SMITH, PHILANDER, ministre et évêque de l’Église méthodiste épiscopale, né le 27 avril 1796 dans le comté de Schoharie, New York ; il se maria deux fois, la seconde fois avec Mme Harriet Cadman le 18 août 1850 à Brooklin, Haut-Canada, et il eut au moins un fils qui fut également ministre de l’Église méthodiste épiscopale ; décédé le 28 mars 1870 à Brooklin, Ontario.

Philander Smith naquit de parents presbytériens et passa son enfance dans le comté de Delaware, New York. Il arriva en 1815 dans le Haut-Canada et trouva du travail près du village de Lyn. La Conférence de Genesee de l’Église méthodiste épiscopale se réunit à Elizabethtown (Brockville) en 1817, et Smith adhéra à cette Église au cours du renouveau religieux auquel la conférence donna lieu. Il devint prédicateur suppléant dans le « circuit » de Hallowell (Picton) en 1819 et fut officiellement accepté comme ministre en probation au cours de l’année suivante.

Smith fut d’abord attaché au circuit de Smith’s Creek (Port Hope et comté de Durham). En 1821, il desservait le circuit de Cornwall et, en 1822–1823, il était en poste à Kingston. Il fut ordonné diacre en 1822 et ministre en 1824 ; on le désigna alors à Augusta. Kingston et la baie de Quinte lui furent assignées comme circuit en 1825. De 1826 à 1829, il s’occupa à titre de ministre président du district d’Augusta, lequel s’étendait de Cornwall à Kingston et englobait la vallée de l’Outaouais et Perth.

La section canadienne de l’Église était devenue autonome en 1828 et s’était détachée de l’Église mère américaine. Smith sollicita sa mise à la retraite pour des raisons de santé en 1830 et n’occupa pas de charge dans l’Église durant les années 1830 et 1831. À cette époque, on le disait riche et s’intéressant activement à une entreprise commerciale. En 1832, il fut nommé ministre à Prescott mais, apparemment, ses efforts pour mettre un terme à ses activités mercantiles l’ayant amené à vouloir percevoir les sommes que lui devaient d’autres méthodistes, il eut à faire face à l’hostilité et aux critiques des fidèles de son Église. Son nom apparaissait sur la liste des membres de la Conférence générale de York en 1833, conférence qui se prononça en faveur de la fusion avec l’Église méthodiste wesleyenne britannique. On ne le désigna à aucun poste cette année-là et il fut mis à la retraite de 1834 à 1836. Les procès-verbaux de 1837 le mentionnent comme faisant partie du circuit d’Augusta, mais il demanda à passer à la Conférence de Black River de l’Église méthodiste épiscopale de l’État de New York.

Smith ne donna toutefois pas suite à son projet de transfert, mais décida plutôt de quitter l’Église méthodiste wesleyenne pour se joindre à l’Église méthodiste épiscopale que les dissidents avaient commencé à réorganiser en 1834 après la fusion de 1833. Dès 1835, l’Église méthodiste épiscopale revivifiée comptait 1243 membres et 21 prédicateurs, et avait déjà élu son premier évêque en la personne de John Reynolds. Les procès-verbaux de 1837 mentionnent le nom de Smith comme ministre et missionnaire de la conférence dans le district de la baie de Quinte. Toujours ministre en 1838, mais à titre de surnuméraire, il était également vice-président de la société missionnaire chargée de la fondation de nouvelles congrégations. Nommé à Brockville en 1841, puis à Elizabethtown en 1842–1843, Smith devint un des ministres du nouveau circuit d’Augusta en 1844–1845. Il fut président du comité qui faisait subir des examens aux prédicateurs à l’essai afin d’évaluer leurs connaissances en matière de théologie, d’histoire de l’Église, de grammaire anglaise et de géographie. Le comité signala que les candidats fondaient leur principale prétention à l’instruction sur leur connaissance de la Bible.

Au cours des années 40, Smith fit partie d’un grand nombre de comités tant au sein de la Conférence de la baie de Quinte qu’au sein de la Conférence générale. En 1844, il était l’un des trois délégués envoyés à la Conférence générale américaine de l’Église méthodiste épiscopale dans le but d’obtenir la reconnaissance du statut de l’Église méthodiste épiscopale du Canada et le maintien de son association à l’Église méthodiste épiscopale américaine. Bon nombre d’Américains influents leur avaient donné l’assurance qu’ils seraient bien accueillis; néanmoins, on leur refusa la reconnaissance à cause des objections soulevées par John Ryerson* qui représentait la conférence méthodiste prédominante dans le Haut-Canada. Des divergences persistantes divisaient les deux sectes méthodistes canadiennes, les wesleyens et les épiscopaux, et la reconnaissance de l’Église méthodiste épiscopale du Canada par l’Église américaine se fit attendre jusqu’en 1860.

Smith faisait partie du triumvirat qui ordonna l’Américain John Alley surintendant général et évêque de l’Église canadienne en 1845. À la mort d’Alley, Smith fut élu cosurintendant et évêque conjointement avec John Reynolds. À compter de ce moment, il fut cosignataire de la lettre pastorale annuelle, et son nom figure au bas des rapports des comités des livres et des comités missionnaires de même qu’au bas des jugements des nombreux comités disciplinaires qui entendaient les griefs et arbitraient les différends au sein du clergé et parmi les laïcs.

Smith adhérait fermement à la sévère discipline, méthodiste laquelle, croyait-il, « devrait, après la Bible, régler la conduite de chacun ». Il disait à ses fidèles : « La piété personnelle, la communion avec Dieu et la bienveillance à l’égard des hommes étant d’importance primordiale, [ces vertus] doivent constituer votre première et plus vigilante préoccupation » ; il affirmait avec insistance que « pour être une Église forte, il [fallait] être une Église sainte ». Tout en plaçant l’accent sur la vie spirituelle, son enseignement se teintait d’une certaine dose de puritanisme. Les méthodistes, selon lui, devaient fuir les plaisirs du monde tels que le théâtre, le cirque, les bals et le jeu, car ils étaient « néfastes à la religion ». Il chercha à leur faire appuyer le mouvement en faveur de l’observance du jour du Seigneur et signa leur pétition adressée à l’Assemblée législative en 1858 réclamant sa mise en application. Il encouragea fortement les sociétés de tempérance, et les conférences inondèrent le gouvernement de mémoires demandant d’interdire la fabrication et la vente des spiritueux.

Smith s’intéressa vivement à la cause de l’éducation. En 1853, alors qu’il était président de la Conférence de la baie de Quinte, celle-ci entreprit les premières démarches en vue de la fondation du Belleville Seminary, plus tard connu sous le nom d’Albert College, qui serait son établissement d’enseignement secondaire et ultérieurement s’occuperait de la formation universitaire des ministres. L’Église méthodiste épiscopale soutenait le principe de la séparation de l’Église et de l’État et du soutien de l’Église par des contributions volontaires de ses membres (voluntaryism). On désigna des agents pour recueillir les dons pour l’école. Ce principe du voluntaryism fut durement mis à l’épreuve en 1855–1856 et de nouveau en 1859, lorsque le séminaire, se trouvant en très mauvaise posture financière, des subsides du gouvernement furent mis à sa disposition. Au mois d’août 1855, le premier conseil d’administration, dont Smith était membre, repoussa ces subventions, les jugeant de nature « à rendre les établissements qui les recevaient tributaires du gouvernement du moment » et les estimant « un dangereux geste de favoritisme ». La question souleva de nombreuses discussions au sein de l’Église. Une conférence générale convoquée spécialement en 1856 ordonna le retour à l’État des sommes reçues et le principe du voluntaryism fut renforcé par de nouvelles mesures en 1859. Smith qui remplissait les fonctions de président du « sénat » du séminaire ne cessa d’encourager les fidèles à donner généreusement pour soutenir celui-ci.

Lorsque Smith fut élu évêque en 1847, l’Église méthodiste épiscopale comptait 7 493 membres et 92 prédicateurs. Après quelques années de lente croissance, l’Église connut une subite expansion, et en 1864 on dénombrait 21 468 fidèles et 216 prédicateurs. Les pourparlers préliminaires en vue de l’union des différentes sectes méthodistes débutèrent en 1866 dans l’Église méthodiste épiscopale. Malgré le caractère éminemment souhaitable de cette union, Smith et James Richardson* soutenaient que l’expérience antérieure avec les méthodistes wesleyens plus conservateurs « command[ait] la prudence dans les premières démarches » afin que l’union se fasse uniquement en accord avec « les principes de la constitution et avec les Saintes Écritures ». On n’entama pas de véritables négociations et on ne réalisa pas de réels progrès au cours des années 60.

L’évêque Smith avait élu domicile au moins dès 1850 dans le village de Brooklin situé au nord de Whitby ; il y acheta une ferme de 40 acres. Au moment de sa mort, le Canada Christian Advocate affirma qu’il était « le plus vieux ministre en exercice de toute l’Église méthodiste sinon de toutes les Églises de la province » et il rendit hommage « à sa foi inébranlable », à la vigueur et à l’éloquence de sa prédication et à ses talents d’administrateur, ajoutant « qu’en tant que président des organismes de l’Église, nul, ou presque, ne lui était supérieur ».

W. E. L. Smith

UCA, Methodist Episcopal Church in Can., General Conference addresses, correspondence, reports of committees ; General Conference journal, 18351870.— Methodist Episcopal Church in Can., Minutes of the annual conference, 1836–1871.— Wesleyan Methodist Church in Can., Minutes of the annual conferences from 1824 to 1845 [...] (Toronto, 1846).— Canada Christian Advocate (Cobourg et Hamilton, Ont.), 6 nov. 1845, 16 mai 1848, 20 août 1850, 6 avril 1870.— Cornish, Cyclopaedia of Methodism, I : 48, 140.— Carroll, Case and his cotemporaries, III, IV. W. E. L. Smith, Albert College, 1857–1957 ([Belleville, Ont., 1957]).— Thomas Webster, History of the Methodist Episcopal Church in Canada (Hamilton, Ont., 1870).

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W. E. L. Smith, « SMITH, PHILANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 14 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/smith_philander_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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