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POINT, NICOLAS, prêtre, missionnaire jésuite, né le 10 avril 1799 à Rocroi, Ardennes, France, fils de François Point, charpentier, et de Marie-Nicole Boursois, décédé à Québec le 3 juillet 1868.
Né durant une période troublée de l’histoire de France, Nicolas ne fit guère d’études suivies. La mort prématurée de son père l’obligea à entrer au service d’un avocat comme garçon de peine dès l’âge de 13 ans, pour aider sa mère qui devait subvenir aux besoins d’une grande famille, dont il était l’aîné, semble-t-il. Tout jeune, il manifestait déjà pour le dessin un talent que sa mère encourageait. La lecture de la vie de saint François Xavier éveilla en lui l’attrait pour les missions et l’amena probablement à faire une demande d’admission dans la Compagnie de Jésus. Il entra dans cet ordre à Saint-Acheul, Somme, le 28 juin 1819, et fut ordonné prêtre à Sion, en Suisse, le 20 mars 1831.
À la demande de Benoît-Joseph Flaget, premier évêque de Louisville, Kentucky, plusieurs jésuites, dont Point, furent envoyés à Lebanon, Kentucky, en 1835 avec mission d’y ouvrir un collège. Le projet échoua et Point fut alors envoyé en Louisiane où, sous la direction d’Antoine Blanc, évêque de La Nouvelle-Orléans, il fonda le collège Saint-Charles à Grand Coteau. L’établissement fut inauguré en 1837 mais ne prospéra guère sous la direction de Point. Au printemps de 1840, celui-ci fut rappelé à St Louis par ses supérieurs qui le dépêchèrent à Westport (aujourd’hui Kansas City, Missouri), afin de préparer l’expédition des six jésuites, dirigés par Pierre-Jean De Smet*, qui devaient fonder une mission chez les Têtes-Plates dans le nord-ouest des États-Unis. Point y travailla inlassablement durant les six années suivantes. Il établit au moins une mission, celle du Sacré-Cœur, chez les Cœurs-d’Alêne, non loin de ce qui est de nos jours Cataldo, Idaho. Durant toute cette période, il tenait un journal qu’il enrichit d’une centaine d’esquisses représentant des Indiens dans toutes les phases de leur existence. Il fit aussi plusieurs dessins qui devaient par la suite paraître dans les livres du père De Smet.
Point fut rappelé à sa propre demande en 1847. Il se rendit alors à Windsor, Haut-Canada, retrouver son frère, Pierre, qui avait la charge d’une paroisse desservant surtout des Indiens. En 1848, il fut envoyé à Wikwemikong, dans l’île Manitoulin, à la mission indienne de Sainte-Croix que dirigeaient les jésuites. Au cours des années qu’il y passa, il construisit une église en pierre, ouvrit des écoles de filles et de garçons chez les Indiens, fonda des sociétés pieuses (surtout dans le but de lutter contre l’ivrognerie) et encouragea les Indiens à l’agriculture sur une vaste échelle. En 1855, il tomba malade et on l’envoya à la maison des jésuites à Sault-au-Récollet (Montréal) pour se rétablir. C’est là qu’il remania son journal, y intercalant des dessins en couleurs. Il intitula ce précieux ouvrage manuscrit en six tomes grand format « Souvenirs des Montagnes Rocheuses ».
Point fut invalide pendant presque tout le reste de sa vie. En 1865, ses supérieurs l’envoyèrent à Québec où il devint un conseiller fort apprécié auprès du clergé de l’endroit. Il mourut à Québec le 3 juillet 1868. Les membres du clergé, et en particulier les chanoines, avaient tant d’admiration pour lui qu’ils insistèrent pour qu’on l’inhume dans la crypte de la cathédrale.
Ses peintures et ses dessins ont été considérés comme primitifs, mais la technique en est originale. Ses peintures sont particulièrement précieuses parce qu’elles représentent la vie quotidienne de plusieurs tribus indiennes, Têtes-Plates, Pieds-Noirs et Cœurs-d’Alêne surtout, juste avant l’invasion des Blancs qui devait amener des changements radicaux.
Nicolas Point a laissé un grand nombre de manuscrits qui sont dispersés dans plusieurs dépôts d’archives. L’Archivum Romanum Societatis Iesu (Rome), Epistolae praepositorum generalium ad patres et fratres Societatis Iesu, possède une collection des lettres qu’il adressa au général des jésuites et des actes de baptême qu’il rédigea durant son séjour dans les missions de la région de l’Oregon. La Biblioteca Nazionale Centrale (Rome), Fondo Gesuitico, a l’original du journal accompagné d’esquisses tenu par Point au cours d’un voyage de retour en barge depuis le nord-ouest des États-Unis jusqu’à St Louis, à destination du Canada. Les Missouri Province Archives de la Compagnie de Jésus (St Louis University, Mo.) ont une petite collection de lettres et quelques dessins à l’encre de scènes indiennes qu’il avait faits à la demande du père Pierre-Jean De Smet. Les ASJCF possèdent les manuscrits intitulés « Souvenirs des Montagnes Rocheuses », de Nicolas Point, et « Vie du P. Point », de Pierre Point.
Il n’existe pas encore d’ouvrage consacré à la vie et à l’œuvre du père Nicolas Point. Les sources les plus disponibles sont : Wilderness kingdom ; Indian life in the Rocky Mountains : 1840–1847 ; the journals & paintings of Nicolas Point, S.J., J. P. Donnelly, trad. et édit. (New York, 1967) ; un chapitre intitulé « Nicolas Point, Jesuit missionary in Montana of the forties », dans l’ouvrage de G. J. Garraghan, Chapters in frontier history ; research studies in the making of the West (Milwaukee, Wis., 1934) ; Léon Pouliot, Le père Nicolas Point (1799–1868) ; collaborateur du P. De Smet dans les montagnes Rocheuses et missionnaire en Ontario, SCHÉC Rapport, IV (1931–1937) : 20–30. [j. p. d.]
Joseph P. Donnelly, « POINT, NICOLAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/point_nicolas_9F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/point_nicolas_9F.html |
Auteur de l'article: | Joseph P. Donnelly |
Titre de l'article: | POINT, NICOLAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 21 nov. 2024 |