des six enfants de David Thompson, député, et d’Elizabeth Stinson ; le 19 octobre 1893, il épousa à Toronto Violet Isabel Burns (décédée le 15 décembre 1926), et ils eurent deux fils, dont l’un mourut avant son père, et une fille, puis le 2 juin 1930, dans la même ville, Ann Maud Bell, née Smith (décédée le 12 mars 1966), et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 20 avril 1939 à Ottawa.
La nuit de la naissance d’Andrew Thorburn Thompson, en mai 1870, son père, David, était de service dans le 37th (Haldimand) Battalion of Infantry, qui se préparait à un raid probable des fenians sur les rives du lac Érié. David Thompson s’attendait à recevoir à tout moment un message l’informant du début du raid ; il apprit plutôt l’arrivée de son fils. Dès son jeune âge, Andrew Thorburn manifesta du talent et un goût pour les études. À 20 ans, il obtint une licence ès arts de la University of Toronto et se classa premier de sa promotion. En 1891, il termina une licence en droit. Durant ses études de premier cycle, il s’était engagé dans la K Company, détachement universitaire du 2nd Battalion of Rifles (Queen’s Own Rifles of Canada), et avait atteint le grade de sergent fourrier. À l’université, Andy, comme l’appelaient ses amis, avait aussi été membre actif du cercle littéraire, à titre d’auteur et d’acteur, et de la petite chorale. En 1893, Thompson acheva ses études à l’école de droit Osgoode Hall et reçut son admission au barreau. La même année, il épousa Violet Isabel Burns, femme du monde torontoise, et commença à exercer à Cayuga.
Thompson avait intégré le 37th (Haldimand) Battalion of Infantry en 1892. Il obtint le grade de major et représenta le régiment à Londres en 1897, à l’occasion des célébrations du jubilé de diamant de la reine Victoria. Promu lieutenant-colonel, il dirigea l’unité de 1901 à 1909. Lorsque ses partisans l’élurent comme député de la circonscription de Haldimand and Monck aux élections fédérales de novembre 1900, ils le croyaient peut-être né pour occuper cette fonction, car son père et son grand-père paternel, aussi nommé David Thompson, avaient tous deux représenté la région. Son grand-père avait fui de justesse les édifices du Parlement en flammes pendant l’émeute de 1849 à Montréal [V. James Bruce*]. Il avait été lieutenant-colonel, et son fils, major en chef dans la milice de Haldimand. Ils avaient dirigé les affaires de l’entreprise forestière, agricole et commerciale de la famille à Ruthven Park, leur domaine de 1 500 acres, futur lieu historique national. Andrew Thorburn continua d’exploiter la firme familiale et finit par posséder 2 500 acres dans les cantons de Seneca et d’Oneida, dont des fermes en location. Il détenait des hypothèques sur des propriétés de la région de Cayuga et avait investi dans des terres près de Winnipeg et de Yorkton (Saskatchewan).
Après la nomination de Thompson comme whip du Parti libéral en 1901, la Canadian Military Gazette de Montréal rendit hommage au nouveau membre du gouvernement de sir Wilfrid Laurier* en lui souhaitant la bienvenue au sein des « colonels parlementaires » célèbres d’Ottawa. On le choisit à titre de commandant en second de Henry Mill Pellatt, du contingent canadien qui devait assister au couronnement d’Édouard VII en 1902. À Londres, il participa aux festivités et fit la connaissance d’un grand nombre de dirigeants militaires et politiques parmi les plus importants de Grande-Bretagne. Aux élections fédérales du 3 novembre 1904, il perdit de peu sa circonscription, rebaptisée Haldimand, aux mains du candidat conservateur Francis Ramsay Lalor.
Les Thompson possédaient toujours le domaine rural de Ruthven Park, mais, en 1905, jugeant que sa carrière juridique et politique se déroulerait mieux à Ottawa, Andrew Thorburn élut domicile dans la capitale nationale avec sa jeune famille et y installa son cabinet d’avocat. Il se spécialisa dans l’offre de conseils sur des questions parlementaires. Il deviendrait conseiller du roi en 1921. À Ottawa, sous les recommandations de son ami Pellatt, Thompson commença à réaliser des investissements substantiels, surtout en acquérant des obligations et des actions minières. Il fut également actionnaire de la Brazilian Traction, Light and Power Company et agent ottavien pour la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, la British Columbia Electric Railway Company Limited, l’Ontario Power Company, l’Association des manufacturiers canadiens et d’autres organisations.
En 1906, Thompson, avec un groupe d’investisseurs, acheta la Canadian Military Gazette, dont il devint le rédacteur en chef. En dépit de ses liens avec le Parti libéral, il jura que le journal demeurerait politiquement neutre et, selon ses propres mots, « dédié aux intérêts des forces militaires canadiennes ». Il conserverait ce poste jusqu’à sa mort. Son fils Andrew Ruthven, major, lui succéderait.
Fervent défenseur de la milice, Thompson estimait qu’une armée puissante et efficace de citoyens soldats volontaires constituait l’« assurance-vie nationale » du Canada. En 1908, on le nomma sous-adjoint à l’adjudant général à l’occasion des célébrations du tricentenaire de Québec [V. Albert Henry George Grey*]. Promu commandant de la 5th Infantry Brigade de Niagara en 1909, il se consacra à assurer la formation de ce qu’il souhaitait voir devenir un jour « la meilleure troupe de citoyens soldats que le monde ait jamais produite ». Il occupa cette fonction jusqu’en 1913, puis intégra la réserve des officiers. Quand la Première Guerre mondiale éclata, la plupart des hommes du 37th Regiment (Haldimand Rifles) s’enrôlèrent dans le 114e bataillon d’infanterie du Corps expéditionnaire canadien. À l’instar du régiment, près de la moitié du bataillon provenait de la réserve Six-Nations, située à la limite du comté de Haldimand, ainsi que de réserves de l’est ontarien. Thompson avait reçu le titre de chef honoraire des Six-Nations, probablement en 1909 ; on lui attribua de plus le nom d’Ahsaregoah, qui signifie « l’épée ». Quand le colonel du bataillon, son ami de longue date Edwy Sutherland Baxter, mourut de la typhoïde en février 1916, on demanda à Thompson d’en prendre les commandes. À sa requête, on surnomma le bataillon Brock’s Rangers en l’honneur de sir Isaac Brock*. Des membres des Six-Nations et des colons des régions de Haldimand et de Niagara, dont le grand-père de Thompson, avaient combattu aux côtés de Brock à Queenston Heights durant la guerre de 1812. Parmi les officiers du 114e bataillon d’infanterie en route pour le service outre-mer en novembre se trouvaient les deux fils de Thompson, Andrew Ruthven et Walter Hepburn.
À son arrivée en Angleterre, le lieutenant-colonel Thompson éprouva la vive déception d’apprendre que le bataillon serait démantelé pour envoyer des renforts aux bataillons déjà au front. Peiné de ne pas conduire ses hommes au combat, il souffrait encore plus de ne pouvoir veiller sur les soldats du comté de Haldimand, comme il l’avait promis à leurs mères. On lui confia plutôt le commandement du 2nd Central Ontario Regimental Depot. Sa foi en la milice du Canada vacilla quand il se rendit compte que les autorités militaires canadiennes postées en Angleterre considéraient comme surnuméraires les officiers tels que lui, pourtant tenus en estime dans leurs communautés, et que celles restées au Canada les critiqueraient pour ne pas avoir accompagné leurs hommes au front. Il fit état de cette situation dans la Canadian Military Gazette. Durant le conflit, il souffrit de calculs rénaux, et ses deux fils subirent des blessures graves. Pendant son hospitalisation, il composa des poèmes pour tenter d’apaiser sa détresse émotionnelle. Il regagna le Canada en 1918.
Thompson apporta du soutien aux soldats des Premières Nations, d’abord en qualité de commandant du 114e bataillon d’infanterie, puis de défenseur des anciens combattants, de même qu’à titre de rédacteur en chef de la Canadian Military Gazette. Il visait à ce que ces soldats conservent leur droit de vote aux élections fédérales, acquis en 1917 pour leur service dans les forces armées. Une fois démobilisés, s’ils voulaient voter, ils devaient, comme tous les membres des Premières Nations, renoncer à leur statut d’Indien et à d’autres droits. En 1923, grâce à son militantisme, Thompson se vit confier à lui seul la commission royale d’enquête sur les affaires des Six-Nations. Après avoir mené des recherches fouillées et des entrevues sur la situation politique, éducative et sociale de la réserve, il recommanda de remplacer le conseil du chef héréditaire [V. Deskaheh*] par un régime électoral moderne. Thompson avait ainsi accompli une tâche délicate, car un profond clivage empreint de hargne existait entre les factions adverses des Six-Nations [V. Frederick Ogilvie Loft]. Le ministère des Affaires indiennes adopta les propositions de Thompson et les mit en vigueur en 1924.
Durant l’après-guerre, Thompson avait maintenu des liens étroits avec le Parti libéral. Le premier ministre William Lyon Mackenzie King* et lui entretinrent une amitié pendant plus de 40 ans. King passa de nombreuses fins de semaine à Ruthven Park. Thompson l’accompagna en 1926 dans sa campagne électorale pancanadienne ; sa femme, Violet Isabel, forcée de garder le lit en raison d’une maladie qui l’emporterait quelques mois plus tard, serait la première personne à recevoir de King un télégramme lui annonçant sa victoire. D’autres tragédies familiales marquèrent la période d’après-guerre. Le fils aîné de Thompson, Andrew Ruthven, qui devint gentilhomme huissier de la verge noire au Sénat en 1925, continua de souffrir des blessures subies au combat. Walter Hepburn se fit traiter pour une dépression, mais ne se remit jamais de ses traumatismes de guerre et se suicida en 1929.
Au cours de sa vie, Andrew Thorburn Thompson composa plus de 100 poèmes ; religieux ou sombres pendant la guerre, ils adoptèrent un ton plus léger et devinrent plutôt humoristiques au fil des ans. Certains parurent dans des magazines torontois tels Maclean’s et Saturday Night, tandis que d’autres étaient fréquemment publiés dans la Canadian Military Gazette. Une comédie, The Canadian knights entertainment, satire poétique sur les multiples fonctions politiques à Ottawa, parut en 1919. Thompson réunit en un recueil de nombreuses histoires et 135 anecdotes suscitant l’hilarité ou la réflexion sur des personnages de Cayuga ; sa santé défaillante l’obligea toutefois à abandonner le projet. Thompson prenait régulièrement la parole lors d’importantes activités de la milice, au Canadian Military Institute et dans des clubs canadiens de différentes villes. À Ottawa, on le considérait comme un conseiller juridique respecté et influent, un porte-parole infatigable de la milice et un habile investisseur. Il mourut de septicémie en 1939, après avoir publié une série d’éditoriaux dans la Canadian Military Gazette, où il exprimait son inquiétude quant à l’imminence d’une autre guerre dévastatrice. En hommage à la carrière de Thompson, marquée par la pondération, l’impartialité, l’intégrité et l’efficacité, les nombreux messages de condoléances adressés à sa famille soulignèrent son dévouement sans borne à son pays, sa créativité et son merveilleux sens de l’humour.
Andrew Thornburn Thompson est l’auteur de : The Canadian knights entertainment (s.l., 1919) ; Report by Col. Andrew T. Thompson, b.a., ll.b., commissioner to investigate and enquire into the affairs of the Six Nations Indians, 1923 (Ottawa, 1924) ; et The odyssey of the gentlemen adventurers travelling into the Brazils : W. Miller Lash, A. W. K. Billings, J. W. McConnell, C. H. N. Ashlin, James McKean, Andrew T. Thompson (Ottawa, 1928).
BAC, RG10, vol. 7504, dossier 25,032-1-2, part. 1 (Six Nations Agency – disputes between Six Nations Indians and the government of Canada) ; vol. 7931, dossier 32-32, part. 3 (Six Nations Agency – elections of chiefs and councillors on the Six Nations reserve), décembre 1924–octobre 1926 ; RG24-C-8, vol. 4380, dossier MD2-34-7-89, part. 1 (WW I organization – 114th Battalion, Haldimand County), 1916 ; vol. 4383, dossier MD2-34-7-109 (enlistment of Indians in CEF), corr., Lt.-Col. A. T. Thompson and Col. Sidney Mewburn, 1er mars et 13, 20, 26 avril 1916 ; RG150, Acc. 1992–93/166, boîte 9622-32.— Ruthven Park National Site (Cayuga, Ontario), Thompson papers.— UTARMS, A1973-0026/466(83).— Ottawa Evening Journal, 21 avril 1939.— Canadian Military Gazette (Montréal), 1906–1939.— D. C. Scott, « The Canadian Indians and the Great World War », dans Canada in the Great World War : an authentic account of the military history of Canada from the earliest days to the close of the war of the nations (6 vol., Toronto, 1917–1921), 3 : 285–328.— T. C. Winegard, For king and Kanata : Canadian Indians and the First World War (Winnipeg, 2012).— J. [A.] Wood, Militia myths : ideas of the Canadian citizen soldier, 1896–1921 (Vancouver et Toronto, 2010).
James Wood, « THOMPSON, ANDREW THORBURN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/thompson_andrew_thorburn_16F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/thompson_andrew_thorburn_16F.html |
Auteur de l'article: | James Wood |
Titre de l'article: | THOMPSON, ANDREW THORBURN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2023 |
Année de la révision: | 2023 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |