SAYRE, JAMES, homme d’affaires, fonctionnaire et juge de paix, né le 7 septembre 1761 à Philadelphie, fils du révérend John Sayre, ministre de l’Église d’Angleterre, et de Mary Bowes ; décédé le 22 mars 1849 à Dorchester Island, Nouveau-Brunswick.
Issu d’une famille dont huit enfants survécurent à l’enfance, James Sayre connut plusieurs déménagements dans ses premières années, car son père desservit plus d’une mission anglicane en Nouvelle-Angleterre. Les événements déclenchés par la déclaration d’Indépendance en juillet 1776 l’empêchèrent de faire de bonnes études. Son père, ministre de la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts, œuvrait alors à Fairfield, au Connecticut, l’une des places fortes du torysme [V. Daniel Morehouse*]. Il ne faisait pas mystère de son allégeance à la couronne et encourageait ses enfants à porter des provisions aux paroissiens emprisonnés. Déclaré ennemi de la patrie, il fut banni de Fairfield pendant environ sept mois ; à son retour, on limita étroitement ses déplacements.
Le 8 juillet 1779, le major général William Tryon entrait dans Fairfield avec une unité de soldats britanniques. Il donna l’ordre d’incendier les maisons des prorévolutionnaires, ce qui entraîna par inadvertance la destruction de certaines maisons de loyalistes, dont celle de John Sayre. Ruinés, Sayre, sa femme et leurs enfants s’enfuirent à Flushing, dans l’état de New York ; en 1781, ils étaient à New York même. C’est à cet endroit que Sayre s’allia aux loyalistes qui cherchaient à trouver refuge en Nouvelle-Écosse. Il fut l’un des représentants du célèbre groupe de 55 loyalistes qui, en juillet 1783, s’adressèrent au commandant en chef de l’Amérique du Nord, sir Guy Carleton*, pour obtenir de généreuses concessions foncières dans leur province d’adoption [V. Abijah Willard*]. Sayre reçut une concession à Parrtown (Saint-Jean, Nouveau-Brunswick), où il exerça son ministère auprès des nouveaux arrivants loyalistes. Son fils James, arrivé à Parrtown sur la « flotte du printemps » de 1783, obtint une terre dans le voisinage de Gagetown. En 1784, John Sayre habitait Maugerville, où il mourut en août. Par la suite, sa veuve vendit ses terres à James.
Le 17 mars 1790, en l’église Trinity, de Saint-Jean, James épousa une loyaliste du Rhode Island, Polly Smith, fille du docteur Nathan Smith, qui allait être député de la ville de Saint-Jean de 1795 à 1802. Cinq fils et cinq filles naîtraient de cette union. Les époux s’établirent à Maugerville, où Sayre tint un magasin général et un petit moulin. Apparemment, il était aussi associé, d’une façon quelconque, à un gros marchand loyaliste de Saint-Jean, William Pagan*. En 1803, les Sayre s’installèrent à Dorchester Island, chantier naval et port de commerce achalandé qui avoisinait Dorchester, chef-lieu du comté de Westmorland. Ils étaient les premiers loyalistes à élire domicile dans cette île, reliée à la terre à marée basse. Sayre construisit une maison à charpente de bois et acquit lentement des terres, mais n’eut pas de succès en affaires. Son fils William Pagan Sayre écrirait en 1816 : « Mon père n’a pas été très chanceux dans l’accumulation des biens terrestres [...] Plusieurs lourdes pertes et déceptions dans son commerce lui infligèrent un recul considérable. » Néanmoins, Sayre avait vite acquis de l’influence dans son milieu. En 1807, on le nomma fonctionnaire du village et de la paroisse et juge de paix. Sept ans plus tard, il devint shérif en chef et le demeura jusqu’en 1826, année où son fils William Pagan lui succéda. De 1834 à 1849, il fut capitaine de port et receveur des douanes à Dorchester.
À sa mort, en mars 1849, on inhuma James Sayre au Dorchester Pioneer Cemetery, aux côtés de sa femme, décédée 11 ans plus tôt. Mort intestat, il laissait des biens d’une valeur de £455, ce qui peut suggérer que sa situation commerciale s’était améliorée. Sa vie avait été étroitement liée à celle des loyalistes du Nouveau-Brunswick. Vigoureux partisan de la couronne, il avait fui son pays natal, avait épousé une loyaliste et s’était fixé dans la province. Plusieurs de ses fils demeurèrent à Dorchester, épousèrent des filles de loyalistes et jouèrent un rôle actif dans la communauté. Par sa sœur Esther, femme de Christopher Robinson*, Sayre était apparenté à l’une des plus puissantes familles loyalistes du Haut-Canada.
APNB, RG 10, RS108, 1785, no 149 ; 1815, no 353 ; RG 18, RS159, A1.— Saint John Regional Library (Saint-Jean, N.-B.), A18 (loyalist family papers index), no 32 (mfm aux APNB).— St Paul’s Anglican Church (Sackville, N.-B.), Reg. of burials, 1849 (mfm aux APNB).— Westmorland County Probate Office (Moncton, N.-B.), Probate record book C : 181, 247.— Royal Gazette (Saint-Jean ; Fredericton), 8 nov. 1785, 27 juill. 1836, 19 déc. 1838, 9 juin 1841, 5 mai 1843.— T. M. Banta, Sayre family ; lineage of Thomas Sayre, a founder of Southampton (New York, 1901).— N.-B. almanack, 1829–1849.— Lorenzo Sabine, Biographical sketches of loyalists of the American revolution (2 vol., Boston, 1864 ; réimpr., Port Washington, N.Y., 1966).— W. O. Raymond, « Pioneer missionaries of the church in New Brunswick [...] », Church Work (Halifax), 9 nov. 1911 : 2.
Della M. M. Stanley, « SAYRE, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/sayre_james_7F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |