ROUER DE VILLERAY, BENJAMIN, officier dans les troupes de la Marine, né en 1701, fils d’Augustin Rouer* de Villeray et de La Cardonnière et de Marie-Louise Legardeur de Tilly, décédé à Rochefort, France, le 30 novembre 1760.

La jeunesse de Benjamin Rouer de Villeray demeure obscure et sa carrière militaire est difficile à retracer avant 1733 ; en février de cette année, alors qu’on propose de lui accorder une place d’enseigne en second, il est déjà cadet et on note qu’il sert bien. Le gouverneur Charles de Beauharnois cependant n’appuie pas cette proposition car il espère que Villeray sera nommé en Louisiane. Toutefois, Villeray devient enseigne en second au Canada le 1er avril 1733. Six ans plus tard, à la suite de la recommandation de Beauharnois, Villeray est fait enseigne en pied ; il est considéré comme un bon officier qui a beaucoup de conduite et est zélé pour le service. Dès 1743, Beauharnois propose Villeray pour combler une des lieutenances vacantes. Il est en garnison à Montréal en 1747 et 1748 ; nous ignorons quelles furent ses activités entre 1733 et 1747 mais nous savons qu’il se marie à Montréal en 1735.

Villeray passe à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), le 20 septembre 1749 sur le Léopard ; il fait alors « fonction de Lieutenant par ordre de Mr La Jonquière [Taffanel] du 16.7bre 1749 ». Le 11 octobre 1749, La Galissonière [Barrin] et Charles Des Herbiers de La Ralière proposent de lui accorder un poste de lieutenant dans la garnison de Louisbourg et, le 15 avril 1750, Villeray est promu lieutenant ; il servira dans la compagnie du capitaine Michel Du Pont Duvivier de Gourville en 1750 et 1751. N’ayant pas encore reçu sa commission de lieutenant, il devient capitaine le 1er mai 1751. En 1753, Villeray reçoit le commandement du fort Gaspereau, construit en 1750 et 1751 sur le côté nord de la baie Verte (maintenant partie du Nouveau-Brunswick) pour servir d’entrepôt. Le 17 juin 1755, il capitule devant l’armée britannique sous la conduite de Robert Monckton*, sans qu’il y ait eu aucun coup de feu d’échangé. Villeray et ses hommes seront transportés par mer à Louisbourg. Le gouverneur de l’île Royale, Augustin de Boschenry de Drucour, blâme sévèrement la conduite de son officier ; il y voit « plus de deffaut de tête que de cœur » et propose de lui retirer sa compagnie. Villeray comparaît devant le conseil de guerre réuni à Québec les 22 et 24 octobre 1757. Il justifie sa conduite du fait que le fort Beauséjour (près de Sackville, N.-B.) a été livré par Louis Du Pont* Duchambon de Vergor après seulement trois jours de résistance ; il y a envoyé la majorité de ses troupes, ne se réservant qu’une vingtaine d’hommes. De plus, il a jugé que l’état du fort ne lui a pas permis de résister à une attaque d’artillerie. Enfin, il allègue que les Acadiens ont refusé de lui obéir. Ne pouvant s’appuyer ni sur la garnison de Beauséjour ni sur les Acadiens, il a décidé de capituler sans offrir de résistance. Montcalm note au sujet de Villeray : « c’est des deux commandants le moins coupable ; mais on voulait le sacrifier [...] pour Gaspereau le seul tort c’est de ne s’être pas retiré en le brûlant ». Villeray est acquitté le 28 octobre. Aussitôt après, le gouverneur Pierre de Rigaud* de Vaudreuil lui ordonne de reprendre le commandement de sa compagnie à Louisbourg ; il prend part à la défense de la forteresse en juin et juillet 1758.

Les documents ne nous permettent pas de retracer avec exactitude les activités de Villeray après la prise de Louisbourg. Il demeurait à Rochefort en juillet 1760, mais une liste des officiers et soldats revenus d’Angleterre avant le 1er octobre 1760 mentionne qu’il est au Canada par ordre de Drucour. Il meurt le 30 novembre à Rochefort, après avoir été fait chevalier de Saint-Louis le 8 février 1760.

La situation financière de Villeray est difficile à établir : il conclut peu de transactions, préférant se consacrer à sa carrière militaire. En 1748, il vend deux terrains dont il a hérité ; ceux-ci étaient situés à Québec au pied du cap Diamant. Les deux actes de vente stipulent que si les acquéreurs sont dépossédés de leur terrain par l’établissement d’un chantier naval, la vente sera annulée. Lors de l’établissement du chantier, Villeray perdra et les terrains et les profits de leur vente ; il tentera alors de se faire dédommager. Le mariage qu’il avait contracté à Montréal, le 16 août 1735, avec Marie-Joseph, fille de Pierre Pépin, dit Laforce, garde-magasin du roi au fort Niagara (près de Youngstown, N.Y.), et de Michelle Lebert, indique une certaine aisance matérielle ; Marie-Joseph était assurée d’un douaire de 3 000#. De cette union naquirent neuf enfants dont la plupart moururent en bas âge.

Yvon Desloges

AN, Col., B, 47, 65, 66, 68, 91, 103, 107, 112, 144 ; C11A, 67, 75, 79, 91, 93–95, 103 ; C11B, 28–29, 31–33, 35, 37 ; D2C, 4, 7, 17, 18, 48, 49, 53, 57–59, 61, 222 ; Section Outre-Mer, G3, 2 051.— APC, MG 8, B3, C3, C4 ; MG 18, M1, 7.— RAC, 1904, app. G.— Fauteux, Les chevaliers de Saint-Louis. Thomas Chapais, Le marquis de Montcalm (1712–1759) (Québec, 1911).— Pierre Margry, Familles de la France coloniale : les Rouer de Villeroy (Paris, 1851).— P.-G. Roy, La famille Rouer de Villeray, BRH, XXVI (1920).

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Yvon Desloges, « ROUER DE VILLERAY, BENJAMIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/rouer_de_villeray_benjamin_3F.html.

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Auteur de l'article:    Yvon Desloges
Titre de l'article:    ROUER DE VILLERAY, BENJAMIN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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