POTIER DUBUISSON, ROBERT, subdélégué de l’intendant à l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard), né le 14 décembre 1682 à Staten Island, New York, baptisé en juin 1683, fils de Jean-Baptiste Poitiers Du Buisson et d’Élisabeth Jossard, décédé le 25 mars 1744 à Port-La-Joie (Fort Amherst, Î.-P.-É.).

Robert Potier Dubuisson passa son enfance et sa jeunesse avec sa famille en Nouvelle-Angleterre où, selon toute apparence, il apprit l’anglais et le hollandais. Ses parents revinrent en Nouvelle-France vers 1699 et s’établirent à Montréal ; son père y fut organiste à l’église Notre-Dame pendant quelques années. C’est dans cette ville que Robert fut engagé par la couronne en 1703 ; il devint commis au bureau de la Marine en 1707 et contrôleur des magasins du roi en 1719. Il servit également d’interprète à quelques reprises.

Le 10 mars 1722, Potier Dubuisson fut nommé subdélégué de l’intendant de la Nouvelle-France à l’île Saint-Jean avec pouvoir de juger des causes civiles et criminelles. L’île était encore en la possession du comte de Saint-Pierre, et Dubuisson avait été nommé pour essayer d’enrayer les conflits juridiques complexes qu’avaient soulevés Michel Daccarrette, père, et d’autres, en tentant de briser le monopole que Saint-Pierre exerçait sur l’industrie de la pêche [V. Robert-David Gotteville* de Belile]. L’exclusivité des droits de pêche dont jouissait Saint-Pierre fut révoquée en 1725 et Jacques d’Espiet* de Pensens, capitaine dans les troupes de la Marine à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton), arriva l’année suivante pour prendre possession de l’île, qui allait dès lors être administrée de Louisbourg. Dubuisson était apparemment retourné au Canada, mais, à l’automne de 1726, on le retrouve sur l’île Saint-Jean où, selon le gouverneur de l’île Royale, Saint-Ovide [Monbeton], sa présence était requise pour régler « une infinité d’Affaires » telles qu’il s’en produisait régulièrement à la fin de chaque saison de pêche. Saint-Ovide le considérait comme « un très honneste homme qui s’acquitte fort judicieusement de L’Employ dont il est chargé ». Le ministre de la Marine, Maurepas, prétendait toutefois que la présence d’un subdélégué de l’intendant dans l’île n’était pas nécessaire, et ce n’est qu’en 1728 que Jacques-Ange Le Normant de Mézy, commissaire ordonnateur à Louisbourg, inscrivit dans son relevé de dépenses la somme de 600# pour Dubuisson, qu’il qualifiait d’ « homme de merite et de naissance ». À partir de cette date, Dubuisson servit également comme garde-magasin du roi sur l’île. Il était désormais assuré de son poste de subdélégué de l’intendant, qu’il maintint jusqu’à sa mort en vertu de sa nomination initiale, tout en ayant à rendre compte de ses activités au commissaire ordonnateur à Louisbourg. Son successeur, François-Marie de Goutin, fut nommé subdélégué du commissaire ordonnateur.

Pendant les 15 années qui suivirent, Dubuisson eut charge de compiler les recensements de la population et de faire des rapports au commissaire ordonnateur sur la situation de l’agriculture et de la pêche. Il distribua également des provisions aux colons nouvellement arrivés – peu nombreux à cette époque – ainsi qu’à tous les autres habitants, lorsqu’ils eurent à souffrir de la pénurie des récoltes. Il aida les commandants de l’île – Pensens, Robert Tarride Duhaget, et Louis Du Pont* Duchambon – à jalonner les concessions. Cependant, sa tâche principale consistait à régler les disputes qui surgissaient durant la saison de pêche. Ainsi, en 1732, il déclara avoir passé deux mois à Havre Saint-Pierre (St Peters Bay), le plus important village de pêche de l’île, abordant les problèmes des habitants entre eux ainsi que leurs difficultés avec Jean-Pierre Roma, « suivant les Coutumes de terreneuve, pratiqués à l’isle Royalle ».

Dubuisson avait épousé Marie-Charlotte Arnaud à Montréal en 1707 ; elle mourut l’année suivante, deux semaines après la naissance de leur fille. Il vivait dans sa résidence de l’île Saint-Jean, en compagnie de sa fille et de l’une de ses sœurs ; les nombreuses occasions où ils furent appelés à servir de parrain ou de marraine illustrent bien l’estime dont ils jouissaient dans leur entourage. Dubuisson se plaignit souvent que son salaire ne suffisait pas à couvrir ses dépenses ; il demanda une augmentation et sollicita le poste d’écrivain principal du roi ainsi que la permission de retourner au Canada, mais toutes ses demandes furent rejetées. Il mourut sur l’île, à l’âge de 61 ans.

Mary McD. Maude

AN, Col., B, 45/2, pp. 915–920 ; 50/2, pp. 583584v. (copies aux APC) ; Col., C11B, 6, ff.7, 137v.138 ; 7, ff.96–97 ; 8, ff.66–70 (reproduit dans BRH, XXX (1924) : 88–90) ;10, ff.8080v.,114,118v.–119,160–161 ; 13, ff.195–196v., 197–198v. ; 16, ff.215–216 ; 18, ff.310–310v. ; 20, ff.16–19v., 122–123v., 195–200 ; 21, ff.314–315 ; 25, ff.23–24v. ; 27, ff.177181 ; Section Outre-Mer, G1, 411, ff.9, 14v., 22, 24v., 26, 41v. ; 466 (recensements de l’île Saint-Jean).— A. Roy, Inv. greffes not., XII : 83 ; XXI : 189.— Tanguay, Dictionnaire.— Harvey, French régime in P.E.I.— O. Lapalice, Les organistes et maîtres de musique à Notre-Dame de Montréal, BRH, XXV (1919) : 243–249.— É.-Z. Massicotte, Les interprètes à Montréal sous le régime français, BRH, XXXIV (1928) : 147 ; Notes sur les familles Freté, Ferté, Forté et Poitiers Dubuisson, BRH, XXII (1916) : 275–277.

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Mary McD. Maude, « POTIER DUBUISSON, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/potier_dubuisson_robert_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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