PEEMEECHEEKAG (Pemecka, Pemicheka, Porcupine), qui signifie « porc-épic qui se tient de côté », chef des Sauteux du clan du Goujon ; décédé à l’automne de 1891.
Au cours du xixe siècle, Peemeecheekag fut le principal chef et shaman du district de la haute rivière Severn, région qui se situe au nord-ouest de ce qui est aujourd’hui l’Ontario. Ses origines sont inconnues, mais ses descendants disent qu’elles étaient de nature mystique, car on raconte qu’il vint au monde à l’état adulte. Lorsqu’il fut aperçu pour la première fois, debout sur le toit d’une cabane, il aurait déclaré : « On m’appelle le Porc-épic qui se tient de côté ; j’ai vécu auparavant dans ce monde, je suis maintenant de retour. »
Peemeecheekag vécut dans le district de la haute Severn à une dure époque, celle où l’on connut la rareté du castor et du caribou après un siècle de chasse et de trappage intensifs. À titre de chef du clan du Goujon, qui comptait moins de 100 personnes, il commerçait presque exclusivement avec William McKay, chef d’avant-poste de la Hudson’s Bay Company. Au poste du lac Windy, McKay écrivait dans son journal en 1833 : « Pas moins de trois familles complètes, hommes, femmes et enfants, sont mortes de faim. » La région autour des lacs Windy, Deer et Sandy était le territoire de chasse du clan de Peemeecheekag. On ferma le poste du lac Windy cette année-là pour le déplacer au lac Island (Manitoba), où McKay écrivit en 1839 : « Les Indiens du lac Sandy ont apporté quelques fourrures, mais ce sont surtout des peaux de rat musqué ; ils sont très affamés. » Quand la Hudson’s Bay Company ferma le poste situé au lac Island en 1844, Peemeecheekag et ses chasseurs firent leur commerce à celui du lac Big Trout (Ontario), à environ 150 milles à l’est ; son nom figure d’ailleurs dans le livre de comptes des chasseurs gardé à cet endroit. Le poste du lac Island rouvrit en 1864 et le clan y retourna. En juillet 1868, Peemeecheekag reçut un crédit correspondant à la valeur de 634 peaux de castor en marchandises diverses : couvertures, ficelle, limes, poudre et balles, sucre et sel. Lui-même et les membres de son clan trouvaient souvent très difficile de rembourser des dettes de ce genre.
Comme on pratiquait la polygamie dans le clan de Peemeecheekag, ce dernier eut pendant sa vie plusieurs femmes, avec qui il eut au moins trois filles et trois fils, ces derniers connus sous les noms de Jack Fiddler [Maisaninnine*], Joseph Fiddler (Pesequan) et Peter Flett. Les deux premiers furent populaires à cause de leur habileté à sculpter des violons dans du bois de bouleau et à en jouer aux célébrations du clan. Peemeecheekag fut l’un des rares chefs indigènes du xixe siècle de ce qui constitue aujourd’hui le nord de l’Ontario à ne pas signer de traité et à pouvoir suivre les traditions sans ingérence. Sa mort fut signalée en 1891 par William Campbell, chef de l’avant-poste de la Hudson’s Bay Company situé au lac Island. Ce dernier avait appris la nouvelle de chasseurs des lac Sandy et Favourable en ces termes : « Les bandes chassent très peu à cause de la maladie. Elles signalent 6 morts, dont celle de Pemicheka (120 ans), le père des chefs. » Les petits-enfants de Peemeecheekag racontent encore des légendes sur les dons de shaman de leur ancêtre. Dans l’une d’elles, on dit que Peemeecheekag vit un jour un windigo (esprit cannibale lié aux êtres humains dangereux) en se rendant à son village. Il attaqua la créature mauvaise avec un fouet : « Les cheveux du windigo se dressèrent sur sa tête et de la fourrure de lapin lui poussa dans le dos », et il s’enfuit. Par la suite, on entendit des « bruits de tonnerre » à l’endroit où avait eu lieu le combat parce que des « gouttes de sang du windigo y étaient tombées ». Les descendants de Peemeecheekag, qui portent maintenant le nom de Fiddler, résident à Sandy Lake et à Bearskin Lake, en Ontario, ainsi qu’à Red Sucker Lake et sur les rives du lac Island, au Manitoba.
Les sources documentaires et orales utilisées dans la préparation de cette biographie sont détaillées dans l’étude complète faite par le chef Thomas Fiddler et J. R. Stevens, Killing the shamen (Moonbeam, Ontario, 1985). [j. r. s.]
James Richard Stevens, « PEEMEECHEEKAG (Pemecka, Pemicheka) (Porcupine) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 26 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/peemeecheekag_12F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/peemeecheekag_12F.html |
Auteur de l'article: | James Richard Stevens |
Titre de l'article: | PEEMEECHEEKAG (Pemecka, Pemicheka) (Porcupine) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 26 déc. 2024 |