TEYSSÈDRE, ALEXANDRINE, dite Marie-Saint-David, sœur de la Présentation de Marie, administratrice scolaire et supérieure de sa communauté pour l’Amérique du Nord, née le 9 juillet 1842 à Millau, France, dernière des cinq enfants de Guillaume Teyssèdre, serrurier, et de Marianne Galibert ; décédée le 1er janvier 1921 à Saint-Hyacinthe, Québec, et inhumée dans le cimetière de la communauté.
Orpheline de père dès l’enfance, Alexandrine Teyssèdre fut confiée par sa mère aux Sœurs de la Présentation de Marie de son village vers l’âge de six ans ; à la fin de ses études, elle devint postulante dans cette communauté enseignante. Admise comme professe en 1861, elle fut affectée à diverses tâches d’enseignement ; remarquée par ses supérieures, elle fut ensuite choisie en 1874 pour leur maison de Lausanne, en Suisse. Rappelée en France deux ans plus tard, elle fut aussitôt désignée pour les établissements d’Amérique du Nord, plus précisément à Saint-Hyacinthe, au Québec, où des religieuses s’étaient installées en 1858, après avoir passé deux ans à Sainte-Marie-de-Monnoir (Marieville) et trois à Saint-Hugues.
Peu après son arrivée à l’été de 1876, sœur Marie-Saint-David fut nommée directrice du nouveau pensionnat de la communauté, qui accueillait cette année-là quelque 80 élèves. Le programme d’études s’inspirait de celui des maisons d’enseignement de la communauté en France : en plus de la lecture et de l’écriture, les fillettes apprenaient le catéchisme, l’histoire sainte et du Canada, le français, l’arithmétique et la géographie. En 1879, on confiait à sœur Marie-Saint-David le poste de maîtresse des novices, qu’elle dut cumuler avec celui d’assistante de la supérieure. À partir de 1888, l’accroissement rapide des membres et des œuvres de l’institut l’obligea à se consacrer uniquement à ses fonctions d’assistante. Peu après, une crise d’arthrite venait paralyser ses deux genoux ; malgré les meilleurs traitements alors offerts, elle se vit contrainte à l’usage de béquilles. Toutefois, la confiance de sa communauté l’amena à se rendre en pèlerinage à Sainte-Anne-de-Beaupré et elle en revint guérie le 26 juillet 1897.
En janvier 1898, sœur Marie-Saint-David devenait la cinquième supérieure des Sœurs de la Présentation de Marie pour le Canada et les États-Unis et prenait le titre de mère ; elle avait sous sa direction 20 établissements au Québec et 6 aux États-Unis. S’ouvrit alors une ère de fondations qui multiplia l’œuvre commencée en 1853 par ses devancières au Québec et en Nouvelle-Angleterre. Ce mouvement fut favorisé par l’arrivée d’une cinquantaine de religieuses qui quittèrent la France après l’adoption, en 1901, d’une loi qui obligeait les congrégations religieuses non autorisées à demander une reconnaissance légale pour pouvoir poursuivre leur œuvre en France. Émue par les appels des oblats de Marie-Immaculée qui dataient du temps de Mgr Alexandre-Antonin Taché*, mère Marie-Saint-David envoya 12 sœurs présentines à Duck Lake (Saskatchewan) en 1903 pour enseigner dans une école dite industrielle, dirigée par le père Ovide Charlebois*. Ce fut une œuvre de prédilection de la supérieure, qui la visita à cinq reprises ; elle autorisa également deux autres fondations dans cette partie du pays. Entre 1900 et 1917, on vit donc surgir 28 maisons, dont 10 au Québec, 3 en Saskatchewan, 1 en Ontario et 14 en Nouvelle-Angleterre.
Dès son arrivée au Canada, sœur Marie-Saint-David avait étudié les programmes scolaires en vigueur au Québec et s’était efforcée d’intégrer la tradition pédagogique de sa communauté en France aux pratiques dans la province. On lui doit un important document de synthèse, produit en 1899 à l’intention des maisons d’enseignement de la communauté. À la demande de l’évêque du diocèse de Saint-Hyacinthe, Alexis-Xyste Bernard, elle entreprit l’organisation et la construction d’une école normale, attenante à la maison mère, qui ouvrit ses portes en septembre 1912 ; cette lourde tâche avait toutefois miné sa santé, qui commença à décliner.
Affaiblie par l’âge et la maladie, mère Marie-Saint-David fut relevée de ses fonctions par la supérieure générale de France le 25 mars 1917, après 19 ans comme supérieure. Elle se retira alors à l’infirmerie de la communauté et mourut le 1er janvier 1921 dans cette maison dont elle avait contribué à assurer le rayonnement au Canada et en Nouvelle-Angleterre pendant près de 45 ans. Par sa haute intelligence et ses qualités personnelles, elle avait mérité l’estime des évêques et du clergé ainsi que des autorités civiles.
Les archives de la maison mère des Sœurs de la Présentation de Marie à Saint-Hyacinthe sont disparues dans l’incendie qui a détruit la maison le 7 avril 1992. On tente de les reconstituer, mais il est évident que la majeure partie des documents du supériorat de mère Marie-Saint-David sont disparus. Pour rédiger la présente biographie, il a donc été nécessaire de recourir à des documents déjà publiés. [m.-p. r. lab.]
Arch. départementales, Aveyron (Rodez, France), État civil, Millau, 11 juill. 1842.— Arch. des Sœurs de la Présentation de Marie, P8.3.2 (mère Saint-David), Document pédagogique, 27 mars 1899 ; « A jubilee story, 1903–1978 » (texte dactylographié, Duck Lake, Saskatchewan, s.d.), 3s.— Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 8 janv. 1921.— [Sœur Sainte-Calixte Bourque], Sœur Marie Saint-Guibert, 1832–1925 : la fondation et les soixante-dix premières années de la Présentation-de-Marie en Amérique (Saint-Hyacinthe, 1928).— Canada ecclésiastique, 1898, 1917.— M.-J. Ducharme, « Ou nos écoles et le salut . . . », dans les Franco-Américains et leurs institutions scolaires, sous la dir. de Claire Quintal (Worcester, Mass., 1990), 82–105.— Guy Laperrière, les Congrégations religieuses : de la France au Québec, 1880–1914 (2 vol. parus, Sainte-Foy, Québec, 1996– ), 1 : 32s. ; « “Persécution et Exil” : la venue au Québec des congrégations françaises, 1900–1914 », RHAF, 36 (1982–1983) : 389–411.— Sœur Marie-Aimée de Jésus [Éliza Saint-Jacques], l’Enseignement à l’institut de la-Présentation-de-Marie (Saint-Hyacinthe, 1939).— « Notre album de famille : mère Marie Saint-David », la Rev. présentine (Saint-Hyacinthe), 8 (1933) : 211–214 ; 9 (1934) : 5–8, 81–85, 141–145.— Trois présentines modèles : biographie de vénérée sœur Saint-David (Avignon, France, 1922).
Marie-Paule R. Labrèque, « TEYSSÈDRE, ALEXANDRINE, dite Marie-Saint-David », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/teyssedre_alexandrine_15F.html.
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Auteur de l'article: | Marie-Paule R. Labrèque |
Titre de l'article: | TEYSSÈDRE, ALEXANDRINE, dite Marie-Saint-David |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 18 déc. 2024 |