PARKHURST, ANTHONY, marchand, explorateur et apôtre de la colonisation anglaise à Terre-Neuve ; circa 1561–1583.
Anthony était probablement le fils de John Parkhurst, d’East Lenham, comté de Kent ; Sir Thomas Challoner, ambassadeur d’Angleterre en Espagne (1561–1564), auprès de qui il remplissait une charge, le recommanda à John Hawkins pour participer à son deuxième voyage de traite des esclaves (l 564–1565). Parkhurst visita ainsi l’Afrique occidentale, les Antilles et la Floride, ce qui développa son sens de l’observation et lui donna le goût des explorations. Il fit la connaissance de Richard Hakluyt, l’aîné, qui l’encouragea dans cette voie. S’étant querellé en 1573 avec son père, qui le déshérita (le Privy Council essaya de régler le différend), il alla s’établir à Bristol, où il devint marchand.
Lors du voyage de retour, en 1565, l’activité des pêcheurs au large de Terre-Neuve l’avait fort impressionné ; il acheta donc un navire (peut-être de 70 tonnes) et devint entrepreneur en pêcheries. Il eut trois bonnes saisons, de 1575 à 1577, et une mauvaise en 1578 ; il attribua cet échec au fait qu’un certain Portugais ne lui avait pas livré le sel nécessaire pour conserver son poisson. Il se faisait remarquer parmi les marchands par son ardeur aux voyages ; il partait chaque année sur son navire et passait beaucoup de temps dans l’île de Terre-Neuve avec son dogue anglais et sa foène, fouillant « les havres, les criques et les abris, ainsi que la terre, nous dit-il, beaucoup plus qu’aucun autre Anglais ne l’a jamais fait. » Il visita, en outre, le Nord-Est ainsi que le Sud-Est de Terre-Neuve, y recueillant des renseignements auprès des pêcheurs français et portugais.
Les connaissances ainsi acquises le convainquirent de l’importance, pour les Anglais, de coloniser Terre-Neuve afin de pouvoir préparer le sel sur place et engager des hommes pour des périodes beaucoup plus longues. L’occupation du détroit de Belle-Isle (et la fortification de Belle-Isle même) et de Saint-Jean établirait la prédominance des Anglais dans une région fréquentée par les pêcheurs espagnols, portugais et français. Il exprima ses vues dans deux lettres adressées, en 1577–1578, à un courtisan inconnu (peut-être Edward Dyer) et à Hakluyt. La lettre à Hakluyt parlait longuement des ressources naturelles de l’île : bois, minéraux (fer et cuivre), fruits, fleurs, animaux, oiseaux et poissons. Ses observations étaient pénétrantes et ses vues sur le climat, très justes. Il estimait le climat de l’île plutôt propice à la colonisation, car il avait planté avec succès des graines de fruits, de céréales et de légumes apportées d’Angleterre. À son avis, la colonisation serait avantageuse pour l’économie de son pays par ce qu’elle permettrait : exploitation d’une denrée (le poisson) qui ne se soldait pas par des exportations coûteuses et qui fournirait à la métropole un produit alimentaire à bon marché ; acquisition d’une source indépendante d’approvisionnements pour la marine ; perspective d’établissement d’une exploitation minière et d’une fonderie ; entraînement des marins ; absorption de l’excédent de la population. Il croyait, en outre, à la possibilité de convertir les Indiens.
Parkhurst fut aussi le premier Anglais à signaler l’existence du golfe du Saint-Laurent et du fleuve qui y aboutissait. Il s’offrit à explorer cette région ou la partie du continent s’étendant au sud de l’île du Cap-Breton (car il estimait que l’on pouvait établir un marais salant au 43e degré). Bien qu’il ait peut-être influé sur le projet conçu en 1577 par Sir Humphrey Gilbert de s’emparer de la flotte de pêche espagnole, Parkhurst ne participa pas à l’infructueux voyage de colonisation entrepris par Sir Humphrey en 1578 ; il souscrivit, cependant (mais sans y participer, probablement), à celui que Gilbert entreprit en 1583 à destination de Terre-Neuve et de la Nouvelle-Angleterre. Plus tard, après la disparition de Gilbert, il composa pour l’ouvrage de Sir George Peckham, A true report (1583), des vers élogieux dans lesquels il exprimait l’espoir de voir « établir, par des hommes de courage et de bonne volonté, une autre Angleterre en Amérique ») (« Some good and well disposed men, An other England there would plant »). Après cette expression de ses vues sur la colonisation anglaise dans la partie nord-est de l’Amérique du Nord, l’histoire ne parle plus de lui. Commentateur intelligent et bien renseigné, il fut, avec Edward Hayes, le plus important des premiers propagandistes de Terre-Neuve.
PRO, Acts of P.C., new ser., 1571–75 ; CSP, For., 1564–65.— Hakluyt, Original writings (Taylor), I ; Principal navigations (1903–05), VIII, X.— Voyages of Gilbert (Quinn).
David, B. Quinn, « PARKHURST, ANTHONY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/parkhurst_anthony_1F.html.
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Auteur de l'article: | David, B. Quinn |
Titre de l'article: | PARKHURST, ANTHONY |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |