ROBINAU DE PORTNEUF, PIERRE, officier dans les troupes de la Marine, né le 9 août 1708 à Montréal, second fils de René Robinau * de Portneuf et de Marguerite Daneau de Muy ; il épousa à Montréal le 22 avril 1748 Marie-Louise Dandonneau Du Sablé ; mort le 15 novembre 1761 dans le naufrage de L’Auguste au large des côtes de l’île du Cap-Breton.

Pierre Robinau de Portneuf est signalé en 1729 comme cadet dans les troupes de la Marine à Michillimakinac. Promu enseigne en second le 1er avril 1733, il est fait enseigne en pied en Louisiane le 1er octobre 1740. Le 15 avril 1750, le ministre de la Marine, Rouillé, accédant à la demande du gouverneur La Jonquière [Taffanel] et de l’intendant Bigot*, accordait la permission de bâtir un petit poste fortifié à Toronto sur les bords du lac Ontario. Les autorités de la colonie espéraient par là attirer les Indiens de la région, probablement les Mississagues, à venir faire du commerce avec les Français et ainsi par là les détourner d’aller porter leurs fourrures au fort anglais de Chouaguen (Oswego). Pierre Robinau de Portneuf, alors enseigne au fort Frontenac (Kingston, Ont.), fut nommé pour mettre ce projet à exécution.

Le 20 mai 1750, le sieur de Portneuf se mettait en route et atteignit Toronto quelque temps plus tard. Pendant que de Montréal étaient expédiés les approvisionnements et les articles de traite nécessaires, il commença à ériger le fort projeté sur la rive gauche de la rivière Toronto (Humber), près de son embouchure. En l’espace de deux mois, un magasin et une palissade furent érigés. Le commerce avec les Indiens au fort Toronto s’avéra un succès puisque, déjà dès le 17 juillet, un chargement de fourrures évalué à 18 000# était envoyé à Montréal. Ce résultat allait au-delà des espérances. Le gouverneur écrivit au ministre le 20 août pour lui faire part du succès remporté et l’informer de son intention d’ériger un nouveau fort plus grand « sur la pointe de la Baye de la Presqu’Île » (à environ une lieue à l’est de la rivière Humber). Il recommandait le sieur de Portneuf pour mettre ce nouveau plan à exécution. En outre, il rappela les raisons pour lesquelles le premier poste avait été bâti, raisons qui prévalaient plus que jamais. Allant plus loin, il laissait entrevoir la possibilité de convaincre les Indiens de détruire Chouaguen. Enfin, en bon stratège, il demandait au ministre la permission de baptiser le fort du nom de Rouillé. Les travaux furent commencés à l’automne de 1750 et se poursuivirent durant tout l’hiver. Ils étaient pratiquement terminés en avril 1751 lorsque le sieur de Portneuf revint du fort Frontenac où, semble-t-il, il avait passé l’hiver. Il commanda au fort Toronto, toujours désigné sous ce nom, pendant la saison de traite de 1751 et regagna le fort Frontenac à l’automne. Tôt en 1752, il fut remplacé comme commandant du fort Toronto, par Thomas Robutel de La Noue.

Par la suite, le sieur de Portneuf rentre un peu dans l’ombre. En 1756, il est nommé commandant du fort de la Presqu’île (Erie, Penn.). L’année suivante, il est promu capitaine. Il participe activement aux engagements qui ont lieu dans la vallée de l’Ohio au cours de la guerre de Sept Ans. Au moment de la chute du fort Niagara (près de Youngstown, N.Y.) en 1759, il est occupé au fort de la Presqu’île à rallier les Indiens de l’Ouest. Lorsque le fort Niagara capitule, il envoie un drapeau parlementaire à William Johnson*, met le feu au fort de la Presqu’île et gagne Détroit où il se rend aux Anglais. À l’automne de 1761, on le retrouve à Québec, d’où il s’embarque en octobre sur l’Auguste en partance pour la France, peut-être avec l’idée d’y refaire carrière. Vain espoir : un mois plus tard, il était du nombre des 113 passagers et hommes d’équipage qui périrent, lorsque le vaisseau sombra au large des côtes de l’île du Cap-Breton.

Jean-Pierre Asselin

AN, Col., D2C, 222/2, p. 177 (copies aux APC).— É.-J. Auclair, Les de Jordy de Cabanac, histoire dune ancienne famille noble du Canada (Montréal, 1930), passim.— Frégault, François Bigot, II : 22.— P. J. Robinson, Toronto during the French régime [...] (Toronto, 1933), passim.— Désiré Girouard, Le fort de Toronto, BRH, V (1899) : 137–140.— É.-Z. Massicotte, Les Montréalais et les deux forts de Toronto, BRH, XXXIX (1933) : 259–266.

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Jean-Pierre Asselin, « ROBINAU DE PORTNEUF, PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/robineau_de_portneuf_pierre_3F.html.

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Auteur de l'article:    Jean-Pierre Asselin
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    17 déc. 2024