RICHARDS, WILLIAM, trafiquant de fourrures et aquarelliste, né vers 1785 dans le district du fort Albany (Fort Albany, Ontario), baie d’Hudson, peut-être à Gloucester House (sur le lac Washi, Ontario), fils de John Richards, manœuvre et interprète de la Hudson’s Bay Company, et petit-fils de William Richards, de Neath, pays de Galles, chirurgien de la Hudson’s Bay Company ; décédé le 9 juillet 1811 à Moose Factory (Ontario).

La carrière, courte et plutôt modeste, de William Richards comme homme de canot et tonnelier de la Hudson’s Bay Company, à la baie James, ne fournit guère d’indications sur la façon dont il assimila la technique européenne de l’aquarelle. Apparemment, il ne traversa jamais en Europe, et l’instruction ou la formation qu’il reçut, quelles qu’elles soient, lui vinrent manifestement de collègues plus âgés qui consentirent à l’aider plutôt que de parents britanniques. Il n’aurait qu’une seule fois rencontré son grand-père, en 1794–1795, à l’époque où ce dernier servait à Moose Factory. Ce William Richards avait séjourné au fort Albany et à Henley House (près du confluent des rivières Albany et Kenogami) de 1757 à 1769, puis il était rentré chez lui cette année-là à la suite de querelles avec l’agent principal Humphrey Marten* ; comme on le soupçonnait de contrebande de fourrures, on refusa de le réemployer jusqu’en 1794.

Le jeune William eut aussi avec son père sang-mêlé, John, des contacts épisodiques après la première décennie de sa vie. Peu avant la naissance de William, John Richards et son frère Thomas avaient été engagés comme manœuvres au fort Albany pour £6 par année. Au dire même du comité de Londres, ils n’étaient pas destinés à obtenir beaucoup d’avancement. En effet, le comité informa Edward Jarvis*, agent principal au fort Albany, en ces termes : « en les employant ainsi comme des Anglais, nous n’avons pourtant pas l’intention qu’ils soient jamais amenés en Angleterre ; nous espérons que leurs talents seront mis en œuvre dans notre plus grand intérêt ». De retour à la baie, le père de John et de Thomas fit cependant en sorte d’obtenir que le premier puisse traverser en Angleterre avec lui en 1795. John passa l’hiver suivant au pays de Galles et retourna à la compagnie en 1796. En moins d’un an, son caractère « turbulent » et peut-être ses minces chances d’avancement (en dépit du fait qu’il savait lire et écrire, semble-t-il) l’amenèrent à joindre les rangs de la North West Company. Rien n’indique qu’il ait vu son fils William par la suite.

C’est le 17 novembre 1800 que William Richards est mentionné pour la première fois dans les archives de la Hudson’s Bay Company. Ce jour-là, il fut mis en apprentissage par John Hodgson*, agent principal au fort Albany, auprès du tonnelier James Inkster. En août 1802, il servait à bord de la chaloupe du fort Albany. À la fin de l’été suivant, il partait pour Moose Factory avec son oncle Thomas Richards, qui était entre autres « pilote de bateau » ; ce dernier avait demandé la permission de faire le voyage « afin de voir sa vieille mère avant qu’elle ne meure ». Une fois à Moose Factory, les deux hommes sollicitèrent de l’agent principal John Thomas* des contrats pour servir à cet endroit ; ils ne se rendaient manifestement pas compte qu’il fallait le consentement de Londres pour de telles mutations. Étant donné les circonstances qui prévalaient alors au poste, lequel, à l’instar des autres établissements de la Hudson’s Bay Company, employait un nombre de plus en plus grand d’indigènes pour compenser la pénurie de travailleurs britanniques, Thomas leur permit de rester en attendant qu’il fasse parvenir leurs requêtes à Londres. Finalement, il en résulta que l’oncle et le neveu passèrent le reste de leur carrière surtout dans la région de Moose Factory.

En 1804–1805, William Richards travaillait à New Brunswick House (sur le lac Brunswick) comme « homme de canot », notamment, au salaire de £8 par année. En 1805–1806, il se trouvait à Moose Factory, si l’on exclut les quelques voyages qu’il fit à l’intérieur des terres pour le transport des fourrures et des marchandises de traite, et, plus tard, pour aller servir au fort Kenogamissi (sur le lac Kenogamissi). John Thomas disait de lui, en septembre 1806, qu’il était un bon tonnelier et un bon homme de canot, « plein d’ardeur et très actif pour la traite ». L’appui de Thomas encouragea sans doute le comité de Londres à réengager Richards pour une autre période de trois ans aux conditions qu’il demandait, soit £20 par année, à partir de l’été de 1807. Après avoir séjourné quelques mois au fort Abitibi (près de La Sarre, Québec) et un été à Moose Factory, Richards fut envoyé à bord du schooner d’Eastmain (Québec), en octobre 1807, à titre de matelot supplémentaire. L’approche de l’hiver le retint à Eastmain jusqu’en janvier 1808 ; il retourna alors, par voie de terre, à Moose Factory. Pendant le séjour de Richards à Eastmain, des circonstances inconnues amenèrent l’agent principal George Gladman à l’accuser de « conduite frôlant la mutinerie et l’insoumission », et à réclamer qu’il soit mis à l’amende pour servir d’exemple aux autres ; les archives ne font toutefois pas mention d’une telle amende.

De janvier 1808 au mois de mars de l’année suivante, Richards continua de servir comme homme de canot et comme tonnelier à Moose Factory. Mais, le 13 mars 1809, John Thomas signala que Richards était malade et incapable de travailler. En mai, il était « phtisique » et, en septembre, il « déclinait rapidement » ; les médecins pensaient cependant qu’un voyage en Angleterre « l’année suivante, s’il survi-[vait] », pourrait l’aider. Son état ne s’étant guère amélioré à l’été suivant, Thomas nota : « le versement de son salaire [...] dépend de ce que le charitable comité jugera bon de lui accorder ». Richards fut payé jusqu’à sa mort, le 9 juillet 1811. Il laissa dans le deuil son épouse, Eleanor, et deux fils. À cette occasion, Thomas (qui était le beau-père de Richards depuis quelques années) pleura la perte d’« un employé utile et remarquable par son génie pour le dessin ».

William Richards s’intéressait à l’art depuis 1805 au moins ; cette année-là, on sait qu’il commanda de Londres du papier à dessin et une boîte de couleurs. Il est vraisemblable que Thomas ait encouragé Richards à peindre, de façon à fournir des représentations des postes de la compagnie aux membres du comité de Londres. D’autres hommes de la Hudson’s Bay Company, dont Humphrey Marten, avaient eu recours à des modèles ou à des plans pour décrire les postes à leurs employeurs. Richards n’était pas simplement un dessinateur : il s’attachait aussi à l’aspect humain dans ses scènes illustrant la pêche sous la glace, l’abattage du bois et d’autres activités locales. On en a un exemple dans la peinture intitulée A man & his wife returning with a load of partridges from their tent. Toutes les œuvres qui subsistent de Richards contiennent des détails précis ; celui-ci était parvenu à un degré considérable de réalisme, en dépit de certaines difficultés avec la perspective et les proportions. L’attention apportée aux ombres et aux jeux des nuages sur le paysage plat de la baie James laisse croire que Richards, en plus de son talent naturel, devait son habileté à l’aide de quelque collègue familier avec la technique de l’aquarelle.

Jennifer S. H. Brown

Les PAM, HBCA, conservent trois aquarelles de William Richards, intitulées A man & his wife returning with a load of partridges from their tent, A south-east view of Albany Factory et A view of Eastmain Factory ; une quatrième, sans titre et sans signature, a été attribuée à Richards à cause de sa ressemblance avec son East view of Moose Factory, conservé dans la collection du Glenbow-Alberta Institute (Calgary).

Église épiscopale du Canada, Diocese of Moosonee Arch. (Schumacher, Ontario), Diocese of Moosonee papers, sér. III, « Register of births, christenings, deaths and other occurrences at Moose Factory and its inland dependencies belonging to the Honble. Hudson’s Bay Company » (mfm aux AO).— PAM, HBCA, A.1/40, 43–44, 47 ; A.6/13 ; A.16/6, 16–17 ; A.30/4, 10 ; B.3/a/104–105 ; B.59/a/1–122 ; B.135/a/91–97 ; B.135/b/27 ; B.135/f/1–8 ; B.155/a/12 ; C.1/740–741.— A. M. Johnson, « James Bay artist William Richards », Beaver, outfit 298 (été 1967) : 4–10.

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Jennifer S. H. Brown, « RICHARDS, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/richards_william_5F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
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