PEMINUIT PAUL, JACQUES-PIERRE (James Peter ; les formes Sa’kej Piel et Sah Biel reflètent la prononciation micmaque de ses prénoms), grand chef et chaman micmac, né le 5 janvier 1800 au lac Rocky (près de l’endroit où se trouve aujourd’hui Bedford, Nouvelle-Écosse), fils de Louis-Benjamin Peminuit* Paul et d’une prénommée Madeleine ; il épousa une prénommée Sally, et ils eurent au moins trois fils et une fille, puis une prénommée Mary, veuve de Louis Noel ; décédé le 10 janvier 1895 dans la réserve indienne de Shubenacadie (n° 14), Nouvelle-Écosse.

Jacques-Pierre Peminuit Paul appartenait à la famille des chefs héréditaires de Shubenacadie. Son grand-père, Paul Peminuit, était probablement le « Paul Pemminwick » à qui on avait concédé des terres de cette réserve en 1783. Il mourut en 1814, et la dignité de chef passa d’abord à son fils Louis-Benjamin, puis en 1843 à un autre de ses fils, François. Jacques-Pierre devint grand chef quand François abandonna sa fonction, en 1856. C’est l’archevêque William Walsh* qui confirma son titre en la cathédrale St Mary de Halifax le 15 septembre. À cette occasion, il reçut une médaille de Pie IX et une lettre du lieutenant-gouverneur, sir John Gaspard Le Marchant*.

En 1847, on avait rapporté que Jacques-Pierre Peminuit Paul et sa famille, à « Maitland Chapel » (peut-être South Maitland), étaient très atteints par la « fièvre indienne », épidémie non diagnostiquée qui fit de nombreuses victimes cette année-là. Un rapport qui date de l’année suivante dit seulement : « James Paul, Shubenacadie, famille de 2. » On sait que sa première femme et tous ses enfants moururent avant lui et qu’il se remaria à peu près à cette époque ; des indices laissent croire que ces décès eurent lieu pendant l’épidémie de 1847. Après son second mariage, Peminuit Paul adopta le fils de sa femme, John Noel, qui lui succéda plus tard comme chef.

Le grand chef Peminuit Paul ne se distingua pas par ses talents politiques. En revanche, son peuple le tenait pour un kinap, c’est-à-dire un chaman doué d’une force surhumaine. On raconte encore qu’il pouvait enrouler une pipe de terre autour de son chapeau, puis la redresser pour en tirer une bouffée, ou encore « rapetisser un grand bol de porcelaine ou d’argile, puis lui redonner sa forme originale ». On relate aussi qu’il détruisit une digue à Windsor pour laisser passer les poissons, qu’il fendit en deux un pommier vivant et qu’il arrêta une roue de moulin en tenant l’arbre de transmission. Devant le meunier qui doutait de son exploit, Peminuit Paul s’exclama : « J’ai fait simplement ceci », et il arrêta de nouveau le moulin. Max Basque a rapporté, dans une entrevue, que le petit-fils de Peminuit Paul, Isaac Sack, avait affirmé : « Non, je [n’]ai pas été le seul à voir ça, tout le monde l’a vu ; personne [n’]était surpris de le voir faire autant de choses bizarres. Moi ça [ne] me surprenait pas du tout. »

Le grand chef Jacques-Pierre Peminuit Paul mourut de vieillesse en 1895 et on l’inhuma dans la réserve de Shubenacadie. Sa renommée de kinap est encore très vivace. Des Micmacs âgés à qui l’on montrait sa photographie dans les années 1970 parurent mal à l’aise et refusèrent de parler de cet aspect de sa vie.

Ruth Holmes Whitehead

La plus grande partie de l’information que l’on possède sur la réputation de Jacques-Pierre Peminuit Paul comme chaman est basée sur des entrevues faites par l’auteur avec ses arrières-arrières-petits-fils, Max et Isaac Basque. (Des enregistrements de nombre de récits faits par Max Basque se trouvent au Nova Scotia Museum (Halifax), Hist. sect., tapes, Basque 1984 : 1–6.) Le seul compte rendu publié est celui d’E. C. Parsons, « Micmac folklore », Journal of American Folk-lore (New York), 38 (1925) : 92–93.  [r. h. w.].

Peminuit Paul apparaît sur deux portraits de groupe qui se trouvent dans des collections publiques. Le premier, pris à Halifax vers 1856, se trouve aux PANS, Photo Coll. ; l’autre, montrant plusieurs membres de la réserve indienne de Subenacadie (n° 14, N.-É) durant la célébration de la fête de Sainte-Anne (26 juillet), vers 1890, se trouve au Nova Scotia Museum.

Newberry Library (Chicago), E. E. Ayer coll., [Pierre de] La Chasse, recensement des sauvages de l’Acadie, 1708.— Nova Scotia Museum, Acc. 31.24 ; Accession books, I, nº 3287 ; mss, Piers papers, X (archaeology & ethnology), « Micmac genealogies and biographical material, uncatalogued notes », particulièrement J. G. LeMarchant à James Paul, 15 sept. 1856 ; Jerry Bartlett Luxey Lone Cloud à Harry Piers, 17 sept. 1917.— PANS, MG 15, B, 4, nos 25, 90.— N.-É., House of Assembly, Journal and proc., 1844, app. 50 : 127.— Halifax Herald, 12 janv. 1895.— Novascotian and Weekly Chronicle, 19 janv. 1895.— L. F. S. Upton, « Indian policy in colonial Nova Scotia, 1783–1871 », Acadiensis (Fredericton), 5 (1975–1976), nº 1 : 3–31.

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Ruth Holmes Whitehead, « PEMINUIT PAUL, JACQUES-PIERRE (James Peter) (Sa’kej Piel, Sah Biel) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/peminuit_paul_jacques_pierre_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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