SAINT-ÉTIENNE DE LA TOUR, AGATHE (Marie-Agathe) DE (Bradstreet ; Campbell), prétendue seule héritière de son grand-père Charles de Saint-Étienne* de La Tour, née en 1690 au Cap-Sable, fille de Jacques de Saint-Étienne de La Tour et d’Anne Melanson, morte, probablement à Kilkenny (Irlande), en ou après 1743.

Après le décès de Jacques de La Tour vers 1699, les enfants furent mis sous la tutelle de leur mère par un acte du lieutenant général de l’Acadie. Ayant vécu durant sa jeunesse à Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.), Agathe épousa successivement deux officiers subalternes anglais de la garnison de cette ville ; d’abord, le lieutenant Edward Bradstreet qui mourut en décembre 1718, et ils eurent au moins deux fils, Simon et John* qui furent officiers dans l’armée britannique ; ensuite, en secondes noces, le lieutenant Hugh Campbell qui mourut avant 1730 et qui la laissa avec cinq enfants.

Le gouverneur Richard Philipps* exprima en 1729 le désir d’annuler les anciennes concessions en Nouvelle-Écosse pour en établir de nouvelles et demanda à cette fin l’arpentage des terres. Les autorités anglaises voulaient acquérir des terres pour les sujets de la Grande-Bretagne – en majeure partie des protestants – , et les persuadaient de venir s’établir en Nouvelle-Écosse. Mme Campbell, devenue veuve de son second mari, y vit le moyen de s’enrichir en faisant valoir ses droits sur les anciennes propriétés de Charles de Saint-Étienne de La Tour afin de pouvoir les vendre à la couronne britannique. Lors de l’arrêt du Conseil d’État de Louis XIV du 20 mars 1703 [V. Charles de Saint-Étienne], sa famille avait en effet reçu, de la succession de l’aïeul Charles, le cinquième du fief du Cap-Sable et deux des sept parties des seigneuries de Port-Royal et des Mines (Grand-Pré, N.-É.). Agathe ne possédait en 1730 que la quatrième partie de ce qui était échu en partage à sa famille ; néanmoins, en 1725, elle avait revendiqué toutes les seigneuries de son aïeul, prétendant que son frère et ses sœurs, ainsi que ses oncles et tantes, lui avaient abandonné leur part lorsque l’Acadie était passée entre les mains des Anglais. En 1730, elle introduisit une deuxième requête, semblable à la première et accompagnée de trois prétendus actes de cession de la part d’un oncle et de deux tantes.

Après que Philipps eut ordonné l’abolition des redevances censitaires, Mme Campbell se rendit à Londres pour demander la restauration de ses droits ou une compensation suffisante et, en mai 1732, elle présentait une première requête au Board of Trade. Philipps, de même que le lieutenant-gouverneur Armstrong, doutait du bien-fondé de ses prétentions à tous les droits de la succession La Tour. Toutefois, en octobre 1733, le Board of Trade admit ses revendications « en partie par droit d’héritage et en partie par la cession en sa faveur de la part de ses parents », et au mois de mars de l’année suivante recommanda qu’on lui paie £2 000 pour l’achat de ses droits seigneuriaux.

Le gouvernement britannique ne cacha pas que l’achat des terres de La Tour s’imposait si le gouvernement voulait être en mesure de concéder des terres en Nouvelle-Écosse et Popple, le secrétaire du Board of Trade, fit remarquer que Mme Campbell était « dans un état de santé précaire et que, advenant sa mort, ses droits passeraient à ses enfants avec lesquels il ne serait peut-être pas possible d’en arriver à une entente avant plusieurs années ». L’achat des droits de Mme Campbell marque la fin du système seigneurial en Nouvelle-Écosse quoique, plus tard, d’autres membres de la famille aient voulu faire valoir leurs droits à la succession La Tour.

Elle ne revint peut-être pas en Nouvelle-Écosse. En 1737 elle déclarait être « de la ville de Kilkenny » en Irlande et il est évident qu’elle y habitait toujours en 1743. Ses comptes avec King Gould montrent qu’elle recevait une pension de veuve cette année-là.

Clarence J. d’Entremont

Archives of the Bishop’s House, Yarmouth, N.S., Documents de la collection de H. Leander d’Entremont, Revendications des membres de la famille Jacques d’Entremont-Anne de Saint-Étienne de La Tour (1750).— AN, Section Outre-Mer, G1, 466 (Recensement de l’Acadie, 1698).— Acte de tutelle des enfants de Jacques de Saint-Étienne de La Tour, NF, I (1926) : 214s.— N.SArchives, I, 9194 ; III, 197.— PRO, Acts of P.C., col. ser., 1720–45, 36062— B.T. Journal, 1728/ 29–1734 ; CSP, Col., 1728–29, 1730 : 1732, 1733, 1734–35 ; C.T. Books and Papers, 1731–34.— W. P. Bell, The « foreign protestants » and the settlement of Nova Scotia (Toronto, 1961), 69–74, 81s.— Calnek, History of Annapolis, 85–87.— Azarie Couillard-Després, Charles de Saint-Étienne de La Tour, gouverneur, lieutenant-général en Acadie, et son temps, 1593–1666 (Arthabaska, Québec, 1930), 453464 ; Histoire des seigneurs de la Rivière-du-Sud [...] (Saint-Hyacinthe, Québec, 1912), 210–248, 260.— Murdoch, History of Nova-Scotia, I : 263, 475, 477, 489, 501.— [W. G. Godfrey, « John Bradstreet[...] » (thèse de ph.d, Queen’s Univ., Kingston, 1974.]

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Clarence J. d’Entremont, « SAINT-ÉTIENNE DE LA TOUR, AGATHE (Marie-Agathe) DE (Bradstreet ; Campbell) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/saint_etienne_de_la_tour_agathe_de_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    20 déc. 2024