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SPRINGSTEAD, VELMA AGNES, secrétaire et athlète, née le 22 août 1906 à Hamilton, Ontario, fille de Margaret Edith Crowe et de Bernice Lavelle (Val) Springstead ; décédée célibataire dans cette ville le 27 mars 1927.
Velma Agnes Springstead incarne ces jeunes femmes qui, au début des années 1920, sous l’impulsion des victoires remportées par le mouvement en faveur du suffrage féminin, entrèrent sur la scène sportive dans des villes industrielles comme Hamilton et jetèrent ainsi les bases d’une participation féminine qui continue depuis lors. D’un naturel gai et dynamique, Mlle Springstead travaillait comme secrétaire du directeur des ventes à la Tuckett Tobacco Company Limited (entreprise fondée par George Elias Tuckett*), enseignait à l’école du dimanche de l’église presbytérienne Calvin et apprenait le piano. Cependant, sa passion était le sport. Dès l’adolescence, elle avait joué au softball et au basket-ball dans le Hamilton Ladies Club et, régulièrement, elle se distinguait dans des épreuves de sprint, de course de haies et de saut en hauteur. En 1925, elle contribua à légitimer la participation des Canadiennes à des compétitions de haut niveau en faisant partie de la toute première équipe inscrite à des épreuves internationales d’athlétisme.
Cette année-là, l’Amateur Athletic Union of Canada, association exclusivement masculine, fut invitée à envoyer à Londres une équipe féminine qui affronterait les équipes nationales de Grande-Bretagne et de Tchécoslovaquie. L’association ne souhaitait nullement former une telle équipe mais ne voulait pas risquer la réprobation publique en déclinant l’invitation. Elle demanda donc à Alexandrine Gibb*, secrétaire d’une maison torontoise de courtage et organisatrice bénévole de sport, de sélectionner et de diriger les athlètes. Des épreuves convoquées en toute hâte se tinrent au Varsity Stadium de Toronto le 11 juillet. Mlle Springstead réussit à être choisie en battant la détentrice du record canadien de saut en hauteur, Innes Bramley. Vêtue d’une tunique flottante, elle atteignit quatre pieds sept pouces avec un saut en ciseau.
Le voyage à l’étranger stimula les participantes, élargit leurs horizons et les plongea dans l’atmosphère d’aventure qui entoure souvent les compétitions internationales. De plus, il contribua à sortir le sport féminin de l’ombre. Pendant la traversée, via Québec et Liverpool, les dix athlètes, accompagnées d’Alexandrine Gibb et d’un chaperon, furent assaillies par des reporters et des photographes. Le gouvernement du Canada, la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique et les organisateurs britanniques leur firent fête.
Les Britanniques remportèrent aisément la compétition, tenue à Stamford Bridge à Londres le 1er août, et les Tchécoslovaques se classèrent au deuxième rang, mais les Canadiennes ne firent « pas du tout mauvaise figure ». Velma Agnes Springstead termina troisième au saut en hauteur et quatrième à la course de haies. Elle insuffla enthousiasme et détermination à toute l’équipe. Toujours présente aux abords de la piste, elle encouragea ses coéquipières et conquit des équipes rivales et des spectateurs par son exubérance. À l’issue d’un vote des concurrentes, elle remporta le trophée Lord Decies, décerné à l’athlète la plus complète de la rencontre.
L’expérience de Stamford Bridge convainquit Alexandrine Gibb et d’autres que les Canadiennes méritaient de participer pour de bon aux compétitions internationales mais que, pour y arriver, elles devaient former leur propre organisation. Dès que possible, soit en 1926, elles fondèrent la Women’s Amateur Athletic Federation of Canada et se mirent à promouvoir dans tout le pays « des sports pour les filles organisés par des filles ». En 1928, sous la direction d’Alexandrine Gibb, la fédération conduisit la première équipe olympique de Canadiennes à Amsterdam en collaboration avec l’Amateur Athletic Union.
Velma Agnes Springstead aurait dû faire partie de cette équipe, mais en fait, elle n’eut jamais la chance de participer aux Jeux olympiques. Hospitalisée en mars 1927 pour de graves douleurs à la poitrine, elle avait succombé à une pneumonie trois jours plus tard. Son ambition et son goût de la vie continuèrent néanmoins d’inspirer les organisatrices de sport féminin au Canada. Après son décès, la Women’s Amateur Athletic Federation inscrivit la santé au nombre de ses priorités : elle pressait les participantes de subir un examen médical chaque saison et exhortait les médecins à fournir gracieusement leurs services aux athlètes démunies. L’organisation resta fidèle à cette ligne de conduite. En 1932, pour rappeler la contribution de Velma Agnes Springstead au sport féminin, Alexandrine Gibb et la Women’s Amateur Athletic Federation donnèrent son nom à un trophée décerné chaque année à la meilleure athlète canadienne en fonction de trois critères : « performance, esprit sportif et conduite ».
Canadian athletics, 1832–1992, Bill McNulty et Ted Radcliffe, compil. ([Richmond, C.-B.], 1992).— DHB, 3.— [Alexandrine Gibb ?], « Report of the women’s athletic team, which competed in international games held at Stamford Bridge, London, Eng., August 1st, 1925 », dans Canadian Olympic Committee, Report, 1925 Games held in Chamonix and Paris, France [...], J. H. Crocker, compil. (s.l., [1925 ?]).— Bruce Kidd, The struggle for Canadian sport (Toronto, 1996).— N. R. Raine, « Girls invade track and diamond », Maclean’s (Toronto), 38 (1925), nº 16 : 12s., 62s
Bruce Kidd, « SPRINGSTEAD, VELMA AGNES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/springstead_velma_agnes_15F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/springstead_velma_agnes_15F.html |
Auteur de l'article: | Bruce Kidd |
Titre de l'article: | SPRINGSTEAD, VELMA AGNES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |