TAYLOR, HENRY, homme d’affaires, né le 14 octobre 1841 à Londres, fils de Daniel Taylor et d’une prénommée Sarah ; le 25 décembre 1863, il épousa Charlotte Hunter, et ils eurent un fils et deux filles ; décédé le 28 avril 1893 à London, Ontario.

Henry Taylor immigra au Canada en 1862. Attaché alors au commissariat britannique, il démissionna de son poste l’année suivante et ouvrit à London une banque qui porta successivement les noms de Taylor’s Bank et de Banking House of Henry Taylor. L’un des entrepreneurs les plus en vue du London de la fin du xixe siècle, il participa à diverses entreprises locales, régionales et internationales. Il fut simultanément banquier, membre du conseil d’administration de la Macfie, Taylor, and Sifton Oil Refining Company, représentant de la ligne de navires à vapeur Allan [V. sir Hugh Allan*] et du Great Western Railway ainsi que correspondant de la McCulloch and Company, société anglaise, de la Merchant’s Bank of New York, de la Banque des marchands du Canada et de la Banque Molson. En 1872, il participa à la fondation de la Dominion Savings and Investment Society, puis à celle de l’Ontario Investment Association, huit ans plus tard, dont il fut le directeur général jusqu’en 1887. Taylor acheta la Bennett Furniture Factory en 1884 ; un an après, il fut élu au conseil d’administration de la Carling Brewing and Malting Company, dont il fit partie jusqu’en 1887. Avec plusieurs hommes d’affaires de la ville, il forma en 1886 la London and Petrolia Barrel Company. Parallèlement, Taylor fut l’un des administrateurs de la Stevens, Turner, and Burns Manufacturing Company, de la Compagnie d’assurance de l’Amérique britannique contre le feu et sur la vie, à Toronto, et de la Huron and Lambton Mortgage Company.

Pourtant, c’est probablement à cause de son passage à la présidence de la Bank of London que le milieu des affaires de la ville allait le mieux se souvenir de lui. Constituée juridiquement en 1883, après que Taylor eut fermé sa propre banque, et logée dans les mêmes bureaux que l’Ontario Investment Association, la Bank of London compta d’éminents citoyens parmi sa clientèle. Ceux qui connaissaient la réputation de financier astucieux de Taylor et les associés des diverses entreprises auxquelles il participait confiaient leurs affaires à cet établissement.

Toutefois, la banque sembla connaître certaines difficultés dès le mois d’août 1887, notamment parce qu’elle avait trop spéculé dans les années précédentes. Le conseil d’administration accepta donc de négocier un transfert d’actif à la Banque de Toronto. Le 12 août, au cours des pourparlers, Taylor se rendit à Toronto sous prétexte de régler les dernières dispositions. De là, il télégraphia à ses associés de London pour leur annoncer qu’il démissionnait de la présidence de la banque et que, suivant l’avis de son médecin, il allait prendre des vacances, dont il avait grand besoin, à Alexandria Bay, dans l’état de New York. Une semaine plus tard, la banque suspendit tout paiement et, comme des doutes planaient sur la solvabilité de l’établissement, le shérif saisit les livres de Taylor pour vérification.

Les concitoyens de Taylor émirent l’hypothèse que ses créanciers lui avaient promis l’immunité s’il revenait éclaircir l’affaire, mais des indices laissent croire que c’est la menace de poursuites pour dettes dans l’état de New York qui le décida finalement à rentrer à London. Arrivé le 27 août, il fut appréhendé le 2 septembre en vertu d’un mandat d’amener délivré à la demande de l’un des administrateurs de l’Ontario Investment Association, Richard Martin Meredith*. Celui-ci lui intenta des poursuites au civil : il l’accusait d’avoir renié un contrat dans lequel il s’engageait à acheter ses actions de l’association. Le 16 janvier 1888, la Cour du banc de la reine ordonna à Taylor de payer les frais du procès et de verser 15 337 $ à Meredith.

Contre l’avis de bien des actionnaires, Meredith et Newenham P. Graydon avaient aussi lancé des poursuites au criminel. L’acte d’accusation stipulait qu’au cours de la période où Taylor avait participé à la direction de l’Ontario Investment Association et de la Bank of London, il avait falsifié des contrats d’emprunt et fait des chèques au nom de l’association. Les sommes, qui s’élevaient à 15 000 $, avaient été déposées dans des comptes privés. Toutefois, l’avocat de la couronne reconnaissait que Taylor s’était peut-être moins rendu coupable de détournement de fonds que de pratiques irrégulières. On rejeta les accusations aux assises du printemps de 1888, mais Taylor, mis en faillite à cause de mauvais investissements, donc incapable d’honorer le jugement civil, fit un an de prison pour dettes. Une fois libéré, il retourna quelque temps dans le secteur bancaire avec un ancien associé, Henry Sifton. Il mourut en 1893.

Le cas de Henry Taylor peut servir à illustrer les dangers que présente la spéculation excessive dans une période de fluctuations économiques. Comme plusieurs autres petites banques ontariennes, la Bank of London sombra pendant la crise financière des années 1880 en raison de la manipulation des actions bancaires, d’une flambée de ventes foncières et de spéculations incontrôlées ainsi que de l’instabilité qui s’ensuivit dans le système bancaire. La faillite de la banque, combinée aux sévères sanctions contre les pratiques commerciales manifestement douteuses qu’imposait le milieu des affaires de l’époque, empêcha Taylor de s’assurer une place dans l’élite des entrepreneurs de London.

Stephanie L. Sykes

London City Registry Office (London, Ontario), Copartnership reg., no 1068, 23 févr. 1889, and original docs.— Ontario, Office of the Registrar General (Toronto), Deaths, registration no 1893-05-342578.— UWOL, Regional Coll., Bank of London in Canada papers, W. N. Clarke and J. G. Esler, « The Bank of London in Canada » (s.d.) ; D. W. Shales, « The Bank of London in Canada » (1936) ; Middlesex County, Ontario, Chancery Court records, cases, 1888–1889 ; Clerk of the Peace, Criminal Court records, brief of Charles Hutchinson, printemps 1888 ; examinations of witnesses at police magistrate’s court, janv. 1888 ; letter of gaol surgeon to Hutchinson regarding Taylor’s health, janv. 1888 ; recognizances ; High Court of Justice, procedure book, 1886–1888.— London Advertiser, 1er août 1887–30 mai 1888, 29 avril 1893.— London Free Press, 1er août 1887–30 mai 1888.— Hist. of Middlesex.

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Stephanie L. Sykes, « TAYLOR, HENRY (1841-1893) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/taylor_henry_1841_1893_12F.html.

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Auteur de l'article:    Stephanie L. Sykes
Titre de l'article:    TAYLOR, HENRY (1841-1893)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    20 déc. 2024