SYMONDS, HERBERT, ministre de l’Église d’Angleterre, professeur, théologien et auteur, né le 28 décembre 1860 à Rickinghall Inferior, Angleterre, fils de George Symonds, homme d’affaires, et de Hannah Wright ; le 27 mai 1883, il épousa à Bobcaygeon, Ontario, Emma Blackhall Boyd, sœur de Mossom Martin Boyd*, et ils eurent trois fils et quatre filles ; décédé le 24 mai 1921 à Montréal.

Herbert Symonds étudia au Framlingham College, en Angleterre, puis, après son arrivée au Canada en 1881, au Trinity College de Toronto, où il obtint une licence ès arts en 1886 et une maîtrise ès arts en 1887. Il fit également des études de troisième cycle en théologie à la University of Cambridge. Pendant cette période, il subit l’influence d’un groupe de l’Église d’Angleterre qui privilégiait une interprétation large de la doctrine, la Broad Church, et chercha de l’inspiration dans les écrits des Anglais Frederick Denison Maurice et Charles Kingsley et dans ceux de l’Américain Phillips Brooks. Il fut ordonné diacre en 1885 et ministre le 6 mars 1887 par l’évêque de Toronto, Arthur Sweatman*. En 1887, il devint fellow du Trinity College et maître de conférences dans cet établissement ; trois ans plus tard, il y fut nommé professeur de théologie. Ses opinions modernistes s’accordaient mal à la tradition tractarienne du collège. Il soutenait le caractère englobant de l’anglicanisme, affirmait la légitimité d’un nouvel énoncé de la doctrine et prônait l’adaptation des formes du culte aux besoins engendrés par les découvertes modernes. En 1892, il accepta la charge de la paroisse St Luke d’Ashburnham (Peterborough). En 1901, il prit la direction d’une prestigieuse école pour garçons située à Port Hope, la Trinity College School.

En 1903, Symonds retourna au ministère paroissial à titre de curé de la cathédrale Christ Church à Montréal. Ce poste n’était pas de tout repos. Le diocèse, alors sous l’autorité de l’archevêque William Bennett Bond*, était dans l’ensemble très conservateur et avait été déchiré en 1901 par une controverse au sujet de l’enseignement libéral du révérend Frederick Julius Steen, professeur au Montreal Diocesan Theological College. Sans approuver Symonds, le nouvel évêque élu en 1909, John Cragg Farthing*, se montrerait plus compréhensif envers lui que Bond. Comme le rector de la Christ Church, John George Norton, s’occupait peu de l’administration de la paroisse, la plupart des responsabilités retombaient sur les épaules de Symonds. Ce dernier se révéla un titulaire compétent et populaire.

Symonds était un orateur très recherché à Montréal, ailleurs dans le Québec anglophone, en Ontario et aux États-Unis. En outre, il participait aux affaires éducatives et municipales à Montréal. Il occupa la présidence du Bureau des commissaires des écoles protestantes de la cité de Montréal de 1907 à 1912 et fut associé à diverses œuvres de bienfaisance. Il reçut deux diplômes honorifiques : en 1901, un doctorat en théologie du Queen’s College de Kingston et, en 1912, un doctorat en droit de la McGill University de Montréal. En 1918, il aida à mettre sur pied le Comité des Seize, dont le but était de combattre la prostitution organisée à Montréal, et il fut président de cet organisme.

En tant que théologien, Symonds travailla surtout dans deux domaines : le renouvellement des énoncés doctrinaux et les relations entre les Églises. Ses tentatives en vue de repenser les rites de l’Église d’Angleterre, en particulier les credos de Nicée et des Apôtres, suscitèrent d’interminables discussions. Selon lui, il fallait exposer l’enseignement de Jésus sous une forme nouvelle à chaque époque, en fonction des besoins, et les formules traditionnelles ne devaient pas entraver la pensée moderne. Bien que ses positions aient eu de vastes implications, on s’attardait surtout à ce qui semblait, de sa part, une négation de la doctrine de l’Immaculée Conception. En fait, ses vues sur la question ne sont pas tout à fait claires, mais elles étaient si controversées que, en 1919, il faillit subir un procès pour hérésie.

Symonds résuma sa position théologique sur les relations entre les Églises dans une lettre adressée à l’assemblée des fidèles de la Christ Church en 1918 à l’occasion du Carême. Il rendait alors visite au Corps expéditionnaire canadien en Angleterre. Dans cette lettre, il énumérait « les principales rubriques [sous lesquelles se rangeaient] les besoins religieux, théologiques et ecclésiastiques de [l’]époque ». Il « plaidait avec ferveur pour une plus grande fraternité entre les chrétiens » et disait : « nous devons admettre dans nos chaires les ministres des autres Églises que la nôtre et […] accueillir devant nos autels les fidèles des autres Églises ». « Il nous faut comprendre, déclarait-il, que nos points communs sont beaucoup plus importants que nos divergences. » Dans ce texte, il prétendait que ces positions devaient beaucoup à ses expériences auprès de l’armée, mais en fait il en soutenait de semblables depuis les années 1890.

Symonds s’était intéressé aux rapports entre les Églises et à leur unification dès les premières années de son ministère, et cette question était devenue l’une de ses principales préoccupations. En 1899, il publia Lectures on Christian unity, premier d’un grand nombre d’écrits sur le sujet. En 1909, Mgr Farthing lui demanda de ne pas inviter publiquement des non-anglicans à recevoir la communion à la cathédrale à l’occasion des offices de Noël et de Pâques, sans quoi il refuserait d’être présent. Symonds se rendit de mauvais gré à cette requête. En 1912, il fit partie d’un petit groupe d’anglicans qui présentèrent à la chambre des évêques du Canada un mémoire dans lequel ils manifestaient le désir que les chaires et autels anglicans soient accessibles aux membres des autres confessions. En 1913, Symonds accepta une invitation à prêcher à l’église presbytérienne St Giles à Montréal. La chose provoqua un tollé : Farthing lui servit une réprimande et certains réclamèrent sa comparution devant un tribunal ecclésiastique. Farthing refusa la tenue d’un tel procès. Bien d’autres incidents marquèrent le ministère de Symonds à Montréal. En 1920, il assista à un office à l’église unitarienne du Messie, dans cette ville, ce qui causa de nouvelles inquiétudes. Inacceptable pour bon nombre de ses coreligionnaires de Montréal et du reste du Canada, sa position préfigurait pourtant l’« Appel à tous les chrétiens » issu de la conférence de Lambeth en 1920, document qui témoignait d’une plus grande ouverture de la part des anglicans et exprimait leur souhait de voir les Églises s’unifier.

Symonds ne faisait pas que mettre en pratique sa conviction que tous les protestants de langue anglaise étaient essentiellement unis dans leur foi et que leurs divergences étaient mineures. Il rejetait la doctrine de la succession apostolique, chère à beaucoup d’anglicans, et favorisait une fédération des Églises canadiennes. Sa position paraissait étrange à la plupart de ses coreligionnaires, et il faut l’étudier en tenant compte du fait que les négociations qui déboucheraient sur la formation de l’Église unie du Canada en 1925 étaient alors en cours.

Herbert Symonds tomba malade le 27 avril 1921 au cours d’une tournée de conférences en Ontario et mourut près d’un mois plus tard. Il fut inhumé au cimetière du Mont-Royal à Montréal. Avec les années, on en est venu à retenir à son sujet un seul élément, à savoir sa popularité de ministre. Sur le plan théologique, il n’a pas eu d’influence durable, en partie parce que ses écrits ne sont pas érigés en système. Même si bon nombre des questions qu’il a soulevées – l’œcuménisme et l’interprétation des credos par exemple – conservent leur importance, ses solutions paraissent simplistes et sont largement devenues désuètes. Comme beaucoup de modernistes de l’Église anglicane et des autres confessions protestantes, Symonds sous-estimait l’importance de la doctrine et n’en tenait guère compte dans ses projets d’unification des Églises ou dans sa prédication et son enseignement. Pourtant, il mérite de ne pas être oublié, car il fut l’un des rares représentants canadiens de la Broad Church. Son héritage, et celui des modernistes en général, relève plus de l’esprit que des réalisations concrètes. Aujourd’hui, la volonté de débattre de questions théologiques dans un esprit d’ouverture est plus commune, mais aussi plus ancrée dans la doctrine.

Richard Virr

Herbert Symonds a écrit les articles « Church unity » et « The idea of progress » parus dans le Canadian Churchman (Toronto) les 2 et 9 nov. 1916, et le 19 juill. 1917, respectivement. Il est également l’auteur de : Trinity University and university federation : an essay addressed to the council of Trinity University and the members of convocation ([Peterborough, Ontario], 1894) ; Lectures on Christian unity (Toronto, 1899) ; The Anglican Church and the doctrine of apostolic succession (Montréal, 1907) ; The Broad Church : a sermon preached in Christ Church Cathedral, Montreal, December 30th, 1906 (Montréal, 1907) ; Religion after the war : a sermon-lecture (Montréal, 1916) ; Lent letter (s.l., [1918]) ; A spiritual forward movement : an open letter to Rev. Dr. Fraser, principal of the Presbyterian College, Montr[e]al ([Montréal ?, paru entre 1918 et sa mort]).

Église anglicane du Canada, Diocese of Montreal Arch., Clergy files, Herbert Symonds ; Episcopal journals, James Carmichael, 1907 ; J. C. Farthing, 1909, 1911, 1913, 1915, 1919–1920.— Comité des Seize, Preliminary report [...] ([Montréal], 1918) ; Some facts regarding toleration, regulation, segregation and repression of commercialized vice (Montréal, 1919).— J. C. Farthing, Recollections of the Right Rev. John Farthing, bishop of Montreal, 1909–1939 ([Montréal, 1946 ?]).— Herbert Symonds : a memoir (Montréal, 1921).— « The late Rev. Herbert Symonds, d.d., ll.d. », Montreal Churchman, 9, no 8 (juin 1921) : 11.

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Richard Virr, « SYMONDS, HERBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 23 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/symonds_herbert_15F.html.

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Auteur de l'article:    Richard Virr
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
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