TEHORENHAEGNON, guérisseur huron, considéré comme l’un des « deux plus grands sorciers du païs » ; circa 1628–1637.
Les guérisseurs indiens avaient une connaissance profonde des herbes médicinales ; fort habiles à traiter les tumeurs et les blessures, ils exerçaient en outre une forte influence en soignant les malades et en écartant les désastres par l’appel aux forces surnaturelles, les pratiques frauduleuses et l’exécution obligatoire de danses, de chants et de jeux rituels, pour lesquels ils étaient bien récompensés.
En 1628, puis de nouveau en 1635, Tehorenhaegnon, n’ayant pas réussi à remplir sa promesse de faire pleuvoir, proclama que les croix qui se trouvaient devant les maisons des Jésuites à Toanché II et à Ihonatiria (dans la péninsule de Penetanguishene) étaient la cause de la sécheresse et de la famine, ainsi que des incendies qui avaient récemment détruit trois villages indiens. Il organisa un festin pour conjurer les mauvais effets d’une éclipse de lune qui eut lieu le 27 août 1635.
Lors des épidémies de 1637, il se vanta de posséder un remède secret obtenu des démons après un jeûne de 12 ou 13 jours dans une cabane située sur le bord du lac. Le village d’Ossossané (La Conception) réclama donc ses services. Tehorenhaegnon y envoya un de ses associés, Saossarinon, à qui il communiqua ses pouvoirs et remit son arc et ses flèches pour le représenter. On décréta un festin de trois jours comme moyen de protéger tous ceux qui y assisteraient. Saossarinon passa d’une cabane à l’autre, visitant les malades, tandis que les hommes du village, rassemblés dans la plus grande habitation, passé rent la nuit à chanter et à danser en battant la mesure sur des morceaux d’écorce. À l’aube, Saossarinon entra au milieu d’un profond silence. Il était précédé d’un capitaine portant l’arc de Tehorenhaegnon et d’une marmite remplie d’eau pour asperger les malades. D’un air grave, Saossarinon éventa les assistants au moyen d’une aile de dindon et distribua un liquide à boire. Ayant ainsi insufflé du courage à l’assistance, il se retira. Cette cérémonie fut suivie d’un festin. Puis les hommes cédèrent la place aux femmes qui se mirent à chanter et à danser à tour de rôle mais ne prirent pas part au repas. Le festin du deuxième jour fut offert par Saossarinon, mais le troisième « ne se fit poînt faute de poisson ». Avant de partir, Saossarinon communiqua ses secrets à deux résidents d’Ossossané et leur remit des ailes de dindon comme gages de son pouvoir. Cependant, les cérémonies ne se révélèrent que partiellement fructueuses, et on envoya un autre messager à Tehorenhaegnon. Saossarinon revint, mais cette fois il refusa de visiter les malades, exigeant qu’on les lui amenât. Toutefois, les gens d’Ossossané perdirent la foi et se débarrassèrent des ailes de dindon.
Les épidémies continuèrent de ravager le pays et la réputation de Tehorenhaegnon baissa, dit-on, lorsque ses sueries, ses festins, ses potions et ses ordonnances se révélèrent inefficaces.
JR (Thwaites).
Elsie McLeod Jury, « TEHORENHAEGNON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/tehorenhaegnon_1F.html.
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Auteur de l'article: | Elsie McLeod Jury |
Titre de l'article: | TEHORENHAEGNON |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 21 nov. 2024 |