RESCHE (Rêche, Reiche, Reische), PIERRE-JOSEPH, prêtre, curé, organiste de la cathédrale de Québec, chanoine, né à Québec le 12 juin 1695, fils de François Resche et de Marguerite Pinard, décédé à Québec le 2 avril 1770.

Pierre-Joseph Resche entra au petit séminaire de Québec à 16 ans, le 20 octobre 1711, en quatrième année. Admis au grand séminaire en 1716, il reçut la tonsure le 4 octobre 1717, les ordres mineurs et le sous-diaconat en 1719. Fait diacre le 16 mars 1720, il fut ordonné prêtre le 18 août suivant dans la cathédrale de Québec.

On lui confie en octobre de la même année la desserte de Saint-Nicolas près de Québec, poste qu’il conserve tout en devenant curé de Saint-Antoine de Tilly en novembre 1720. Il doit affronter des problèmes administratifs considérables puisque, dans ces deux paroisses, il est devenu nécessaire soit de restaurer soit de reconstruire l’église et le presbytère, si bien qu’à partir de février 1721, il cesse de desservir Saint-Nicolas. L’annexion au district paroissial de Saint-Antoine d’une portion des fiefs avoisinants, par l’arrêt du Conseil d’État du 3 mars 1722, est la source de litiges répétés entre l’abbé Resche et les habitants de ces fiefs qui refusent de le reconnaître comme curé. De 1721 à 1727, les intendants Bégon et Dupuy* ne produisent pas moins de quatre ordonnances pour obliger les paroissiens à verser au curé les dîmes et autres dûs pour l’administration des sacrements.

Après la mort du curé de Notre-Dame de Québec, Étienne Boullard*, survenue en 1733, on envoie l’abbé Resche assister le vicaire Charles Plante dans l’administration de la cure. Il y passera huit années, mais, conjointement avec son confrère Roger-Chrétien Le Chasseur, il est l’objet, quelques mois avant son départ de Québec, d’une nomination jusque-là inédite dans l’histoire religieuse du Canada. En effet, le 7 novembre 1740, le chapitre, qui n’entend pas renoncer à ce qu’il croit être ses privilèges et ses droits, les nomme tous deux vicaires en titre ou perpétuels à la paroisse de Québec. Seule l’union complète en droit de la cure de Québec au chapitre eût légitimé pareille décision. Aussi ces nominations parurent-elles inacceptables à Charles Plante, qui se trouvait curé en titre de Québec depuis avril 1739. Il protesta par écrit de la nullité de la collation et fit défense aux deux ecclésiastiques, devenus presque ses égaux et que le chapitre lui avait imposés, d’exercer les fonctions de vicaire dans sa paroisse. Les deux prêtres interdits ripostèrent devant la Prévôté de Québec et l’abbé Resche eut en outre l’impertinence de se désigner vicaire en titre dans un acte de baptême qu’il signa le 11 février 1741. Le curé Plante fit sur-le-champ rayer les mots « en titre ».

Le chapitre, toutefois, sembla lui-même se raviser, puisque, dès le 20 février 1741, il nomma l’abbé Resche curé de Château-Richer. La prise de possession de la cure fut retardée au 9 avril, par suite des menées du chanoine Joachim Fornel, secrétaire du chapitre, qui refusa de délivrer les lettres de nomination de Resche, ayant voulu faire nommer à ce poste son ami Le Chasseur. Le conflit, cependant, toujours attisé par Fornel, dégénéra en une querelle de dîme entre l’abbé Resche et son prédécesseur, Louis-François Soupiran, et le litige fut porté par Fornel au Conseil supérieur, qui le débouta. On attribue au curé Resche le tracé du premier plan du village de Château-Richer vers 1752. Trois ans auparavant, il avait fait ériger un presbytère, ce qui mit en cause les droits de propriété du manoir seigneurial qui, jusque-là, avait servi de presbytère. Il mena sans résultat le procès qui s’ensuivit entre la fabrique et le séminaire de Québec.

En remplacement du chanoine Fornel qui, non sans raison, s’était démis de son canonicat, l’abbé Resche fut nommé chanoine le 28 septembre 1752 et vint se fixer à Québec. Ses qualités de musicien auraient déterminé le chapitre à l’accepter dans ses rangs, voyant en lui un titulaire honorable pour les orgues majestueuses que les chanoines avaient commandées à Paris et qui furent installées en 1753 dans la cathédrale. Au dire de l’historien Auguste-Honoré Gosselin*, le chanoine Resche était l’un des principaux musiciens de Québec. Il avait du reste été organiste de la cathédrale pendant toute la durée de son vicariat à Québec, de 1733 à 1741.

Il devint en 1755 chapelain chez les ursulines, où ses qualités de musicien furent aussi reconnues et appréciées. Lors des grandes célébrations de la communauté, on l’invitait, dit-on, à toucher les orgues. Il occupait au monastère le parloir de la Sainte-Famille, réservé antérieurement aux dames de noblesse qui séjournaient au couvent (après le siège de Québec, ces appartements tinrent lieu à plus d’une occasion de chambre capitulaire pour les graves délibérations que nécessita le gouvernement de l’Église de Québec). Au plus fort du siège de la ville de Québec, il refusa de quitter le monastère, bien que la plus grande partie de la communauté ait dû chercher refuge à l’Hôpital Général. Le chanoine Charles-Ange Collet était venu se joindre à lui. L’historien Henri-Raymond Casgrain*, confondant l’orthographe des noms aussi bien que les personnes, écrit que le curé de Québec, l’abbé Resche, présida à l’inhumation de Montcalm au soir du 14 septembre 1759. Outre que le curé de Québec était à cette date M. Jean-Félix Récher, les chroniques du temps, pas plus que les autres documents qui sont restés, ne font mention explicite des circonstances de cet événement. L’acte de sépulture, néanmoins, dont le contenu indique que Montcalm a été muni des secours de la religion avant son trépas, porte le nom du chanoine Resche comme principal signataire. Il est donc vraisemblable de croire qu’il ait lui-même assisté le moribond et béni sa sépulture.

Après avoir été, 12 ans durant, aumônier des ursulines, le chanoine Resche se retira en 1767 chez son neveu, Charles Berthelot. Le chapitre, dont il avait fait fonction alternativement de syndic et de trésorier, lui versait une pension depuis 1766. Frappé de paralysie, il se fit transporter en 1769 à l’Hôpital Général de Québec où, après 50 ans de sacerdoce, il décéda, le 2 avril 1770. Il fut inhumé le lendemain dans l’église de ce monastère.

Armand Gagné

AAQ, 12 A, Registres d’insinuations B, 336s. ; 12 A, Registres d’insinuations C, 16–23, 83 ; 10 B, Registre des délibérations ; 61 CD, Notre-Dame de Québec, I : 7.— ASQ, mss, 2 ; Polygraphie, XXV : 5 ; Séminaire, XXXVI : 14–29.— Tanguay, Dictionnaire.— H.-R. Casgrain, Guerre du Canada, 1756–1760 : Montcalm et Lévis (2 vol., Québec, 1891), II ; 274.— Raymond Gariépy, Le village du Château-Richer (« SHQ, Cahiers d’histoire », XXI, Québec, 1969), 115–117.— Gosselin, LÉglise du Canada jusquà la conquête, II, III ; LÉglise du Canada après la conquête, I.— P.-G. Roy, Fils de Québec, I : 149s. ; La ville de Québec, II.— Les Ursulines de Québec (1866–1878), II : 323 ; III : 10, 44–46.— Archange Godbout, Les prêtres Resche, BRH, XLIX (1943) : 170–172.

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Armand Gagné, « RESCHE (Rêche, Reiche, Reische), PIERRE-JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/resche_pierre_joseph_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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