PACK, ROBERT, marchand, homme politique et juge de paix, né en 1786 dans le Dorset, Angleterre, probablement le fils de Stephen Olive Pack et d’Olivia Horwood ; en 1809, il épousa à Carbonear, Terre-Neuve, Anna Ash, et ils eurent trois filles et deux fils ; décédé en 1860 au même endroit.
L’ascendance de Robert Pack, son occupation et l’époque à laquelle il vécut à Terre-Neuve sont autant d’éléments importants qui permettent de comprendre sa carrière. Les Pack étaient originaires de Christchurch, dans le Hampshire, et ils étaient des non-conformistes de vieille date. Durant plus de 40 ans, le père de Robert fut mêlé au commerce de Terre-Neuve en tant que capitaine de navires, la plupart du temps au service de l’importante firme de George et de James Kemp, établie à Poole, en Angleterre, et à Carbonear. Robert vint à Terre-Neuve en 1801 à titre de commis débutant dans l’entreprise des Kemp. S’il avait appartenu à la génération de son père, il aurait probablement été capitaine lui aussi, ou tout au plus agent saisonnier pour une des grandes firmes du sud-ouest de l’Angleterre. En fait, Pack allait devenir un des premiers marchands résidants qui, après avoir appris le métier dans une compagnie plus ancienne, établirent leurs propres pêcheries à Terre-Neuve. Durant les premières années de sa carrière, Pack retourna souvent en Angleterre, mais après 1815, il quitta rarement l’île.
À cet égard, la carrière de Pack reflétait les changements survenus à Terre-Neuve. L’île était devenue une colonie et non plus seulement un endroit où l’on venait pour la pêche saisonnière qui, à partir de 1800, avait décliné rapidement. Les pêcheurs ainsi que les marchands du sud-ouest de l’Angleterre avaient dû faire un choix : vivre à Terre-Neuve afin de poursuivre leurs activités, ou rester en Angleterre et abandonner le commerce dans l’île.
Jusqu’à la fin de sa carrière, toutefois, Pack compta largement sur les marchands et les banquiers de Grande-Bretagne pour assurer sa subsistance. En 1811, il quitta la firme des Kemp et s’établit à son compte à Bay Roberts où il s’associa avec George Blackler, de Dartmouth, dans le Devon. Leur entreprise modeste n’était pas en mesure de se développer beaucoup sans l’apport de capitaux extérieurs. En 1813, Pack mit un terme à l’association et se joignit cette fois à William Fryer, de Wimborne, dans le Dorset. Fryer était un des associés d’une importante banque de Wimborne, la Fryer, Andrews and Company, qui contribuait largement, depuis les années 1770, à financer les marchands, les propriétaires de navires et les planters du Dorset intéressés à Terre-Neuve. En s’associant avec Fryer, Pack avait trouvé une bonne source de capitaux, mais il devait affronter un autre problème. Bay Roberts était à cette époque une localité prospère, mais petite et peu propice au développement d’une entreprise. En 1817, John Gosse, de Ringwood, dans le Hampshire, devint membre de l’association ; il possédait déjà un commerce florissant à Carbonear, établissement qui était le second en importance à Terre-Neuve et constituait, en raison de sa participation très active à la pêche au large du Labrador et à la chasse au phoque, un endroit se prêtant beaucoup mieux à l’expansion d’une compagnie.
Le nouvel associé, plus âgé que Pack, était venu à Terre-Neuve en 1789 à titre de commis au service des Kemp et il était devenu leur représentant par la suite. Tout comme Pack, il était un non-conformiste et il avait quitté les Kemp en 1803 pour créer sa propre firme, la Chancey, Gosse, and Ledguard. Gosse avait eu une entreprise prospère à Carbonear, mais en 1816, à l’âge de 49 ans, il avait senti le besoin d’établir un bureau principal à Poole et de se retirer à cet endroit. Avec Fryer et Pack, Gosse fonda une nouvelle firme, la Fryer, Gosse, and Pack, en Angleterre, et la Pack, Gosse, and Fryer, à Terre-Neuve. Dès le début, ce fut une firme importante, avec des filiales à Bay Roberts, à Brigus et à Carbonear, et elle se lança rapidement dans la pêche au large du Labrador et dans la chasse au phoque.
Cette organisation permit à Gosse de diriger le siège de la firme à Poole, tandis que Fryer était le commanditaire et que Pack gérait la filiale terre-neuvienne. La compagnie se développa encore davantage après 1820, lorsque les Kemp liquidèrent leur entreprise de Carbonear. En 1825, la Fryer, Gosse and Pack utilisait 12 navires pour le commerce entre l’Europe et Terre-Neuve ; au cours des années 1820–1858, elle enregistra pas moins de 90 navires destinés au cabotage et à la pêche à l’île. La firme devint de loin la plus importante de Carbonear, et le resta jusqu’aux années 1850 ; elle compta aussi durant un certain temps parmi les plus grands propriétaires de navires de l’ouest de l’Angleterre. Son succès fut d’autant plus remarquable qu’il se produisit dans les années 1820, à un moment où la plupart des gens qui faisaient le commerce entre le sud-ouest de l’Angleterre et Terre-Neuve restreignaient leurs dépenses. Il semble que cette réussite ne procura pas une grande richesse aux associés, parce que les temps n’étaient pas favorables et que la pêche elle-même n’était pas particulièrement profitable aux marchands établis dans les petits villages de pêcheurs. Pack paraît avoir été, du début à la fin, l’associé en second. Lorsque ses compagnons moururent, leurs fils héritèrent de l’ensemble de leurs actions, mais les deux fils de Pack ne furent pas en mesure de lui succéder au sein de la firme. Pack ne voulut pas, ou ne put pas, se retirer en Angleterre lorsque ce fut à son tour de le faire. Il dirigea l’entreprise à Terre-Neuve jusqu’au moment où la compagnie fut liquidée en 1858 ; âgé de 72 ans à cette date, il demeura à Carbonear jusqu’à sa mort.
Le fait que Pack, au contraire de nombreux autres marchands, ne se retira pas en Angleterre à l’âge mûr transforma profondément son existence. En sa qualité de marchand résidant, il s’intéressa beaucoup plus qu’un grand nombre de ses contemporains au développement politique, social et économique de Terre-Neuve. Ainsi, il fut l’un des premiers à soutenir le projet d’un gouvernement représentatif et il prit l’initiative de susciter des appuis à cette cause parmi les gens de la baie de la Conception. À partir de 1832, presque tous les marchands protestants se joignirent au parti conservateur, mais Pack se distingua de ses collègues, aux élections de 1832 et de 1836, en se portant candidat libéral. Pourquoi ses vues politiques étaient-elles différentes de la plupart des marchands ? L’explication tient au fait que Pack était un résident, un non-conformiste et un marchand. Dans le Dorset, ses parents et ses amis, nouvellement affranchis par l’abrogation en 1828 du Test Act et du Corporation Act, menaient une lutte acharnée pour le pouvoir contre les vieilles oligarchies conservatrices. C’étaient souvent des whigs radicaux. Un grand nombre de marchands terre-neuviens étaient également des non-conformistes et, jusqu’en 1832, ils appuyèrent le projet d’un gouvernement représentatif à Terre-Neuve avec le même empressement qu’ils avaient montré pour soutenir la réforme parlementaire en Angleterre. Ni l’appui de Pack au gouvernement représentatif, ni sa participation aux élections de 1832 ne sont donc difficiles à comprendre. Il est curieux, toutefois, que Yack se soit identifié au parti libéral. Aux deux élections, il fut choisi par un groupe de citoyens de la baie de la Conception qui étaient, dans une large mesure, des catholiques. Il est probable que, lors de la première campagne, Pack fut considéré comme le principal défenseur du gouvernement responsable à la baie de la Conception et fut prié de se porter candidat, en même temps que trois collègues catholiques, par des partisans libéraux. Il remporta les suffrages, aux dépens de tous les autres candidats protestants et conservateurs. En se présentant comme candidat du parti libéral, Pack assura son élection, mais il se mit à dos ses collègues, les marchands, en majorité des protestants, et un nombre croissant d’électeurs de cette religion à la baie de la Conception.
De 1832 à 1836, l’activité politique à Terre-Neuve fut le fait exclusif du parti conservateur protestant et du parti libéral catholique. Dès les élections de 1832, le parti libéral avait usé de l’intimidation et de la violence à l’endroit de prétendus voteurs conservateurs. En tant que marchand, Pack était en faveur de l’ordre public, mais comme l’intimidation des électeurs aidait sa cause, il s’abstint de protester. Aux élections de 1836, le recours à l’intimidation fut encore plus fréquent et, à Carbonear, une demi-douzaine d’hommes furent mis en accusation. À sa grande horreur, Pack était du nombre. Il fut acquitté, mais l’incident marqua la fin de sa carrière politique. Les élections de 1836 furent déclarées nulles et on décida de tenir un scrutin l’année suivante ; Pack fut ignoré par le parti libéral catholique qui présenta et fit élire une liste complète de candidats catholiques à la baie de la Conception. Avec ses tendances radicales et son identification presque complète aux ouvriers irlandais et à l’Église catholique, le parti libéral ne convenait pas à Pack ; en 1837, les électeurs libéraux montrèrent qu’il n’était pas non plus l’homme qui leur convenait. Dès lors, Pack cessa, ou presque, de prendre une part active aux affaires politiques. Il ne se joignit pas au parti conservateur comme un grand nombre de marchands ; il abandonna tout simplement la politique.
Robert Pack continua de jouer un rôle de premier plan dans les affaires courantes de la baie de la Conception et d’être un défenseur du « progrès ». Il consacra beaucoup de temps et d’énergie à créer une ferme modèle et il fut membre fondateur de la Carbonear Commercial Society, membre du conseil d’administration de la Newfoundland Savings Bank et juge de paix durant de nombreuses années. Il eut une existence longue et remplie d’un dur labeur.
La plupart des renseignements à la base de cette biographie sont tirés du Pack narre file et d’autres copies de documents ayant trait au commerce et aux pêches de Terre-Neuve, et que l’on peut consulter aux MHGA.
Dorset Record Office (Dorchester, Angl.), D400/1–2 ; P34/OV9 (Apprenticeship indentures) ; P227/CW1–2, CW4 (Churchwardens, rates and accounts, 1751–1818), rates, vestry minutes ; P227/OV15 (Apprenticeship indentures) ; P227/RE4 (Reg. of baptisms, marriages, and burials, 1740–90).— Hunt, Roope & Co. (Londres), Robert Newman & Co., journals, 1801–1806 ; Newfoundland letter-book, 1801 (mfm aux PANL).— MHGA, Parish records of the county of Hampshire, Angl., reg. of baptisms, marriages, and burials for dissenting churches at Ringwood and Christchurch ; Plantation books, Conception Bay, 1804–1805 (copies).— PANL, GN 2/1 ; GN 5/1/B/1, Harbour Grace, 1812–1816 ; GN 5/4/B/1, Harbour Grace, 1790–1791, 1793–1803 ; P1/5 ; P7/A/6, particulièrement boîte 30 (Slade & Co., Catalina, letter-book, 1818–1821).— PRO, BT 107 ; CO 194/43–46 ; 194/49 ; 194/64 ; 194/70 ; 194/80 ; 199/18, Conception Bay plantation book, 1807, extracts (copies aux MHGA) ; CUST 65/33.— St Paul’s Anglican Church (Harbour Grace, T.-N.), Conception Bay mission, reg. of baptisms, marriages, and burials (copies aux PANL).— T.-N., House of Assembly, Journal, 1832–1836 ; 1857.— Dorset County Chronicle (Dorchester), 1830–1861.— Lloyd’s List (Londres), 1801–1860.— Newfoundlander, 1827–1860.— Newfoundland Express (St John’s), 1851–1860.— Newfoundland Mercantile Journal, 1816–1827.— Public Ledger, 1827–1860.— Royal Gazette (Charlottetown), 1833.— Royal Gazette and Newfoundland Advertiser, 1807–1860.— Times and General Commercial Gazette (St John’s), 1832–1860.— Lloyd’s register of shipping (Londres), 1801–1860.— Gunn, Political hist. of Nfld.
Keith Matthews, « PACK, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/pack_robert_8F.html.
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Auteur de l'article: | Keith Matthews |
Titre de l'article: | PACK, ROBERT |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |